L'Oise Agricole 11 décembre 2025 a 09h00 | Par Christophe Demeester

À Paris, les agriculteurs de l’Oise portent le «cercueil de l’agriculture française»

Lundi 8 décembre, une vingtaine d’agriculteurs de l’Oise ont mené une action coup de poing à Paris, répondant à l’appel de la FDSEA 60 et des Jeunes Agriculteurs. Munis d’un cercueil symbolique, ils ont mis en scène ce qu’ils appellent désormais «l’enterrement de leur profession».

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Le «cercueil de l’agriculture française» déposé devant le ministère de l’Agriculture, en marge du lancement par la ministre Annie Genevard des «conférences de la souveraineté alimentaire» organisées ce jour-là au marché de Rungis.
Le «cercueil de l’agriculture française» déposé devant le ministère de l’Agriculture, en marge du lancement par la ministre Annie Genevard des «conférences de la souveraineté alimentaire» organisées ce jour-là au marché de Rungis. - © CD

Cette mobilisation s’inscrit dans la continuité d’une série d’actions locales déjà menées dans le département depuis une semaine.

Dès le lundi 1er décembre au soir, plusieurs agriculteurs de l’Oise avaient lancé un premier signal en bâchant des radars sur différentes communes autour de Compiègne et Noyon, pour protester contre l’empilement réglementaire, les accords mercosur, la taxe MACF et engrais, la diminution de la Pac.

Dans les jours qui ont suivi, des «feux de la colère» ont été organisés à plusieurs points stratégiques du département réunissant en tout pas moins de 80 agriculteurs. Des feux le long de l’A1, sur Ressons sur Matz et au mont renaud à Noyon notamment.

Ces actions nocturnes, très visibles, ont servi de préambule à l’opération coup de poing de Paris, traduisant un ras-le-bol désormais généralisé.

Un cortège parti de Beauvais avec un symbole fort

Le Lundi 8 décembre au matin, un groupe d’exploitants du département ont quitté la Chambre d’agriculture de l’Oise, à Beauvais. Ils ont volontairement laissé leurs tracteurs dans les fermes, optant pour un déplacement discret mais déterminé en voiture.

Dans leur coffre : un cercueil rempli de produits locaux agricoles, symbole d’une profession qu’ils estiment «sacrifiée».

Le week-end dernier déjà, un faire-part de décès de l’agriculture française avait circulé sur les réseaux sociaux et dans les exploitations. «Elle nous quitte à l’âge de plusieurs siècles, d’histoires, de savoir-faire, de passion et d’engagement», annonçait le texte, dénonçant «les mensonges et le manque de courage des politiques, du gouvernement et de l’Europe».

Arrivés vers midi boulevard des Invalides, les agriculteurs de l’Oise ont été rejoints par une délégation venue du Nord–Pas-de-Calais. Ensemble, ils ont convergé vers la porte du ministère de l’Agriculture où a été déposé le cercueil, en marge du lancement par la ministre Annie Genevard des «conférences de la souveraineté alimentaire» organisées ce jour-là au marché de Rungis. Sur place, les exploitants ont dénoncé une accumulation de décisions qui, selon eux, «condamnent» le modèle agricole français.

Les revendications portées à Paris sont nombreuses et reflètent un mécontentement devenu général : Accord UE–Mercosur, un «accord mortifère» pour les exploitations françaises, jugé porteur d’une concurrence déloyale. Réforme de la PAC 2027 : baisse annoncée des aides, remise en cause de certaines références historiques et inquiétudes sur la conditionnalité. Taxe sur les engrais azotés importés : un «surcoût intenable» dans un contexte déjà fragile. Prix des céréales : des cours « toujours insuffisants » pour couvrir les charges, malgré une volatilité persistante des marchés. «Toutes les conditions sont réunies pour conduire à l’enterrement de l’agriculture française», résume les exploitants sur place. Ils ajoutent : «Les prix ne sont toujours pas là, et on nous enlève encore des moyens de produire. On nous pousse au bord du gouffre.»

Une mobilisation nationale et européenne

Cette action s’inscrit dans un mouvement plus large. En effet, la FNSEA appelle à une mobilisation à Bruxelles le 18 décembre afin de s’opposer frontalement à l’accord UE-Mercosur et d’alerter sur les effets cumulatifs des nouvelles réglementations européennes.

Pour les agriculteurs présents lundi à Paris, l’objectif était clair : interpeller leur ministre, rappeler la réalité du terrain et appeler «la France à faire bloc» contre un accord commercial qu’ils jugent destructeur.

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