L'Oise Agricole 28 novembre 2019 a 11h00 | Par Vincent Fermon

Une voie d'eau inscrite dans le marbre

En visite dans la Somme, le président de la République Emmanuel Macron a confirmé l'engagement de l'État d'1,1 milliard d'euros dans le financement du projet de Canal Seine-Nord Europe, ce qui rend sa construction «irréversible».

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En participant à la première réunion du comité stratégique du Canal Seine-Nord, à Nesle, le 23 novembre, Emmanuel Macron a engagé l’État dans
la réalisation de ce projet à hauteur d’1,1 milliard d’euros.
En participant à la première réunion du comité stratégique du Canal Seine-Nord, à Nesle, le 23 novembre, Emmanuel Macron a engagé l’État dans la réalisation de ce projet à hauteur d’1,1 milliard d’euros. - © Agence de presse

Si l'on savait depuis quelques semaines que l'État sera bien au rendez-vous dans le financement du futur Canal Seine-Nord, la chose a pris une dimension officielle et «irréversible» le vendredi 23 novembre. C'est en effet à cette date que le premier comité stratégique s'est réuni à Nesle, dans l'est du département, en présence de ses quelque 150 membres - maires, élus d'intercommunalités, parlementaires, acteurs économiques - et du président de la République, Emmanuel Macron. Annoncé depuis «une trentaine d'années» maintes fois remis en cause sans jamais avoir été abandonné, le projet du canal Seine-Nord Europe vise à relier la Seine au réseau fluvial du Nord entre Dunkerque et l'Escaut, par un canal de 107 kilomètres de long et 54 mètres de largeur. La promesse de la société de projet qui le porte est d'en faire un nouveau réseau fluvial pour un mode de transport «plus écologique» avec une estimation d'au moins 10 % de diminution du trafic routier de marchandises. Il devra également contribuer au développement des territoires traversés, «en particulier pour l'agriculture et les activités logistiques» avec, notamment, l'installation de quatre plateformes multimodales le long du tracé : Nesle, Noyon, Péronne et Marquion. 5 000 emplois directs pendant la phase de travaux puis 8 000 à 10 000 emplois indirects sont espérés.

Complémentarité fluvial-ferroviaire

Sur un montant d'investissement compris entre 4,9 et 5,1 milliards, l'État est désormais engagé à apporter 1,1 milliard. Ce montant, c'est également celui apporté par la Région Hauts-de-France et les collectivités locales. L'Union européenne investit, quant à elle, dans le projet à hauteur de 2 milliards. Enfin, la part restante pourrait être financée par l'instauration d'une taxe, a déclaré le chef de l'État. Avec ce soutien de l'État et de l'Europe, «il ne s'agit plus seulement d'un projet régional, mais d'un projet national, voire européen», s'est avancé Xavier Bertrand ; la société de projet qu'il préside doit désormais attendre d'être régionalisée d'ici le 1er avril 2020.

Pour Emmanuel Macron, l'investissement dans un grand projet d'aménagement fluvial ne remet pas en cause le soutien à d'autres modes de transport qu'il juge «complémentaires» : «Notre pays a encore besoin de grandes infrastructures, comme d'autres infrastructures plus petites», a-t-il défendu. Après avoir confirmé le soutien de l'État au projet de Canal Seine Nord, il a ainsi assuré ses interlocuteurs d'une volonté de voir se développer l'Axe Seine qui relie la façade maritime ouest à l'Île de France, ou encore le futur barreau ferroviaire Creil-Roissy-Picardie dont «les travaux commenceront avant la fin du mandat». Les premiers travaux du Canal Seine-Nord vont, quant à eux, pouvoir débuter fin 2020 avec une phase d'aménagement. Viendront ensuite les travaux de creusement de la voie d'eau, fin 2021. Enfin, c'est à partir de 2028, selon Xavier Bertrand, que l'on devrait y voir naviguer les premières péniches. Si de l'eau va encore couler d'ici cette échéance, le projet est désormais bien inscrit dans le marbre.

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