L'Oise Agricole 20 novembre 2025 a 10h00 | Par F.M.

UE/Mercosur : une position française «très ferme» et un espoir de blocage

La clarification du président Emmanuel Macron concernant la position française sur l’accord UE/Mercosur relance l’espoir d’une hypothétique minorité de blocage contre le texte. De son côté, le secteur agricole maintient la pression.

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- © Image générée par l’IA

Une hypothétique minorité de blocage au Conseil de l’UE (au moins quatre États-membres représentant plus de 35 % de la population de l’UE) sur l’accord UE/Mercosur est-elle encore possible ? À l’approche d’échéances décisives pour la ratification du texte, Em-manuel Macron a réaffirmé le 12 novembre aux agriculteurs le «non très ferme de la France» à l’accord en l’état, selon des propos rapportés par Annie Genevard, relançant cette possibilité. Et la ministre de l’Agriculture d’ajouter qu’en l’absence de clause de sauvegarde, de «mesures miroirs» ou encore de «contrôles aux frontières», «la France ne peut pas valider à ce stade le projet d’accord avec les pays du Mercosur parce que ce projet d’accord ne protège pas les intérêts de nos agriculteurs».

Il faut dire que la position des dirigeants français sur ce sujet apparaissait plus floue ces dernières semaines. En cause, notamment, les déclarations du chef de l’État le 7 novembre en marge du sommet des chefs d’État précédant la Cop30 à Belèm au Brésil. Emmanuel Macron s’était ainsi montré «plutôt positif» quant à la possibilité d’accepter ce traité de libre-échange, tout en affirmant rester «vigilant». Des propos qui ont sus-cité un tollé tant dans la classe politique que parmi les responsables agricoles.

Sous pression

Le secteur agricole, lui, maintient sa pression pour en obtenir le rejet par les décideurs européens. En France, les organisations agricoles ont donc interpellé le président de la République le 12 novembre, le forçant à clarifier sa position. «Les agriculteurs de France attendent avant tout de la cohérence et de la constance dans les décisions publiques», a affirmé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. Et de préciser : «Trop souvent, les signaux envoyés sont contradictoires : un jour c’est oui, le lendemain c’est non. Il a fallu que le monde agricole se mobilise, une fois encore, pour que la parole présidentielle retrouve un cap clair.» Le syndicat prévoit aussi de manifester le 18 décembre à Bruxelles en amont de la décision sur le texte. Au niveau européen, les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) organisaient, le 14 novembre, un «briefing technique» en compagnie d’autres parties prenantes du secteur (dont des ONG et des chercheurs) pour évoquer juste-ment leurs préoccupations.

En parallèle, à Strasbourg, ce sont dorénavant 140 eurodéputés qui souhaitent solliciter un avis juridique de la Cour de justice de l’UE sur la compatibilité de l’accord avec les traités européens. La résolution devait être officiellement déposée le 14 novembre en vue d’un vote en plénière entre le 24 et le 27 novembre. En cas d’issue positive, le processus de ratification pour-rait être bloqué.

Les agriculteurs européens toujours contre ce traité «inacceptable»

Dans un communiqué de presse commun dix organisations de producteurs agricoles européens* menés par le Copa-Cogeca ont fait part de leur mécontentement contre l’accord de libre-échange que la Commission européenne s’apprête à signer avec les pays du Mercosur. C’est une «trahison des agriculteurs, des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement européens», indique le communiqué qui soulève de «sérieuses inquiétudes en matière de dumping environnemental et social», laissant les agriculteurs européens exposés à «une concurrence déloyale». Ces dix organisations pointent «l’absence de réciprocité dans les normes et les coûts de production, combinée à la dérégulation des marchés (qui) accentue encore ce déséquilibre, créant un terrain de jeu inégal qui menace l’emploi, la survie des exploitations agricoles et l’activité des usines à travers l’Europe». Ces mêmes organisations tancent les clauses de sauvegardes récemment ajoutées à l’accord qui «ne sont qu’un outil de communication destiné à le ‘‘vendre’’ au public». Qualifiant l’accord d’«inacceptable», les organisations demandent des «politiques cohérentes qui soutiennent la souveraineté et la durabilité européennes, ainsi qu’un commerce véritablement transparent et équitable.»

(*) issus des secteurs de l’aviculture, sucre, maïs, éthanol, viande, etc.

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