L'Oise Agricole 27 novembre 2021 a 15h00 | Par Agra Presse, Actuagri

Les règles de la fin de la castration à vif précisées

Le ministère de l’Agriculture a annoncé, le 19 novembre, la publication d’un arrêté et d’une instruction technique concernant la castration des porcelets mâles dans les élevages. En effet, à partir du 1er janvier 2022, la castration à vif sera interdite.

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Alors que la castration à vif des porcelets sera interdite au 1er janvier 2022, les éleveurs qui poursuivront cette pratique – pour des raisons de qualité de la viande notamment – devront prendre en charge la douleur des animaux pendant et après l’opération.
Alors que la castration à vif des porcelets sera interdite au 1er janvier 2022, les éleveurs qui poursuivront cette pratique – pour des raisons de qualité de la viande notamment – devront prendre en charge la douleur des animaux pendant et après l’opération. - © Pixabay

Alors que la castration à vif des porcelets sera interdite début 2022, un arrêté paru au Journal officiel le 19 novembre précise dans quels cas les éleveurs pourront continuer cette opération, avec prise en charge de la douleur. La castration sera désormais uniquement possible pour les signes de qualité, ou si elle «répond à une exigence de qualité de la personne à laquelle est transférée la propriété du porc par l’éleveur». Dans ce deuxième cas, la contractualisation sera obligatoire à partir du 1er janvier 2022 (décret du 30 octobre pris en application de la loi Egalim 2), et cette exigence de qualité devra figurer dans le contrat. Via les indicateurs de coût de production, qui intégreront le surcoût lié à la castration avec anesthésie, «cet arrêté permet de sécuriser les éleveurs sur le plan économique», indiquait le cabinet du ministre de l’Agriculture à la presse le 19 novembre. Le ministère a allégé la procédure par rapport au texte soumis aux parties prenantes en septembre. Au lieu de l’attestation délivrée par les préfets initialement prévue, les acteurs devront seulement pouvoir démontrer qu’ils respectent la réglementation «sur demande des services de contrôle».

Bientôt une formation en ligne

Les éleveurs de porcs qui poursuivront la castration avec prise en charge de la douleur en 2022 pourront suivre une «formation à distance» fin novembre, a également annoncé le ministère de l’Agriculture le 19 novembre. «Le ministère prend en charge» ce dispositif d’e-learning, a indiqué le cabinet du ministre à la presse le même jour. Alors que la castration à vif des porcelets sera interdite au 1er janvier 2022, les éleveurs qui poursuivront cette pratique – pour des raisons de qualité de la viande notamment – devront prendre en charge la douleur des animaux pendant et après l’opération (anesthésie et analgésie). D’après une instruction technique du 18 novembre, la formation sera obligatoire pour les éleveurs et salariés pratiquant la castration. Elle consistera en un module théorique, suivi «dans les six mois» d’un module pratique. Deux produits seront utilisables, la lidocaïne (injectable) et le tri-solfen (en gel) ; les protocoles correspondants sont consultables sur le site de l’Ifip (institut du porc). Le tri-solfen fait actuellement l’objet d’une procédure d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en Belgique, précise l’entourage du ministre. Une fois celle-ci obtenue, la France pourra demander une autorisation temporaire d’usage (ATU) permettant d’utiliser ce produit «début janvier».

- © FNP

François Valy, président de la Fédération nationale porcine

«La mise en place du Porc Français est une priorité»

Dans un contexte de baisse des prix et de flambée des matières premières, l’élevage porcin français va devoir relever plusieurs défis, parmi lesquels la mise en oeuvre de la contractualisation, l’entrée en vigueur des méthodes alternatives de castration ou encore le déploiement du nouveau cahier des charges «Le Porc Français». Explications avec François Valy, président de la Fédération nationale porcine (FNP).

Quelles sont les conséquences de la baisse des prix observée ces derniers mois sur l’équilibre économique des exploitations porcines ?

