L'Oise Agricole 05 juin 2025 a 08h00 | Par Pierre Poulain

«Faire venir des gens qui n'iraient pas dans des salles de concert»

Les Concerts à la ferme reviennent dans l'Oise pour une troisième édition avec plus que jamais pour objectif d’emmener la musique classique et lyrique dans les exploitations agricoles et plus largement dans les zones rurales. Depuis 2023, le festival s’est étendu bien au-delà des Hauts-de-France, avec cette saison un passage par le Périgord, la Savoie, l’Île-de-France et la Normandie. Hélène Paillette en est l'initiatrice et la directrice artistique. Interview.

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- © Concerts à la ferme

Les Concerts à la ferme entament leur troisième édition du 25 mai au 28 septembre. Quels sont les principaux enseignements que vous avez tirés des deux premières éditions, tant sur le plan artistique que logistique et d'accueil du public ?
Hélène Paillette : Il y a deux ans, lorsque nous avons commencé, il y avait un tout petit public. L'année suivante, le public était plus nombreux, malgré une météo peu propice à des concerts en plein air. Cette année, les trois concerts qui se sont tenus dans le Périgord ont affiché complet. Je crois qu'on répond à un vrai besoin, c'est-à-dire que nous créons des espaces d'échanges par le biais de la musique entre le monde agricole, les habitants des zones rurales et les artistes. Sur le plan logistique, il est clair que la météo est notre principale ennemie. Sortir des artistes des grandes scènes habituelles lorsqu'il y a de la pluie c'est tout de suite plus compliqué : l'année dernière, le piano a souffert de l'humidité par exemple.

Comment l'évènement a-t-il évolué depuis sa création ?
Tout a commencé dans l'Oise et dans l'Aisne. J'ai décidé de ne pas aller dans l'Aisne cette année parce que c'est franchement très difficile de faire venir le public. Venir à la culture, ça s'adresse aussi à des gens qui ont envie et à qui on donne l'habitude. Là, c'est plutôt aussi une mission de service public. C'est le rôle d'une politique culturelle : plus on offre de concerts, de théâtre, de la danse aux gens, plus ils vont s'accaparer les projets et plus ils vont en avoir envie. Quand il n'y a rien, le public ne vient pas. On a ajouté un troisième week-end dans l'Oise et on s'est ouvert à de nouvelles régions et départements : la Dordogne, la Somme, la Savoie, la Saône-et-Loire, la Haute-Normandie et l'Eure-et-Loir. On atteint les 25 concerts itinérants, dont 10 organisés dans les Hauts-de-France.

Y a-t-il un fil rouge, un thème particulier ou une ambiance que vous avez souhaité privilégier cette année ?
Cette année, je vais offrir une édition de jazz. On a eu envie de changer un peu la proposition artistique, puisqu'on sait que le public qui va venir sera en partie composé de gens qui sont déjà venus l'année dernière, et peut-être l'année d'avant. L'idée, c'est de changer pour avoir une nouvelle offre artistique. On va tester un des deux week-ends dans l'Oise, une proposition de jazz, et on verra comment ce sera accueilli par le public.

Comment s'est déroulé le processus de sélection des artistes pour cette année ?
C'est mon métier de produire des concerts. Je connais beaucoup d'artistes. Je vais donc vers les artistes que j'aime, et avec mon co-directeur artistique Arnaud Thorette, qui lui-même est musicien professionnel, on fait appel aux gens qu'on connaît bien. On fait en sorte qu'il y a un équilibre entre les plus jeunes générations, les artistes confirmés. On veut aussi créer des rencontres qui ne se feraient peut-être pas, parce que chaque artiste a sa carrière et travaille avec des ensembles de musique avec lesquels ils sont habitués. Là, l'idée, c'est de faire une sorte de famille de concerts à la ferme. Une famille artistique.
Tous les artistes sont des coups de coeur artistiques. Je ne me vois pas proposer quelque chose à des artistes ou un répertoire qui ne me plairait pas. Et il y aura bien évidemment des découvertes. Par exemple, Rémi Poulakis, qui est un magnifique accordéoniste qui chante avec sa femme contre-alto Sarah Lohlan.

Au-delà de l'aspect musical, quels sont les objectifs de "Concerts à la ferme" en termes de valorisation du patrimoine rural et de création de lien social ?
Dès le démarrage ce projet fut destiné aux habitants des zones rurales, à ceux  qui n'iraient pas dans des salles de concerts mais qui, par contre, se sentiraient être plus à l'aise d'aller à la rencontre de leurs voisins qui sont des exploitants agricoles et qui habitent dans leur village. Ce sont aussi des concerts à participation libre donc on vient et on donne ce qu'on peut. On pense réussir à créer du lien car le public arrive tôt, il peut manger avant le concert sur place, et il peut écouter en étant à une très grande procimité des musiciens. L'exploitant qui accueille explique ce qu'il fait sur ses terres et les concerts se concluent par un verre de l'amitié pendant lequel le public peut parler avec les artistes ou avec ses voisins. On est aussi au cœur du geste artistique partagé. C'est tout simplement passer une soirée qui se veut intimiste, chaleureuse et atypique. La musique est une fête au service du bien-être de chacun.

Après cette 3e édition, comment imaginez-vous l'avenir de Concerts à la ferme ?
J'essaye de voir comment développer et multiplier le nombre de concerts sur un temps réduit. Il y a beaucoup d'artistes qui veulent travailler avec nous et qui nous sollicitent. Il y a aussi beaucoup d'exploitants agricoles qui seraient très contents de nous accueillir et un public potentiel. J'aimerais bien trouver des agriculteurs qui ont des salles fermées, qui peuvent être chauffées le temps d'un concert et pouvoir par exemple proposer des concerts avant Noël ou en janvier-février.

Les rendez-vous de l'Oise

  • Vendredi 13 juin 2025, 14 h, Maison familiale rurale, 1 route de Dieppe 60380 Songeons
  • Vendredi 13 juin, 19 h 30, Ferme des Beaux Cors, 20 rue des Beaux Cors  60380 Bazancourt
  • Samedi 14 juin, 17 h, exploitation du Mesnil, 31 rue principale 60210 Mesnil Conteville
  • Vendredi 20 juin, 12 h 20 et 13 h 20, lycée horticole, 91 rue André Régnier 60170 Ribécourt Dreslincourt
  • Vendredi 20 juin, 20 h, Ferme de la Carmoye, Sur la Carmoye 60310 Cannectancourt
  • Samedi 21 juin, 18 h et 19 h, ancienne ferme Langlois-Meurinne, 1840 Hameau du Quesnoy 60710 Chevrières
  • Dimanche 22 juin, 17 h, La Ferme de Fontaine, 14 rue du Château 60300 Fontaine Chaalis

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