Vivre l'aventure du français à Villers-Cotterêts
La Cité internationale de la langue française, au château de Villers-Cotterêts, a été inaugurée le 30 octobre par Emmanuel Macron, Président de la République. L'accès à ce lieu culturel est gratuit du jusqu'au 12 novembre. Le moment pour petits et grands de découvrir le français autrement.
«C'était un rêve fou, il y a presque 7 ans, de vouloir faire revivre ce château et de vouloir y faire une Cité internationale pour la langue française. Vous avez réalisé ce rêve. Vous avez montré qu'une utopie, c'est une réalité qui simplement dépend de la volonté, de l'ambition, de celles et ceux qui la portent. C'est la plus belle métaphore de notre langue et sans doute de notre Nation» a expliqué Emmanuel Macron, s'adressant aux invités. En 2017, lors de sa campagne présidentielle, le chef de l'Etat avait promis de faire restaurer le château complètement délabré de Villers-Cotterêts où en août 1539, François Ier signa l'ordonnance établissant le français pour les documents administratifs et juridiques. C'était devenu la langue officielle du pays. «Aussi, faire revivre ce lieu devait nous conduire, comme par une évidence, à en faire un lieu dédié aux Français, à notre langue et à l'aventure de celle-ci».
Premier lieu dédié à la langue française
Jouer avec les mots, apprendre, comprendre, partager, faire connaître la langue ici en France ou à l'étranger et faire du français un instrument d'unité, tels sont les objectifs de la Cité entièrement consacrée à la langue française. Le parcours permanent de la Cité, interactif et ludique, offre une immersion au coeur de la langue française. Un parcours de visite de 1.200 m2, situé au coeur du château, est constitué de 15 salles. Au fil des pièces, les visiteurs découvrent l'histoire du château, de la langue française, des créations artistiques contemporaines, une exposition d'oeuvres et de documents...
Des jeux interactifs sont également proposés sur les différentes formes d'expression française, orales comme écrites, mais aussi leur rapport au monde. Il y a aussi l'incontournable bibliothèque magique, où l'intelligence artificielle posera au visiteur quelques questions et proposera, en fonction des réponses, un livre à lire. Dans la salle des jeux, amusez-vous avec la langue française en découvrant des sonorités et mots du monde entier, défiez la grille géante de mots-mêlés, jouez aux «prêtés-rendus» des mots entre le français et l'anglais, ou encore initiez-vous à la variété des mots régionaux pour désigner un même objet. Car oui, en France, 72 langues régionales sont officiellement reconnues et cohabitent avec le français.
Sous le dôme, une spectaculaire projection à 360° présente le voyage des mots jusqu'au français. Le parcours aboutit à la salle où est présentée l'ordonnance signée par François Ier en 1539 à Villers-Cotterêts, placée non loin de sa statue. C'est bien une cité et non pas un musée. Car le parcours permanent s'enrichit de lieux de vie, de rencontres, de loisirs et de savoirs où se tiendront des formations, des ateliers, des résidences d'artistes, de chercheurs, un auditorium, un laboratoire de technologie linguistique.
«Chacun doit s'y sentir chez lui» a assuré Emmanuel Macron, remerciant au passage toutes les personnes qui se sont impliquées dans le projet. «Ce projet est à la fois un projet patrimonial, qui permet de faire revivre cette façade royale, l'escalier du roi et de la reine, la chapelle de manière magnifique. Musée, odyssée, et donc cité à travers laquelle nous irons de mot en mot, de livre en livre, interactive, immersive, salle de spectacle également, qui permettra ici de partager l'expérience de la langue. Ce sera un lieu pour les enseignants et leurs élèves, pour venir apprendre, découvrir, étudier la langue française, pour venir se former également au français et à la littérature. Un lieu pour les traducteurs, un lieu pour les artistes, et donc lieu de spectacle ouvert à la ville, à la région».
La langue française synonyme d'unité
Pour Emmanuel Macron, pas de doute, la langue française bâtit l'unité de la Nation et elle est une langue de liberté et d'universalisme. «La langue française nous rassemble dans notre unité et notre diversité. À travers les voyelles ouvertes des Parisiens, les inflections chantantes des Outre-mer, les «A» du Nord qui s'arrondissent en «O», les «R» rocailleux de l'est, les «E» muets du Sud qui se font sonores et solaires. La langue se colore aussi de nos climats, des régions, des humeurs, des traditions, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, mais une et indivisible comme la République, comme notre peuple, comme son socle de valeurs».
Pas d'écriture inclusive
Si la langue française est vivante, un Français peut parfaitement se réclamer de plusieurs appartenances linguistiques. «Chacun a le droit de connaître, parler, transmettre sa ou ses langues, et c'est un droit non négociable. Toutes les langues sont égales du point de vue de la dignité. C'est pourquoi je veux que nos langues régionales soient encore mieux enseignées et préservées, qu'elles trouvent leur place dans l'espace public en un juste équilibre entre leur rôle d'ancrage de langue régionale et le rôle essentiel de cohésion de la langue nationale», détaille le Président de la République. «Nous avons besoin de toutes ces langues et d'une langue qui soit la même de Lille à Nouméa, de Marseille à Pointe-à-Pitre, pour nous sentir appartenir à la même entité nationale en nos différences. Nous avons besoin du français pour former la France». «Il faut permettre à cette langue de vivre, de s'inspirer des autres, de voler des mots, y compris à l'autre bout du monde, de continuer à inventer, mais d'en garder aussi les fondements, les socles de sa grammaire, la force de sa syntaxe, et de ne pas céder aux airs du temps». Et de prendre position sur l'écriture inclusive : «dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n'a pas besoin d'y rajouter des points au milieu des mots ou des tirées ou des choses pour la rendre visible».
Se félicitant de l'ouverture de la Cité internationale de la langue française, Emmanuel Macron a conclu son discours d'une heure par ces mots : «cet ultime lieu de l'utopie réalisée, faites-le vôtre, emparez-vous en, faites-le vivre, continuez de le transformer, de le réinventer, faites-le plus grand, plus beau, formez des enfants, apprenez à des adultes, créez ici des écrivains, des comédiens, des traducteurs, des interprètes, faites-les voyager, accueillez ! Soyez une langue hospitalière et voyageuse, la langue française, la nôtre».
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