L'Oise Agricole 03 juillet 2025 a 07h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Le projet agricole départemental prend forme autour de 11 thématiques

Suite aux manifestations agricoles de 2024, la préfecture de l'Oise, le Conseil départemental et la Chambre d'agriculture ont pensé qu'au delà des réponses immédiates et concrètes à apporter aux agriculteurs, il convenait de mener une réflexion plus large et concertée sur l'avenir de la ferme Oise.

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Pour cela, un projet départemental agricole, avec des plans d'actions, doit voir le jour pour la fin de cette année. Pour parvenir à cette échéance rapide, des groupes de travail regroupant organisations professionnelles agricoles, administrations, collectivités et divers organismes ont été constitués avec chacun un chef de file .
Celui-ci organise le travail du groupe, son périmètre et la fréquence des réunions, pour un rendu final prévu en fin d'année. 

Thématiques
Au préalable, tous les participants s'étaient mis d'accord autour de 11 thématiques qui brossent tous les aspects de ce vaste sujet qu'est l'avenir de l'agriculture de l'Oise (voir tableau ci-dessous). 
Jean-Marie Caillaud, préfet de l'Oise, le rappelle en introduction de la réunion : il fonde de grands espoirs sur ce projet agricole départemental, dont il espère qu'il «facilitera ensuite la gestion des dossiers agricoles, dans une ambiance apaisée».
Même enthousiasme pour Nadège Lefèvre, présidente du Conseil départemental, qui mise sur la thématique circuits courts pour améliorer la qualité de la restauration servie dans les cantines des collèges et dans les établissements recevant des personnes âgées. Le volet tourisme-accueil à la ferme devrait aussi renforcer la politique départementale «sauvons la ruralité» et la charte de bon voisinage. «Le notariat, sur lequel nous comptons pour intégrer cette charte dans les actes d'achat de résidences dans l'Oise, devrait intégrer le projet agricole départemental.»
Enfin, Luc Smessaert, président de la Chambre d'agriculture (CA 60), affirme que l'agriculture de l'Oise est à un moment charnière pour répondre aux attentes de la société et aux besoins des agriculteurs, mais pas seulement car les enjeux sont nombreux autour de l'innovation, de la recherche pour une agriculture structurante et stratégique dans l'Oise : «l'agriculture possède les éléments de solutions.» 

Des plans d'actions attendus
À tour de rôle, les chefs de file prennent la parole pour faire le point de leurs travaux. Sur l'installation-transmission, Fabrice Riquier, directeur de la CA 60, expose quelques données régionales : 371 installations en 5 ans pour 500 départs en retraite, soit un taux de renouvellement de 61 % en région alors qu'il est de 70 % au niveau national. Le manque d'anticipation des cédants est souvent un frein à l'installation et il conviendrait de mener des actions à leur destination. La pression foncière et les aléas climatiques/économiques sont également des freins alors que les aides et le réseau d'accompagnement dans la démarche sont des facteurs favorisants.
En ce qui concerne le foncier, la volonté est d'avoir une approche pragmatique à partir de solutions existantes. 3.000 ha de SAU ont été perdus en 10 ans, les terres agricoles subissent un changement de destination. La perte des sols se fait aussi en terme qualitatif avec l'érosion, la baisse du taux de matière organique. La hausse constante des prix d'achat intérroge sur le modèle agricole d'un point de vue économique.
Côté gestion de l'eau, en lien avec une vaste étude menée par le Conseil départemental sur la ressource en eau, les aspects qualitatif et quantitatif seront pris en compte : gestion raisonnée et partagée de l'eau, préservation de la ressource... Le secteur Oise Aronde où une zone de répartition des eaux a été instaurée fait l'objet d'un projet de territoire pour la gestion de l'eau qui peut servir d'expérimentateur. La profession agricole s'est structurée dans l'Association des irrigants de l'Oise. Les discussions du groupe tournent autour de comment consommer moins et mieux tout en explorant des pistes comme les ressources alternatives, le stockage, grâce à l'appui d'instituts techniques.
La réflexion sur les filières courtes vise à identifier et rendre visible l'offre locale, à mettre en place des groupements de commande, des méthodes de livraison, à relancer la consommation bio et locale via une communication active et à développer de nouveaux circuits. Les achats locaux par les collèges ont augmenté grâce à des rencontres entre producteurs et chefs de cantines, mais il faudrait faire évoluer la législation sur les marchés publics.
Le paiement pour services environnementaux rémunère les agriculteurs pour des actions qu'ils mènent pour le collectif, au delà de la production : préservation de la ressource en eau, entretien du paysage... Des aides existent déjà (MAEc) mais dispersées et la généralisation de ces paiements doit inciter plus d'agriculteurs à s'engager pour la préservation de l'eau et de la biodiversité. Se pose déjà le problème de leur financement.
En ce qui concerne la formation, les organismes de formation, les prescripteurs et les professionnels planchent sur un diagnostic qui sera disponible fin juillet.
Les matériaux biosourcés sont à la croisée de la ruralité et du péri-ubain, souvent utilisés dans la restauration du bâti ancien. Ils présentent aussi un intérêt en matière d'adaptation au changement climatique et doivent être mieux connus de leurs potentiels utilisateurs ou prescripteurs. Il faut également former à leur utilisation dans le bâtiment. Leur coût et leur disponibilité sont un frein à leur utilisation, il faudra sensibiliser et simplifier la réglementation.
Les énergies sont celles issues  de l'éolien, du photovoltaïque et de la méthanisation. Elles sont parfois en concurrence avec la production agricole et pas toujours acceptées par la société. Une réflexion doit être menée sur le partage de la valeur et la viabilité de ces filières.
L'agritourisme porte un enjeu de diversification des revenus agricoles mais aussi de conservation du patrimoine rural et de lien ville-campagne. Il faut créer des hébergements modulables, diversifier l'offre et la rendre plus accessible.
Quant à l'élevage qui ne cesse de décroître dans l'Oise, personne ne nie son intérêt, mais il se heurte à son manque d'attractivité auprès des jeunes, à sa pénibilité et au mode de vie qu'il induit. Pourtant, la situation s'est améliorée en termes de prix.
Enfin, les filières amont et aval veulent travailler autour de la logistique des produits : silos de stockage, transport routier et accès à l'eau.
Tous les groupes de travail se sont ou vont se réunir cet été et devraient être en mesure de proposer des plans d'actions pour la fin de l'année, ce qui satisfait Frédéric Bovet, secrétaire général de la préfecture, à l'heure de la clôture de cette première réunion du Copil (comité de pilotage) du PAD. Des fiches actions pour la fin 2025, des crédits à mobiliser pour financer celles qui nécessiteront des investissements et un pouvoir de dérogation du préfet qui devrait être augmenté, voici qui met sur de bons rails le projet agricole départemental. Le travail continue et rendez-vous est donné pour la fin de l'année.

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