Une situation agricole qui pose questions malgré une moisson espérée correcte
Bien que la moisson soit déjà démarrée, les responsables des coopératives, de la MSA, de Groupama, syndicaux, de la Chambre d’agriculture, de la DDT et des centres de gestion ont tenu à partager leurs constats respectifs sur le contexte agricole vécu par chacun.

Luc Smessaert, président de la Chambre d’agriculture de l’Oise, a d’abord informé sur le lancement du projet agricole départemental (voir page 4) dont il espère que les plans d’action permettront d’accompagner les agriculteurs et de dynamiser les territoires. David Witt, directeur de la DDT, tient à préciser que cette démarche transversale n’est aucunement obligatoire et qu’elle démontre la volonté collective de s’impliquer pour faire évoluer l’agriculture départementale. «Sans projets, on est faible», conclut-il.
Contrôle unique
La discussion porte ensuite sur le travail de la Misa (mission inter-services agricoles) et la mise en application de la charte du contrôle unique signée le 11 avril dernier. L’objectif est d’améliorer les relations entre les organismes de contrôle et les agriculteurs. «Nous ne sommes pas contre les contrôles», souligne Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l’Oise. Les responsables notent une évolution de l’état d’esprit des contrôleurs suite à ce travail et cela se concrétisera par une fiche qualité, en cours de finalisation, que remplira tout contrôlé et qui sera adressée à la DDT. Une étude de ces fiches sera réalisée à la fin de la campagne de contrôle.
Certains participants suggèrent que soient intégrés aux contrôles l’information d’une possible certification des agriculteurs en bio, HVE ou Global gap, ce qui devrait limiter les points de contrôles.
Régis Desrumaux se félicite car il a été acté que, contrôle ou pas, tous les agriculteurs de l’Oise puissent recevoir en octobre l’avance de 70 % des aides Pac. Auparavant, ceux qui avaient subi un contrôle voyaient leurs primes bloquées. Une belle avancée.
Situation économique
Christophe Grison, président de Valfrance, a repéré une cinquantaine d’adhérents en difficultés sur son secteur, «de toutes tailles, parfois engagées dans des diversifications comme la méthanisation». La moisson devrait être dans la moyenne mais, prévient-il, «cela ne suffira pas !» Les prix sont bas et le coût des engrais devrait être renchéri par la taxe sur les engrais russes qui représentent 15 % des approvisionnements français.
Également une situation délicate pour une quinzaine de livreurs chez Agora, selon Étienne Grodet, son président : «même si on se met tous autour de la table, ce n’est pas facile de trouver des solutions.»
Les marges brutes ont beaucoup baissé, les prix sont atones et il ne se dégage aucune vision politique claire sur l’agriculture. Les présidents et directeurs de coopératives présents, dont Arnaud Clément et Didier Verbeke pour la Coop de Milly, sont dans l’incapacité de se projeter sur un montant d’acompte, qui sera sans doute bien insuffisant.
Selon le Cer Picardie-Nord de Seine, les écarts de situations se creusent entre les systèmes : ceux avec pommes de terre et légumes de plein champ s’en sortent le mieux actuellement, la polyculture-élevage fait preuve de résilience grâce à une embellie après 40 ans d’encéphalogramme plat.
Attention, la diversification n’est pas forcément une bonne idée car elle coûte de l’argent.
Avec l’effet ciseaux, beaucoup d’exploitations se retrouvent dans une situation équivalente à celle de 2016. Mais la moisson est annoncée généreuse partout dans le monde et les prix sont très bas, «en dessous du coût de revient». Vincent Loisel, président du Cer Picardie-Nord de Seine, alerte sur les jeunes installés qui rencontrent des difficultés : «la rentabilité n’est pas toujours là et l’installation n’est parfois possible qu’en double activité. Attention aussi aux agriculteurs qui ne s’entourent pas de conseillers de gestion.» Les agriculteurs doivent garder une approche technico-économique sur leur exploitation, des formations sont à suivre pour les y aider.
Prévention incendies
Alors que plus de 30 degrés sont annoncés, chacun doit redoubler de vigilance et anticiper le risque incendie par la présence d’eau ou d’un déchaumeur.
Régis Desrumaux rappelle le travail effectué autour de la charte signée avec les partenaires et le Sdis. Un des avancées est qu’un agriculteur qui intervient sur un incendie sous les ordres du Sdis est automatiquement assuré en cas d’accident ou de sinistre sur son matériel.
À noter que la précédente application développée par le Sdis n’est plus opérationnelle et qu’en cas d’arrêté préfectoral stoppant momentanément la moisson pour risque incendie, tout agriculteur qui passerait outre ne serait plus couvert par son assurance en cas de sinistre.
Enfin, Étienne Grodet partage son expérience : il a coupé en deux un vieux déchaumeur qu’il attèle à l’avant d’un équipage tracteur + benne : «en cas d’incendie, un déchaumage sur faible largeur est suffisant et cela évite de mobiliser un tracteur uniquement pour un déchaumeur». Une bonne idée à reprendre !
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