L'Oise Agricole 31 août 2023 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Une première récolte de chanvre textile dans la région Hauts-de-France

C'est dans l'Oise, à Moliens, qu'a eu lieu la première récolte d'une parcelle de 3 hectares de chanvre textile sur les 90 mis en culture à titre d'essais par le GIEE Chanvre textile.

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Nicolas Defransure, directeur de Lin 2000, Claire Joly, conseillère régionale, Marie-Sophie Lesne, vice-présidente du Conseil régional des Hauts-de-France en charge de l'agricutlure, Vincent Bosche, président de la Calira et du GIEE Chanvre textile, Guillaume Vandenberghe, responsable chanvre à Lin 2000, et Sébastien Jumel, président de Lin 2000, posent devant la machine pendant le chantier de récolte du chanvre textile ce vendredi 25 août.
Nicolas Defransure, directeur de Lin 2000, Claire Joly, conseillère régionale, Marie-Sophie Lesne, vice-présidente du Conseil régional des Hauts-de-France en charge de l'agricutlure, Vincent Bosche, président de la Calira et du GIEE Chanvre textile, Guillaume Vandenberghe, responsable chanvre à Lin 2000, et Sébastien Jumel, président de Lin 2000, posent devant la machine pendant le chantier de récolte du chanvre textile ce vendredi 25 août. - © DLC

Le rendez-vous a été rapidement organisé et pas moins d'une cinquantaine de personnes, agriculteurs, élus et journalistes, étaient présentes sur la parcelle de Christophe et Clément Visse, agriculteurs à Moliens, qui se sont lancés dans cette expérimentation pour déterminer les potentialités de la filière. Cela a déjà été dit, le chanvre textile est une plante qui présente de nombreux avantages en termes d'itinéraire technique : intrants réduits, peu de phytosanitaires et une pousse dynamique qui craint moins la sécheresse que le lin et permet le stockage de 15 t de CO2/ha.

Mais reste à évaluer la faisabilité de la suite des opérations, à savoir la récolte et le teillage. «Il nous faut recueillir des données sur tout le cycle de production, d'où notre volonté de faire des essais sur environ 90 ha, dans les différents contextes pédo-climatiques que représentent les territoires des quatre coopératives regroupées dans le GIEE Chanvre textile», explique Guillaume Vandenberghe, responsable chanvre à Lin 2000.

En effet, face aux récoltes de lin de printemps qui deviennent plus aléatoires à cause du changement climatique et dans l'attente de plus de variétés de lin d'hiver qui ne soient pas gélives, le chanvre textile apparaît comme une alternative crédible dont il faut mesurer tous les aspects. D'où la volonté des coopératives Lin 2000, Calira, L.A. Linière et Opalin de se regrouper en GIEE (groupement d'intérêt économique et écologique) pour unir leurs moyens de recherche et d'expérimentation. «Demain, nous devons être capables de donner à nos adhérents la recette pour cultiver le chanvre textile et pour cela, nous devons avoir des certitudes, notamment sur le fait que cela soit une culture tout aussi rémunératrice que le lin textile, précise Nicolas Defransure, directeur de Lin 2000. Nous devons vérifier le potentiel de production et de teillage de cette fibre.»

Réactivité

Une réunion a eu lieu en ce début d'année 2023 où a été décidée la création du GIEE et actée la nécessité d'expérimenter sur le territoire la faisabilité de la culture du chanvre textile. Avec l'appui de la Chambre d'agriculture de l'Oise, des relations se sont tissées entre les quatre coopératives, la Région Hauts-de-France et les Agences de l'Eau. La Région, et Marie-Sophie Lesne le rappelle devant toutes les personnes présentes à ce premier chantier de récolte, croit en cette filière en devenir, d'un point de vue agricole et industriel, avec de possibles emplois à terme. De leur côté, les Agences de l'eau sont prêtes à aider les cultures à bas niveau d'intrants, comme le chanvre, qui pourraient être conduites dans les bassins d'alimentation de captage.

Un financement pour l'acquisition de la machine Hyler, capable de récolter le chanvre textile et fabriquée en Belgique, a été demandé et Vincent Bosche, président du GIEE Chanvre textile, salue la réactivité de la Région et de l'Agence de l'eau Artois-Picardie qui ont rapidement donné leur accord. Ainsi, Région et Agence de l'eau ont subventionné chacune à 30 % (134.000 EUR) les 450.000 euros que coûte la machine. Deux exemplaires ont même été achetés pour mener à terme les essais au champ, chacune ne pouvant récolter que 120 à 140 ha et les surfaces étant amenées à monter en puissance.

Une récolte différente

Le chanvre textile se récolte à partir de début août, sur trois ou 4 semaines selon les conditions météorologiques. La plante peut atteindre plus de 2 mètres de haut et elle n'est pas arrachée par la machine comme le lin, mais coupée à 10 cm du sol. De même, chaque tige est recoupée en deux et le tout est déposé au sol en andains parallèles, de même largeur que le lin.

S'ensuit alors un phénomène de rouissage, nécessaire pour décoller la fibre de l'écorce, mais qui est plus court que celui du lin, sur trois semaines. Le chanvre sera alors enroulé comme le lin, puis teillé sur la ligne de Lin 2000, ce qui nécessitera quelques ajustements techniques.

«Une fois cela fait, nous pourrons en tirer des enseignements pour la prochaine campagne, poursuit Guillaume Vandenberghe. Mais nous savons déjà qu'il faut semer plus dru que pour le chanvre technique, à 80 kg/ha, que nous nous ne pourrons pas faire l'économie de quelques unités d'azote, mais que nous n'aurons pas besoin de désherber. Les racines et le haut de la tige retourneront au sol et les étoupes et anas pourraient rejoindre la filière technique, pour l'isolation ou le béton chanvre pour des bâtiments ou le chauffage biomasse.»

La Région entend se positionner en pointe sur cette filière prometteuse et concurrentielle et n'hésite donc pas à financer les investissements nécessaires. De son côté, le GIEE voudrait atteindre les 10.000 ha de chanvre textile en cinq ans, sur les 130.000 ha de lin cultivés en France.

L'ambition est forte et les moyens déployés : les résultats du premier teillage qui aura lieu à l'automne sont attendus avec impatience !

La machine Hyler coupe le chanvre à 10 cm du sol et recoupe la fibre en deux.
La machine Hyler coupe le chanvre à 10 cm du sol et recoupe la fibre en deux. - © DLC
Les andains attendent le rouissage.
Les andains attendent le rouissage. - © dlc

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