OMC : (petites) avancées sur la sécurité alimentaire
Alors que les autres chapitres font toujours l’objet d’âpres négociations, les membres du comité de l’Agriculture de l’Organisation mondiale du commerce présenteront des propositions sur la sécurité alimentaire lors de la conférence ministérielle de fin d’année.
À l’occasion de leur dernière réunion des 14 et 15 octobre, les membres du comité de l’Agriculture de l’Organisation mondiale du commerce ont lancé à la lumière de la pandémie de Covid-19, un appel collectif pour parvenir à un résultat sur la sécurité alimentaire lors de la douzième Conférence ministérielle (MC12). Dans cette perspective, les membres ont toutefois présenté des approches différentes.
Pour l’UE, le Japon, les États-Unis et le Royaume-Uni, la cause sous-jacente est la transparence et la nécessité de notifier en temps utile toute restriction à l’importation et à l’exportation de produits agricoles. L’exemption du programme alimentaire mondial (PAM) des restrictions à l’exportation fait également partie de l’équation, a notamment indiqué Bruxelles, tout en assurant que «le paquet sécurité alimentaire doit être la contribution de l’agriculture à l’agenda plus large de l’OMC».
De leur côté, les États-Unis ont déclaré que les politiques de libéralisation du commerce se sont déjà révélées meilleures que les mesures restrictives. Et ils assurent que la transparence est la solution fondamentale qui rendra le commerce plus prévisible et plus accessible pour tous. Les membres du groupe de Cairns (principaux pays exportateurs : Brésil, Paraguay, Uruguay, Colombie, Costa Rica, Australie, Nouvelle-Zélande) estiment que les marchés internationaux sont plus résilients que les marchés nationaux.
Les pays en développement ont besoin de l’effet de coussin des approvisionnements alimentaires internationaux, et le stockage public (pour son effet potentiel de distorsion des échanges) entravera le commerce mondial et pourrait ne pas être la meilleure solution, préviennent-ils. Quant à la Chine, elle s’est fait écho de cet appel, en déclarant que «compte tenu de la pandémie de Covid-19, des conditions météorologiques extrêmes et de la montée en flèche de la pauvreté, les membres devraient s’efforcer d’éviter la répétition de l’échec de la MC11. Il est particulièrement important de parvenir ainsi à des résultats agricoles significatifs dans la nouvelle situation».
Recul sur les soutiens internes
Par ailleurs, les membres ont partagé leurs points de vue sur l’état d’avancement de tous les sujets de négociation et ont convenu que ces dernières doivent s’intensifier pour rechercher des zones d’atterrissage possibles. Concernant les soutiens internes, alors que des avancées avaient été soulignées lors de la session des 20 et 21 septembre autour d’une réduction proportionnelle à leur contribution au problème de la distorsion des échanges, les membres ont de nouveau campé sur leurs positions qui sont restées différentes sur le niveau d’ambition.
Un retour en arrière qui n’est pas du goût de la directrice générale de l’institution genevoise, Ngozi Okonjo-Iweala qui a exhorté, le 15 octobre, les membres à trouver un accord pour mettre un terme aux soutiens internes. En visant directement les subventions des pays riches, elle a indiqué que «si nous ne faisons rien pour y remédier, il y aura de nombreux pays pauvres qui ne pourront pas rivaliser». Pour étayer ses propos, elle a notamment rappelé les chiffres présentés par un rapport onusien qui montrait que près de 470 Mds $ de subventions octroyées aux agriculteurs généraient des effets distorsifs sur les échanges tout en étant dommageables pour l’environnement.
Concernant l’accès au marché, la transparence des changements dans les tarifs appliqués et un programme de travail pour l’après-MC12 ont été discutés. Sur les restrictions à l’exportation, les membres ont soutenu l’idée que l’exemption du PAM fasse l’objet d’une décision autonome lors de la MC12. Enfin, sur la transparence, tous les membres ont convenu que cette section prise séparément ne peut constituer un résultat suffisant pour la CM12.
Le temps presse
Suite à ces deux jours de négociations, la présidente costaricienne Gloria Abraham Peralta a déclaré que «la pression du temps s’accroît». En conséquence, elle a exhorté les membres «à combler les écarts de position sur les principaux sujets en cours de négociation». En outre, elle a conseillé aux membres de «travailler à un objectif commun qui est de renforcer la sécurité alimentaire pour tous, une tâche qui est devenue urgente dans le contexte du Covid-19». La prochaine réunion du Comité de l’agriculture en session extraordinaire avait lieu le 28 octobre.
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