UE/Mercosur: une conclusion sous conditions
La visite du président brésilien en France a entrouvert la possibilité pour Paris de donner son feu vert à l’accord de libre-échange UE/Mercosur. Mais l’Élysée maintient sa position ferme sur les mesures miroirs ou de sauvegarde.

Le président français Emmanuel Macron a entrouvert, le 6 juin lors d’un entretien à la chaîne de télévision brésilienne GloboNews, la porte d’un soutien de son pays à la conclusion de l’accord de libre-échange UE/Mercosur. Un accord serait «stratégiquement bon», estime le chef de l’État. Toutefois, l’Élysée pose ses conditions : la mise en place des clauses miroirs ou de clauses de sauvegarde.
L’accord prévoit déjà des garde-fous permettant le retrait provisoire des avantages en cas de hausse des importations «ou même de risque avéré». Cette marque d’ouverture d’Emmanuel Macron intervient au lendemain de la visite à Paris de son homologue brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, lui enjoignant fortement de conclure l’accord. «Mon cher Macron, ouvrez un petit peu votre coeur», a-t-il lancé lors d’une conférence de presse à l’Élysée, l’accord UE-Mercosur «serait la meilleure réponse que nos régions puissent apporter face au contexte incertain créé par le retour de l’unilatéralisme et du protectionnisme tarifaire». Le Brésil, qui devrait assumer prochainement la présidence du Mercosur, a fait de la conclusion de l’accord une priorité. «Je ne vais pas laisser la présidence de Mercosur sans un accord avec l’UE», a affirmé le président brésilien.
En opposition
La France figure pourtant parmi les principaux opposants à ce traité commercial qui suscite un fort rejet dans le monde agricole. Sa ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, mène d’ailleurs une campagne de lobbying pour forger une minorité de blocage au sein du Conseil de l’UE. Elle a, à ce titre, échangé récemment avec ses homologues autrichiens, hongrois et polonais auprès desquels elle a trouvé un écho positif à ses revendications. Elle s’est aussi entretenue, le 5 juin, avec le ministre belge de l’Agriculture, David Clarinval, et le 11 juin avec le Grec, Kostas Tsiaras.
Un déplacement en Italie et en Roumanie serait, en outre, à l’ordre du jour de la ministre française. «Convaincre… encore et toujours !», a réaffirmé Annie Genevard dans un message posté sur le réseau social X à l’issue de son entretien avec la Grèce. Et d’ajouter : «Le combat continue pour défendre nos agriculteurs !»
Le sujet va également revenir prochainement sur la table du Parlement européen puisque la commission du Commerce international organise, le 24 juin, une audition publique sur l’accord commercial UE/Mercosur. Les choses bougent alors que le texte pourrait atterrir entre les mains du Conseil de l’UE «avant la pause estivale», comme l’a rappelé le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, le 5 juin à Reuters.
La FNSEA veut rencontrer Emmanuel Macron
Inquiète des intentions de la Commission européenne et peu rassurée après les propos tenus par le président Emmanuel Macron sur une télévision brésilienne le 6 juin dernier, la FNSEA a demandé le 12 juin à rencontrer le chef de l’État. La FNSEA «demande une rencontre urgente» avec le président de la République, «afin d’éclaircir la position de la France et de discuter des prochaines étapes sur ce dossier crucial pour l’agriculture française», confirme un communiqué. Le syndicat majoritaire estime nécessaire de «renforcer son appareil productif agricole» et d’aboutir à un accord «équilibré, équitable et respectueux des standards Français et européens, construits sur les efforts des producteurs».
Or, signer ce traité, en l’état, «avec les pays du Mercosur demeure inacceptable», assène la FNSEA. Ses dirigeants s’irritent également des déclarations politiques qui laissent «croire que des dispositifs de mesures miroirs ou de clauses de sauvegarde pourraient encore être introduits alors que les négociations sont achevées et suffiraient à apaiser les inquiétudes». Cela «ne fait qu’aggraver le sentiment d’injustice et d’abandon ressenti sur le terrain», martèle la FNSEA qui, parallèlement à cette demande de rendez-vous «appelle son réseau à alerter les eurodéputés français sur le risque majeur que cet accord fait courir à l’agriculture européenne».
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