La chute des cours du porc depuis le mois de juin (1,23 E le 8 novembre à Plérin, ndlr) vient s’ajouter à la flambée des cours des matières premières dont l’ampleur nous a tous surpris. Pour compenser la hausse du prix de l’aliment, il faudrait que les cours soient trente centimes plus élevés. Cette situation inquiète aujourd’hui toute la filière, des fabricants d’aliments aux banques, et menace la pérennité de nombre d’exploitations. Certaines d’entre elles ont perdu jusqu’à 100 000 E depuis le début de l’automne et ne peuvent plus guère s’appuyer sur la trésorerie des bonnes années, dont la dernière remonte à 2019. Il existe une perspective d’inversion de la tendance avec la hausse récente des cours en Chine, dont la fermeture aux exportations européennes a provoqué un reflux de marchandises sur les autres marchés et notamment sur la France. J’espère que le commerce pourra repartir vers cette destination en fin d’année ou, au pire, en début d’année prochaine, ce qui devrait contribuer à rééquilibrer le marché.

Le gouvernement a annoncé l’entrée en vigueur de l’obligation de contractualisation pour les porcs castrés dès le 1er janvier 2022 dans le cadre de la loi Egalim 2. Êtes-vous satisfait de cette décision ?

C’est une bonne nouvelle, même si je regrette que l’on doive en arriver à une intervention publique pour réguler les relations entre opérateurs. La FNP est favorable de longue date à la contractualisation qui permet de garantir les prix sur une partie de la production et sur la base d’indicateurs révisables en cours d’exécution. Ce fonctionnement est étranger à la culture des abattoirs mais ils vont bien devoir s’y mettre. L’enjeu est bien évidemment aussi la prise en compte des surcoûts des méthodes alternatives à la castration à vif. Nous avons demandé au gouvernement que la loi s’applique sur les porcs nés après le 1er janvier, ce qui nous laisse quelques mois pour trouver une manière de trouver une compensation financière qui s’applique sur tout le territoire. Pour revenir aux contrats, je reste persuadé qu’il est irréaliste de penser que nous soyons un jour totalement déconnectés des prix mondiaux. Le marché au cadran a sans doute des faiblesses, mais il fait partie de notre système. Sans prix directeur, le risque est qu’il y ait, comme on le voit dans le lait, autant de prix qu’il y a d’entreprises.

Existe-t-il aujourd’hui un risque de développement incontrôlé du mâle entier qui porterait préjudice à la filière porcine française ?

C’est le marché qui doit le décider. Notre souhait, c’est que le différentiel économique lié à la castration fasse l’objet d’une plus-value car il existe des charges différentes entre mâles castrés et animaux «entiers». Vous présentez le déploiement rapide du nouveau cahier des charges du Porc Français comme un outil susceptible de favoriser la production nationale, notamment en restauration collective.

Où en est-on de la mise en oeuvre des critères supplémentaires liés à la bientraitance animale comme l’abreuvement, la lumière, la densité ou la diminution de l’usage des antibiotiques ?

La crise de la Covid, avec ses conséquences sur les matières premières et sur la main-d’oeuvre, et la chute des prix, n’ont pas facilité la mise en place de mesures qui nécessitent pour certaines de nouveaux investissements. Cela reste néanmoins un chantier prioritaire qui mobilise les éleveurs dans toutes les régions. L’objectif est d’être prêt d’ici l’été 2022 et de faire entrer un maximum d’exploitations dans la démarche. Nous voyons déjà les effets positifs du mouvement que nous avons engagé, puisque certaines entreprises de transformation ont déjà manifesté leur intention d’anticiper l’interdiction du «transformé en France» qui entrera en vigueur en 2023 et de s’engager dans Le Porc Français. L’objectif est, bien sûr, que la restauration collective s’engage, notamment au travers des marchés publics, à favoriser les cahiers des charges les mieux disants.

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