L'Oise Agricole 04 février 2021 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Le PNR Oise-Pays de France reparti pour 15 ans !

Créé en 2004 sur 59 communes de l’Oise et du Val-d’Oise, le parc naturel régional (PNR) Oise-Pays de France vient de voir son classement officiellement renouvelé par le Premier ministre après la procédure de révision de sa charte.

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Le parc naturel Oise-Pays de France comporte des espaces naturels et agricoles ainsi que du patrimoine bâti qui méritent d’être protégés.
Le parc naturel Oise-Pays de France comporte des espaces naturels et agricoles ainsi que du patrimoine bâti qui méritent d’être protégés. - © C. BADET/PNRopf

Le nouvel ensemble compte désormais 70 communes. Trois communes de l’Oise ont quitté la structure et des communes du Val-d’Oise ont rejoint le parc. À l’issue de cette procédure administrative lourde, le comité syndical, qui regroupe des élus des communes membres, des Conseils régionaux Hauts-de-France et Île-de-France, des Conseils départementaux de l’Oise et du Val-d’Oise, élira son nouveau bureau et son président, sans doute en février-mars. En effet, suite aux élections municipales et à l’élargissement du parc, il faudra modifier les statuts du syndicat mixte, clôturant ainsi totalement le renouvellement.

Sylvie Capron, directrice du parc, le rappelle : «le parc a été créé à l’origine par des élus qui s’inquiétaient du développement de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle et de l’urbanisation continue du territoire. Dès 1990, une association pour l’élaboration de la charte s’était constituée, avec beaucoup d’élus de l’Oise.»

Avec ses forêts d’Halatte, Chantilly et Ermenonville, ses villages typiques et son caractère très agricole, le territoire craignait de se faire grignoter par la banlieue parisienne. C’est finalement en 2004, sous l’impulsion des deux Régions (alors Picardie et Île-de-France) et des deux Conseils départementaux que le PNR Oise-Pays de France a vu le jour. La charte affichait clairement comme objectifs le maintien des liaisons inter-forêts, des corridors écologiques, la préservation des espaces naturels et agricoles et une urbanisation maîtrisée.

Un budget et des actions

Aujourd’hui, le budget du parc s’établit à 1,2 million d’euros pour le fonctionnement et 1,5 million pour le programme d’actions. Les communes paient une cotisation en fonction de leur nombre d’habitants: 2,66 €/habitant et par an, les Régions et les Départements apportent des subventions ainsi que l’État à hauteur de 100.000 €/an. D’autres financements peuvent être sollicités en fonction des actions : Europe, programme Leader, Agences de l’Eau, Ademe... La charte prévoit des objectifs qui sont déclinés dans des actions concrètes autour de la biodiversité, de l’écologie, la maîtrise de l’étalement urbain, l’identité paysagère, le patrimoine, la gestion des ressources naturelles, mais aussi l’accompagnement du développement économique et la sensibilisation du public à diverses problématiques : gestion des déchets, éco-construction, engagement citoyen...

Le parc vise à protéger les terres agricoles et, pour cela, la charte s’impose aux PLU (plan local d’urbanisme) et aux Scot (schéma de cohésion territoriale) ; le parc est une personne publique associée à l’élaboration des documents d’urbanisme. Des recommandations sur les matériaux de construction et le style de construction sont adressées aux futurs habitants qui veulent construire et les lotisseurs privés sont également sensibilisés sur ces points. Le parc a d’ailleurs créé un zonage avec ses surfaces, agricoles, urbaines, forestières et ses espaces naturels.

«À Courteuil, nous avons soutenu dès le départ la création du parc car, face à la pression foncière, c’est un excellent outil pour préserver notre cadre de vie, nos espaces naturels et agricoles, témoigne François Dumoulin, le maire. Le PNR nous appuie dans l’élaboration de nos documents d’urbanisme, nous alloue des subventions pour des projets de restauration du patrimoine ou initie des animations locales sur des thématiques comme la pollution intérieure, la rénovation énergétique ou la gestion des déchets.»

L’agriculture promue

«Le soutien à l’activité agricole se traduit par une mise en avant des circuits courts et la diversification des exploitations agricoles. Nous avons créé une marque locale «Producteurs Oise-Pays de France» pour les producteurs locaux qui ont une vitrine sur notre site internet et nos documents de communication. Avec les fonds du programme Leader, nous appuyons les projets privés de diversification ou de transformation», détaille la directrice. Le parc a ainsi aidé un maraîcher à s’installer à Villers-Saint-Frambourg et aimerait donner un coup de pouce à d’autres projets. Amap et marchés de produits locaux rencontrent un vif succès. «Il y a une forte demande autour de l’alimentation de qualité et locale et, pour cela, nous avons sollicité les Safer Hauts-de-France et Île-de-France afin qu’elles identifient sur notre territoire des terres en déprise sur lesquelles on pourrait installer des maraîchers».

