Les agriculteurs très attendus pour participer à la transition
Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) organisait le 7 octobre son 22e colloque annuel sous l'intitulé : «Avec la relance verte, redonnons du sens au progrès». Si les collectivités locales sont en première ligne pour transformer le mix énergétique des territoires et de leurs habitants, l'agriculture peut contribuer à cette nécessaire transition écologique.
De l'aveu de David Livingston, représentant John Kerry, envoyé spécial sur le climat du président américain Joe Biden, «la France s'affirme comme le leader mondial de la transition écologique et climatique». Mais pour atteindre la neutralité carbone en 2050, elle devra mobiliser tous les secteurs d'activité, notamment le transport qui reste «le secteur le plus émetteur» et, bien entendu, l'agriculture «dont il faut exploiter les potentialités vertueuses», a dit Laurent Wolffsheim, directeur Green Gases & Growth chez TotalEnergies. «Banco» a, en substance, répondu Olivier Dauger, en charge des dossiers Climat et Énergies à la FNSEA. Il a souligné les efforts réalisés par la profession, indiquant que «cette transition, c'est le sens de l'histoire» et qu'elle «doit permettre aux agriculteurs de créer de la valeur ajoutée et des emplois non délocalisables», grâce à la méthanisation en particulier. Cependant cette production pourrait être remise en cause par un arrêté prévoyant l'obligation d'éloigner les méthaniseurs de 200 mètres de tout bâtiment ou habitation. «Si on éloigne les méthaniseurs de leurs gisements, on signe la fin de la production de biogaz agricole dans nos territoires», s'est ému Olivier Dauger.
En effet, le mitage du territoire rendrait difficile l'implantation d'unités de méthanisation et pourrait donner un coup d'arrêt à cette production «qui nous permet de ne pas dépendre des énergies étrangères», souvent fossiles. Il a jugé que «cette décision résulte d'une mauvaise compréhension d'une filière au carrefour de l'agriculture, des énergies renouvelables et de l'économie circulaire». De même, le responsable de la FNSEA a-t-il demandé des garanties sur la durée des tarifs et de la réglementation en matière d'agrivoltaïsme, rappelant l'accord de Paris suite à la Cop 21 et les dernières lois qui préservent les terres agricoles contre l'artificialisation.
Brutalité et mauvaise foi
Christophe Congues, président de la coopérative Euralis, a engagé ses 14 000 agriculteurs dans la démarche photovoltaïque, recensant toutes les toitures de leur exploitation. «Quand j'aurais occupé tous les toits, je me poserai la question de savoir si j'installe les panneaux photovoltaïques au sol», a-t-il affirmé. Il a d'ailleurs proposé un "deal" aux opérateurs : enlever les toits des bâtiments agricoles. 60 % d'entre eux sont composés d'amiante, ce qui à terme pollue les sols, l'air et les nappes phréatiques. «En contrepartie, les opérateurs installent des panneaux solaires.»
Laurent Wolffsheim (TotalEnergies) et Catherine Macgregor, directrice générale d'Engie, n'ont d'ailleurs pas caché que «l'accès au foncier est un sujet clé». Bien que les opérateurs privilégient les friches et sites post-industriels, «il faudra accepter de libérer du foncier», ont-ils dit. De même, «la qualité des digestats que les agriculteurs remettent sur les sols», a ajouté Arnaud Leroy, président de l'Agence de la transition écologique (Ademe), s'avère un sujet important au titre de l'acceptabilité sociale des projets de méthanisation. «Mais qu'on ne se serve pas d'arguments fallacieux pour enrayer tous les projets d'énergie renouvelable», a-t-il soutenu, résumant le sentiment général des intervenants agacés de la «brutalité et de la mauvaise foi des Anti-tout», selon l'expression de Franck Leroy, premier vice-président de la région Grand-Est.
À l'image des agriculteurs victimes de l'agribashing, les producteurs d'énergies renouvelables s'exaspèrent du manque d'éducation, de culture et d'ouverture d'esprit de certains de leurs "interlocuteurs". Si les élus locaux peuvent être une porte d'entrée pour rendre ces projets acceptables, faire émerger une «culture partagée des énergies renouvelables nécessitera de la volonté, de la responsabilité et de la résilience. Autrement dit, du bon sens», a conclu la députée Agnès Firmin Le Bodo (LR, Seine-Maritime).
Émissions de méthane : 24 signataires de plus aux côtés de l'UE
Le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans a annoncé le 11 octobre que 24 nouveaux pays avaient rejoint l'Union européenne et les États-Unis dans leur volonté de réduire les émissions mondiales de méthane de - 30 % d'ici 2030. Parmi ces pays, signalons la présence de la France, de l'Allemagne, du Canada, d'Israël, du Japon, de la Suède ainsi que des pays africains et d'Amérique du Sud. Cette stratégie de réduction des émissions de méthane est «la plus efficace pour réduire le réchauffement planétaire à court terme et maintenir l'objectif de limitation du réchauffement à 1,5 degré Celsius à notre portée», estime la Commission. «Grâce à ces nouveaux soutiens, neuf des vingt principaux émetteurs de méthane au monde participent désormais à cette initiative, ce qui représente environ 30 % des émissions mondiales de méthane et 60 % de l'économie mondiale.» Ni la Chine, ni la Russie ne sont encore associées à cette démarche.
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