L'Oise Agricole 20 janvier 2022 a 09h00 | Par A.G.

Les ambitions françaises pour la présidence du Conseil Agriculture

Lors de la première réunion des ministres de l'Agriculture de l'UE sous présidence française qui s'est tenue le 17 janvier à Bruxelles, Julien Denormandie a précisé ses priorités de travail pour les prochains mois : la réciprocité des normes (clauses miroir, déforestation, limites maximales de résidus...) et l'agriculture bas-carbone. Sur ces deux points, Paris souhaite faire adopter des orientations politiques par les ministres de l'Agriculture.

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«En matière d'agriculture aussi, nous agissons en Européens, et nous avançons sur des combats essentiels : réciprocité dans les échanges, carbone, harmonisation des plans stratégiques nationaux de la Pac», a déclaré le 17 janvier,
le ministre français de l'Agriculture, Julien Denormandie.
«En matière d'agriculture aussi, nous agissons en Européens, et nous avançons sur des combats essentiels : réciprocité dans les échanges, carbone, harmonisation des plans stratégiques nationaux de la Pac», a déclaré le 17 janvier, le ministre français de l'Agriculture, Julien Denormandie. - © Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation

Julien Denormandie qui présidait le 17 janvier à Bruxelles sa première réunion des ministres de l'Agriculture de l'UE a, une nouvelle fois, rappelé les deux priorités de Paris pour les six premiers mois de l'année : obtenir des engagements sur la réciprocité des normes de production agricole et faire avancer les réflexions sur l'agriculture bas-carbone.

Le ministre de l'Agriculture a apporté des précisions sur ses ambitions en matière de réciprocité. Il devrait présenter un document d'orientation politique au mois de février en vue de l'adoption de conclusions probablement au mois de mars. La Commission européenne doit finaliser un rapport sur la faisabilité technique et juridique de ces règles de réciprocité a pour le mois de juin, mais Paris espère que les premières conclusions de ce travail pourront déjà être présentées en mars. Le ministre français souhaite également «donner une impulsion politique en vue de réviser la fixation des limites maximales de résidus pour les substances interdites dans l'UE». Bruxelles proposera fin mars son projet de révision de la législation européenne sur l'utilisation durable des pesticides mais ce texte législatif ne concerne pas les LMR. Julien Denormandie estime néanmoins qu'on «ne peut pas revoir l'un sans l'autre». Et la présidence française entend aussi faire adopter des conclusions sur le Codex Alimentarius pour demander «une plus grande cohérence des décisions prise dans cette instance» qui fixe les normes sanitaires et phytosanitaires internationales. Toujours autour de cette question de la réciprocité, la France devrait aussi finaliser un avis du Conseil sur la proposition législative de la Commission européenne visant à réduire le risque de déforestation lié à l'importation dans l'UE boeuf, soja, huile de palme, bois, café et cacao. Les ministres de l'Agriculture donneront leur avis sur ces propositions même si ce sont leurs collègues à l'Environnement qui sont en charge du dossier.

Bas-carbone : des interrogations sur la mise en oeuvre concrète

Du côté de l'agriculture bas-carbone, la France espère là aussi pouvoir faire avancer les discussions qui n'en sont qu'à leur début. Au mois de décembre une communication présentant les grandes orientations que la Commission européenne prévoit en la matière a été publiée. Il s'agira au travers de la Pac mais aussi d'un dispositif de certification de la séquestration de carbone agricole d'inciter les agriculteurs et forestiers à s'y engager. Mais les détails ne seront connus qu'en fin d'année. La France entend donc faire adopter en mars ou avril des conclusions mettant en avant leurs demandes. Un premier échange de vues organisé le 17 janvier a montré que les Vingt-sept se posaient beaucoup de questions sur la mise en oeuvre concrète du futur dispositif. Le commissaire européen à l'Agriculture, Janusz Wojciechowski, a promis d'apporter des premiers éléments de réponses détaillés à ces interrogations lors de la réunion informelle des ministres de l'Agriculture qui se tiendra du 6 au 8 février à Strasbourg justement sur le thème de l'agriculture bas-carbone.

Sur tous ces sujets, la présidence française devra de toute façon agir très rapidement car il lui sera beaucoup plus difficile d'avancer à partir du mois d'avril en pleines élections présidentielles puis législatives.

Présidence française de l'UE : la Coopération agricole dévoile ses attentes

Alors que la France vient de prendre la présidence du Conseil de l'Union européenne pour six mois, la Coopération agricole (LCA) a présenté ses attentes, le 12 janvier, dans une plateforme intitulée «pour une Europe souveraine, inclusive et responsable». On y retrouve plusieurs propositions adressées en décembre aux candidats à la présidentielle, comme l'adaptation de «la politique de la concurrence» entre les États membres, via une harmonisation des normes sociales, fiscales et environnementales. Plusieurs demandes vont dans le sens de la volonté affichée par le gouvernement français comme la généralisation des «clauses miroirs» pour «une concurrence équitable» avec les pays tiers. LCA réaffirme son «opposition» à l'accord UE-Mercosur et recommande un diagnostic sur la dépendance européenne aux importations «afin d'engager des investissements adaptés». Elle émet des réserves sur les moyens prévus dans la mise en oeuvre des objectifs du Green Deal et demande «des études d'impacts cumulatives» sur les stratégies européennes. «Pour le moment, les études portant sur les conséquences de la mise en oeuvre de ces objectifs, avec les moyens affichés, aboutissent toutes à une réduction de nos capacités de production, ce qui est contraire aux objectifs de souveraineté alimentaire», affirme son président Dominique Chargé.

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