Afdi Hauts-de-France : quarante ans d’échanges paysans
Afdi Hauts-de-France organisera, le 12 juin, à 13h30, son assemblée générale à la Cité de l’agriculture de Saint-Laurent-Blangy. Mais, au fait, Afdi, c’est qui, c’est quoi ?
Afdi : quatre lettres de l’alphabet qui signifient Agriculteurs français et développement international. Quatre lettres, oui, pas plus, mais déclinées dans seize pays hors des frontières françaises, et qui parlent du monde agricole, de solidarité, de partenariats au long cours, d’échanges entre paysans, de citoyenneté et de solidarité. Tout commence dans les années 1970, quand le Sahel est frappé par la sécheresse, suivie de famines.
Des agriculteurs français, regroupés au sein des syndicats agricoles et des chambres d’agriculture, décident alors d’agir pour venir en aide aux populations, en organisant une aide alimentaire. Aider, c’est bien, construire, c’est mieux. Ce qu’il faut à l’Afrique, pensent-ils, ce n’est pas une aide alimentaire, mais un soutien au développement de l’agriculture africaine pour que les populations subviennent à leurs propres besoins.
Aussitôt la réflexion posée, le monde paysan s’organise et porte sur les fonts baptismaux, en 1975, Afdi. La structure nationale essaime en région. Des Afdi voient le jour. Celle de l’ex-Picardie naît en 1978, celle du Pas-de-Calais en 1982, rassemblées depuis 2016 au sein d’Afdi Hauts-de-France. Aujourd’hui, ce sont seize entités régionales qui rayonnent sur le territoire national à côté de l’association nationale, ainsi que sept bureaux internationaux.
Les missions
Pour toutes les structures, la spécificité du mouvement et sa philosophie sont les mêmes : promouvoir les agricultures familiales, avec derrière la volonté de lutter contre la pauvreté. Comment ? En passant par les organisations paysannes partenaires dans les pays en développement. De même, Afdi s’est donné la mission de sensibiliser le monde agricole et rural français au développement international pour qu’il s’engage dans des actions de solidarité internationale. Le principe : en interpellant les organisations paysannes ici, les choses peuvent bouger là-bas. Last but not least, en coopérant exclusivement avec des organisations créées et gérées par des paysans, Afdi favorise leur renforcement institutionnel et organisationnel, ainsi que le développement de l’ensemble des services agricoles adaptés aux besoins de leurs membres.
A noter que le mouvement a évolué ces dernières années en intégrant une nouvelle mission : créer du lien économique entre les organisations agricoles, un lien de plus en plus demandé par les partenaires du Sud et les coopératives françaises. Ainsi, à titre d’exemple, une coopérative française, qui s’intéresse au marché africain, peut être accompagnée sur place par Afdi et bénéficier de son expertise et de ses réseaux, «mais à la condition sine qua non que les échanges soient du gagnant-gagnant. Notre mission à ce niveau est d’apporter de l’éthique dans les échanges», commente Flore Ferraro, coordinatrice d’Afdi Hauts-de-France.
Outre ces missions, qui définissent l’ADN d’Afdi, sa spécificité sur le territoire français se décline également par son maillage territorial, qui permet de mobiliser près de 6 000 agriculteurs français pour des missions d’expertise et de conseil dans les pays où sont mis en place des partenariats, mais aussi sur place quand ils accueillent des représentants agricoles et des agriculteurs de l’hémisphère sud.
En termes de fonds, Afdi vit avec les adhésions des organisations professionnelles agricoles et des agriculteurs, ainsi qu’avec les subventions de l’Agence française de développement (AFD), adossées à une convention - programme, les aides des collectivités territoriales, et des fonds récoltés auprès de fondations ou obtenus dans le cadre d’appels à projets.
Afdi Hauts-de-France
Si Afdi multiplie les actions en région en organisant des interventions en milieu scolaire et universitaire, des conférences - débats, des rencontres thématiques, des soirées festives, et en accueillant les partenaires sur place -, elle intervient aussi hors des frontières hexagonales. En l’espace de quarante ans, ce sont cinq partenariats qui ont été noués par l’association.
Si le nombre de cinq pour les partenariats pourrait paraître ridicule sur une période de quarante ans, il ne faut pas perdre de vue que la durée moyenne d’un partenariat est au moins de dix ans, afin de mener à bien les projets lancés. Ils concernent la Guinée (partenariat lancé en 1992), le Tchad (partenariat lancé en 2016), le Togo (partenariat lancé en 2014), Madagascar (partenariats lancés en 2003 et 2015) et le Cambodge (partenariat lancé en 2016).
Ces partenariats ont bénéficié à 45 000 agriculteurs. Ils ont concerné cinq filières (pommes de terre, maïs, riz, cacao, karité), et couvrent quatre thématiques phares, à savoir, l’appui à l’installation des jeunes, le conseil à l’exploitation familiale, l’appui filière et commercialisation, la gouvernance et la gestion financière.
Madagascar : une des plus belles réussites
Tout commence en 2003 quand des associations d’agriculteurs du Sambirano se rapprochent de l’Afdi pour qu’elle les aide à se structurer en coopératives agricoles, avec pour volonté commune de commercialiser leur cacao vers des marchés plus rémunérateurs. Afdi Picardie recherche des compétences sur son territoire au niveau de la Fédération des coopératives de Picardie pour trouver les bonnes volontés prêtes à apporter leur expertise. Vingt-cinq coopératives verront le jour avant de se structurer autour de l’Union des coopératives Lazan’Ny Sambirano (UCLS), créée en 2009.
«Notre collaboration a permis aux producteurs de cacao d’avoir les moyens de proposer à leurs clients une denrée de qualité supérieure. Grâce à des certifications bio-équitables, les prix de vente sont excellents et le niveau de vie des paysans a nettement progressé. Reste à améliorer la gouvernance de l’UCLS. Il est prévu que ce partenariat s’achève dans deux ans avec la pleine autonomie de l’UCLS», indique Pierre Klein, responsable du partenariat avec UCLS.
Que ce soit à Madagascar, au Tchad, en Guinée, au Cambodge ou au Togo, «nous n’imposons jamais de modèle agricole, pas plus que nous ne faisons la promotion d’un modèle ou d’un autre. Ce sont les paysans sur place qui choisissent. Si les paysans sur place peuvent s’inspirer de ce qui se fait chez nous et adapter certaines pratiques à leur contexte, l’échange fonctionne dans les deux sens. C’est tout l’intérêt de ces partenariats», conclut Flore Ferraro.
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