L'Oise Agricole 18 septembre 2025 a 08h00 | Par CB

Une rentrée entre espoir et incertitudes pour la production laitière

Les incertitudes liées aux maladies des animaux, au changement climatique et à la politique internationale inquiètent l’interprofession qui faisait sa rentrée. Mais la hausse de la demande mondiale et les accords UE-Mercosur et UE-Mexique sont vus comme des opportunités.

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- © Pexels/JacLou DL

Alors que le Space devait se tenir à Rennes les 16, 17 et 18 septembre, la filière laitière a fait le point sur sa situation devant la presse à Paris le 9 septembre. «L’été a été marqué par la sécheresse et des pluies extrêmes qui ont mis à mal la production laitière française», a déclaré Pascal Le Brun, le président du Cniel, l’interprofession laitière. Outre les problèmes climatiques, une nouvelle maladie s’est invitée cet été dans les élevages bovins des deux Savoie et désormais de l’Ain : la DNC (dermatose nodulaire contagieuse des bovins). Elle vient s’ajouter aux autres maladies que sont la MHE (maladie hémorragique épizootique), touchant les vaches, et la FCO (fièvre catarrhale ovine), que contractent les ovins. Conséquences : des abattages, des vaccinations et des perturbations pour produire et exporter certains produits laitiers.
L’accord passé en août entre les États-Unis et l’UE et prévoyant des droits de douane à 15% sur les produits européens aux USA, contre 10 % auparavant, ne satisfait pas la filière. «C’est un mauvais accord qui est un signe de faiblesse de l’UE», selon Pascal Le Brun, le président du Cniel. «La hausse des droits de douane aura des répercussions», a-t-il aussi prévenu.
Un avis partagé par la Fnil (industriels) pour qui le contingent de produits laitiers américains (environ 20.000 tonnes par an) qui pourrait entrer en franchise de droits est «un point de vigilance», selon François-Xavier Huard, son PDG.
Autre sujet : la Chine, qui a lancé une enquête sur les subventions aux produits laitiers européens, dont le verdict sera connu en février 2026. Quant à l’Algérie, les relations diplomatiques tendues avec la France ont abouti à un bannissement des produits tricolores sur le marché local. Il s’agissait pourtant de la troisième destination pour la poudre de lait écrémé française.


Mobilisés pour cibler l’Asie du Sud-Est
La filière a toutefois quelques raisons d’espérer. «On reste mobilisés pour cibler le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est où la consommation de produits laitiers va augmenter», selon Pascal Le Brun. «Il y a une place à prendre dans les régions qui vont consommer plus qu’elles ne produisent», indique Jean-Marc Chaumet, directeur du service économie au Cniel (interprofession).
Autre zone de débouchés potentiels : l’Amérique du Sud. L’UE vient de conclure un accord avec le Mercosur qui permettra d’exporter des volumes très importants en franchise de douane chaque année sur dix ans, 30.000 tonnes de fromage, 10 000 tonnes de poudre de lait et 5.000 tonnes de préparations infantiles. À titre de comparaison, la France a expédié 470 tonnes de fromage pour 5 M€ en 2024. En outre, 19 AOP laitières seront protégées outre-Atlantique. Mais l’accord n’est pas encore entré en vigueur. «On ne peut pas faire la fine bouche sur un marché de report tel que le Mercosur», indique François-Xavier Huard, faisant allusion au marché américain.
Autre perspective positive : l’accord UE-Mexique annoncé par la Commission européenne, vu comme «largement positif pour la filière laitière française», selon François-Xavier Huard, soulignant qu’il s’agit d’un pays très consommateur de produits laitiers européens ; 22 AOP laitières seront protégées et des produits pourront être exportés en franchise de droits comme les fromages bleus (sans quotas), les autres fromages (jusqu’à 20.000 tonnes par an) ou les fromages frais (jusqu’à 5.000 tonnes par an) alors que ces produits étaient taxés à 45%.
Profiter de ces belles opportunités exigera de disposer des volumes suffisants, alors que les autres grands pays producteurs augmentent déjà leur production. «Cela demande une recherche de compétitivité car nous ne serons pas les seuls», selon Jean-Marc Chaumet. Depuis ces derniers mois, les grands bassins laitiers ont vu leur production globalement progresser, surtout aux États-Unis, en Argentine et en Nouvelle-Zélande, avec pour résultat plus de lait sur le marché mondial en 2025 qu’en 2024.
L’UE reste stable à -0,1% sur les six premiers mois de 2025 avec des différences notables entre les pays qui progressent (Irlande, Pologne) et qui régressent (Allemagne, Pays-Bas, Espagne), tandis que la France stagne à -0,4% sur les huit premiers mois de 2025.

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