Terres de Jim : lieu d'échanges et de rencontres pour la FRSEA
La FRSEA Hauts de France a profité des Terres de Jim à Cambrai, événement convivial et chaleureux organisé par Jeunes Agriculteurs, pour réaliser des rencontres avec plusieurs instances régionales. L'occasion de faire remonter des revendications mais aussi de partager une vision prospective pour l'agriculture de la région.
Un an après les premières déclarations du président de la république sur un futur pacte et une loi d'orientation agricole, visant à relever le défi du renouvellement des générations dans un contexte de changement climatique et de transitions à opérer sur les exploitations, la FRSEA a organisé une réunion du Conseil de l'Agriculture des Hauts de France (CAF Hauts de France) avec l'ensemble des organisations professionnelles agricoles (Jeunes Agriculteurs, Chambre régionale, Crédit Agricole, Groupama, MSA, Coopération agricole) sur ce même sujet et sa déclinaison au niveau régional. L'occasion de partager avec les différentes OPA une vision sur les défis à relever et le rôle que chacune peut jouer pour accompagner au mieux les agriculteurs. Plusieurs enjeux apparaissent essentiels pour le maintien de la valeur ajoutée sur la région, et ainsi des filières et des emplois qui y sont liés. C'est le cas du maintien de l'élevage, de l'accès à l'eau, la place de l'agriculture dans la production d'énergies renouvelables, les compensations de carbone. Un sujet revient de manière transversale : l'attractivité des métiers agricoles et le renouvellement des générations.
Des adaptations à trouver en local
Pour Marie-Sophie Lesne, Vice-présidente de la Région en charge du dossier agricole, un travail en local doit être réalisé sur les énergies renouvelables. Sur l'élevage et les changements de pratiques, la Région est là pour accompagner l'investissement via le dispositif Pré'Ad. En définitive, des outils existent à la Région, il faut s'organiser collectivement pour les mobiliser à travers une ambition commune. La Région organise d'ailleurs des Etats Généraux du changement climatique en 2024 pour élaborer une trajectoire commune sur les adaptations à trouver pour faire face au changement climatique.
En conclusion, l'ensemble de la profession souhaite écrire une contribution commune à soumettre à l'Etat et la Région concernant une déclinaison régionale du pacte et la loi d'orientation agricole et les adaptations à trouver face au changement climatique. Une copie sera élaborée d'ici la fin de l'année.
Entrevue avec le Ministre
Outre des rencontres planifiées avec plusieurs instances régionales telles que l'Office Français de la Biodiversité (OFB), les services de la DRAAF et de la DREAL, les représentants de la FRSEA ont eu l'occasion d'échanger avec Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, dimanche 10 septembre, lors de sa venue à Terres de Jim. Très attendu sur plusieurs sujets d'actualité, il a eu l'occasion de s'expliquer sur la diminution de remboursement de la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques (TICPE) sur le Gasoil Non Routier (GNR). Cette réduction de 5% cette année montre l'engagement de la profession dans la transition et la sortie progressive des énergies fossiles. Cependant, il a assuré que la perte nette devait être nulle. Donc, au global, les 70 millions perdus cette année sur la TICPE devront être retrouvés via d'autres outils fiscaux, tels que le rehaussement du plafond des plus-values ou de l'épargne de précaution. Des arbitrages sont attendus à ce sujet. Autre point de crispation, les jachères. Le ministre assure de son soutien à la position de la FNSEA de déroger encore en 2024 à l'implantation de jachère mais la commission européenne n'a toujours pas donné de réponse positive.
Sur un périmètre plus local, la profession a alerté le représentant du gouvernement sur les distorsions de concurrence que nous subissons en tant que région frontalière, pour la production de légumes et l'utilisation de moyens de protection des végétaux. En effet, nos voisins ne semblent pas soumis aux mêmes règles d'utilisation des molécules phytosanitaires, même lorsqu'ils viennent cultiver des légumes en France. Par ailleurs, certaines productions légumières, très confidentielles, et spécifiques des Hauts de France, sont dans des impasses phytosanitaires du fait du manque de recherche par les firmes compte tenu du faible volume qu'elles représentent. David Meurillon, secrétaire général de la FDSEA du Nord et dernier producteur de chou de Bruxelles des Hauts de France a pu expliquer au ministre les difficultés qu'il rencontre.
L'emprise foncière des chantiers d'urbanisation, particulièrement denses dans la partie la plus septentrionale de la région, a été dénoncée par Simon Ammeux, président de la FRSEA. Il s'agit là d'une double peine, selon lui, puisqu'au-delà de l'emprise du chantier qui impacte les terres agricoles, une compensation environnementale des impacts de l'artificialisation des sols est demandée aux développeurs. Compensation inévitablement réalisée elle aussi sur des terres agricoles. La profession suggère que soit travaillée plus systématiquement la possibilité de compensation fonctionnelle des espaces naturels détruits plutôt que la compensation surfacique.
Les enjeux du maintien de l'élevage ont également été présentés à Marc Fesneau. Et à ce sujet, la sanctuarisation des prairies permanentes, au lieu d'aider au maintien de l'élevage, est plutôt vécue comme une contrainte, empêchant le développement d'autres cultures fourragères pourtant recherchées pour l'autonomie alimentaire. Par ailleurs, dans un contexte de raréfaction des pulpes de betteraves, le développement de cultures fourragères sera une nécessité.
Pour conclure, les professionnels ont rappelé au ministre les difficultés rencontrées dans l'élaboration du 7e programme d'action de la directive nitrates. L'arrêté national qui fixe le cadre à suivre (PAN7) est extrêmement contraignant, en particulier sur le calendrier d'épandage des effluents, ce qui générera immanquablement des crispations sur le terrain lors de sa prochaine mise en oeuvre.
Dans le temps de visite imparti, peu de réponses ont pu être fournies en séance, mais les messages sont passés auprès du ministre qui s'est étonné lui-même des spécificités des Hauts de France dont il n'avait pas conscience. Cela a été l'occasion de lui rappeler que nous ne l'avions pas encore rencontré depuis sa nomination et que la profession l'attend pour une nouvelle visite pour approfondir les sujets, rapidement.
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