L'Oise Agricole 09 octobre 2025 a 08h00 | Par Pierre Poulain

1.000 € d’aide pour protéger les pollinisateurs

Depuis le 15 septembre, agriculteurs et apiculteurs peuvent candidater en binôme pour obtenir un financement destiné à implanter des zones mellifères sur les exploitations. Une initiative qui a déjà permis de créer plus de 1.300 hectares de biodiversité florale en sept ans.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
- © FDAb

Le Fonds de sauvegarde des abeilles (FSAb) ouvre sa 7e édition d’appel à projets avec deux périodes de dépôt des dossiers : du 15 septembre au 15 novembre 2025, puis du 15 novembre 2025 au 28 février 2026. Une double temporalité qui répond à une demande des agriculteurs : «Selon le type d’agriculture, une période était moins pertinente que l’autre pour les agriculteurs», explique Marie Roquette, de l’association C’est qui le Patron ?!, à l’origine du fonds avec Ada France et Culture Miel. Les porteurs de projets recevront une réponse définitive au plus tard le 15 décembre pour la première vague, et le 31 mars 2026 pour la seconde.
L’originalité du dispositif repose sur la collaboration obligatoire entre un agriculteur et un apiculteur. «C’est vraiment le principe d’avoir un binôme qui nous tient beaucoup à cœur», souligne Marie Roquette. «L’agriculteur a le terrain pour intégrer des espaces mellifères sur son exploitation. Il a tout intérêt à ce que des pollinisateurs viennent, notamment s’il cultive des fruits et légumes.» Concrètement, l’agriculteur s’engage à implanter sur son exploitation des cultures intermédiaires, jachères fleuries ou haies mellifères, tandis que l’apiculteur place ses ruches pour participer à la pollinisation. Le financement, accordé à l’agriculteur, couvre l’achat des semences ou des plants : 500 € pour les jachères mellifères, et jusqu’à 1.000 € pour l’implantation de haies. Tous les dossiers répondant aux critères peuvent être retenus, sans quota préétabli.
Thibaut Gérardin, apiculteur professionnel à Étrepy dans la Marne, a participé à l’appel à projets en 2021 avec son père, agriculteur retraité. Ensemble, ils ont planté plus de 1.000 arbres mellifères sur une parcelle de deux hectares. «Mon père venait d’acquérir un bois de peupliers qu’il avait coupé. Le bois était nu, et on avait pour idée, au lieu de replanter des peupliers, de replanter des arbres mellifères», raconte-t-il. Leur choix s’est porté sur des acacias et des châtaigniers, des essences adaptées aux sols acides de la région et dont la floraison décalée (début et fin juin) permet d’offrir des ressources aux abeilles pendant une période critique. Le projet leur a coûté 4.000 €, dont 1.000 € ont été financés par le FSAb. «Je l’aurais fait de toute façon, c’était déjà un projet bien ancré en moi. Mais ça a été un petit plus».
Si les premiers résultats se font attendre - les arbres ne fleurissent qu’au bout de quatre à six ans - l’apiculteur se montre optimiste : «Sur le long terme, ce sera positif. Imaginez, mille arbres qui seront en pleine floraison, ça va faire des millions ou des milliards de fleurs.»
Depuis sa création en 2018, le FSAb a permis de financer 45 projets lors de la seule édition 2024-2025, représentant 600 ha de zones mellifères et plus de 7.000 mètres de haies. Au total, ce sont 1.319 ha et près de 10.000 mètres linéaires de haies qui ont été implantés en sept ans, grâce à une enveloppe globale de 126.862 €.
Les candidats doivent remplir un formulaire en ligne sur le site https://fsab.fr/, en détaillant leur projet, les semences ou plants envisagés, et le lien entre l’agriculteur et l’apiculteur. Une fois le projet validé et réalisé, le versement de l’aide intervient à réception des factures et de photos attestant de la réalisation. Seule contrainte : accepter d’ouvrir son exploitation à des visites de consommateurs. «Comme on est une démarche de consommateurs, on essaie de mettre en place des visites chez des agriculteurs afin de faire comprendre les enjeux liés à la pollinisation», justifie Marie Roquette.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,