Autre sujet sur lequel le parc travaille, avec la Chambre d’agriculture de l’Oise cette fois, la trame verte et les corridors écologiques. La Chambre a mené une étude pour voir quelle infrastructure installer sur ces corridors. «Au final, l’enquête a révélé plusieurs axes sur lesquels les agriculteurs étaient prêts à s’engager si des débouchés leur étaient assurés : haies, taillis courte rotation et très courte rotation, miscanthus, mais aussi bandes enherbées», développe Nelly Zaghdoudi, conseillère à la Chambre d’agriculture de l’Oise. «Nous souhaitons travailler sur l’approvisionnement d’une chaufferie au bois et le miscanthus ou les taillis sont un débouché économique possible pour des exploitations agricoles qui se montrent aussi intéressées par le photovoltaïque sur les bâtiments agricoles», poursuit la directrice du parc. Par ailleurs, une filière foin locale, produit sur ces corridors et destiné à fournir les nombreux centres équestres ou d’entraînement de chevaux de course du secteur de Chantilly, est en cours de réflexion.

La nouvelle charte prend d’ailleurs en compte dans ses objectifs la lutte contre le réchauffement climatique et la production d’énergies renouvelables. Le PNR Oise-Pays de France travaille également les agriculteurs pour l’intégration paysagère des bâtiments. En effet, les activités agricoles ont plus de facilité à se développer à l’extérieur des villages et, comme de nombreux sites sont classés au nom de la loi de 1930 sur le territoire, les contraintes pèsent sur les constructions ; le PNR peut subventionner une partie du surcoût entraîné par l’obligation d’utiliser des bardages bois par exemple. Idem pour mieux intégrer dans le paysage les unités de méthanisation. Par contre, pas d’éoliennes sur le territoire du parc, les élus n’y sont pas favorables !

Bien vivre ensemble

Le parc déploie de nombreuses actions de communication auprès de la population. «Ce sont des rurbains qui veulent s’éloigner de la banlieue parisienne et vivre à la campagne, mais ils ont souvent un rapport à la nature idéalisé», explique Emmanuelle Pillaert, chargée de communication du PNR. Il faut donc rappeler que le territoire se partage entre plusieurs usagers : forestiers, chasseurs, agriculteurs et habitants. De nombreuses animations sont proposées pour faire découvrir les activités des uns et des autres au travers des circuits, portes ouvertes, découvertes nature, chantiers citoyens, voies de circulation douces... Tout est fait pour que le PNR Oise-Pays de France reste un espace préservé à proximité de Paris où il fait bon vivre.

Le parc accompagne les démarches innovantes des agriculteurs.
Le parc accompagne les démarches innovantes des agriculteurs. - © PNR/PeriG

Le PNR accompagne le progrès agricole»

Président de la commision agricole du PNR et agriculteur à Boran-sur-Oise, Philibert du Moustier se souvient comment le parc a accompagné la création d’un GIEE (groupement d’intérêt économique et environnemental) autour du captage d’eau Boran-Précy : «Sous l’impulsion du parc, nous nous sommes posé la quesion de la ressource en eau. Un groupe d’agriculteurs s’est alors créé avec l’aide de PériG et d’Agora et nous avons commencé à travailler sur le sujet.» Rencontres avec des spécialistes, visites et essais en plaine ont permis au groupe d’avancer. «Aujourd’hui, nous effectuons des relevés de bougies poreuses pour mesurer le lessivage de l’azote, nous implantons des mélanges en couverts, certains sont passés au semis direct et beaucoup sèment des plantes compagnes pour attirer les insectes ravageurs, ce qui a permis de diviser par trois la pression insecticide. Tous ces progrès, nous les devons à notre travail en groupe facilité par le PNR», se félicite Philibert du Moustier.

Qu’est-ce un parc naturel régional ?

Un parc naturel régional (PNR) est un territoire dont les paysages, les milieux naturels et le patrimoine culturel sont de grande qualité, mais dont l’équilibre est fragile. Les PNR régionaux s’organisent autour d’un projet concerté de développement durable, fondé sur la protection et la valorisation de leurs patrimoines culturels et naturels. Contrairement aux parcs nationaux et réserves naturelles qui sont des outils de protection des espaces naturels, les PNR sont des territoires habités. Un PNR est créé à l’initiative des Régions, avec l’accord des Départements et des élus locaux. L’action des parcs s’appuie sur leur charte qui est le projet de territoire engageant pour 15 ans l’État et les collectivités.

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