L'Oise Agricole 30 novembre 2017 a 09h00 | Par Delphine Jeanne

Alimentation : quelle agriculture pour demain ?

Dans le cadre des États généraux de l’alimentation, la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale a organisé une journée de tables-rondes sur le thème de «l’alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous».

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Cliente dans un rayon frais en libre-service d'un hypermarché.
Cliente dans un rayon frais en libre-service d'un hypermarché. - © Dominique Poilvet

Aujourd’hui, l’agriculture représente 26 % de la consommation énergétique de l’Union européenne, et produit 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Parallèlement, deux milliards de personnes sont carencées dans le monde, face à deux milliards de personnes souffrant d’obésité. Des chiffres rappelés par le député européen Michel Dantin devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale le 23 novembre, et qui nécessitent «de trouver des solutions alternatives», a-t-il insisté.

D’autant plus que, comme le sou-ligne Nicolas Jacobs, représentant de IPES-Food, un panel international d’experts, qui travaille sur les systèmes alimentaires durables, l’agriculture industrielle, «basée sur un système de prix bas», ne donne pas de bons résultats : elle ne permet pas aux agriculteurs d’avoir un niveau de vie décent, et contribue au changement climatique avec les impacts environnementaux et sanitaires que cela implique. Une transition vers un système plus durable est donc nécessaire, basé sur la fertilité des sols, la réduction du recours aux intrants et sur la stabilisation du revenu des agriculteurs.

Quels leviers ?

Le retour de valeur aux producteurs est un préalable pour faciliter le changement de modèle. Comme l’a rappelé Michel Dantin, en citant l’exemple du kilo de sucre acheté en grande surface, «la recherche de valeur ajoutée se fait actuellement autour du packaging», et non sur la qualité du produit brut. Et s’il continue de se nourrir à bas coût, la plupart du temps, le consommateur a néanmoins des exigences croissantes vis-à-vis de son alimentation.

Pour le rassurer, un travail important est à mener en matière de relocalisation de l’alimentation (relocalisation également plus vertueuse pour l’environnement), mais aussi au niveau de la transparence de la chaîne alimentaire, via les nouvelles technologies par exemple, ainsi que sur le plan de la recherche. Et, bien sûr, à travers le choix de modèles de production particulier. La croissance remarquable de l’agriculture biologique est un bon exemple. «Il reste des marges de progrès importantes», estime Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio, car si une bonne partie de la consommation bio se concentre sur les fruits et légumes, on ne compte que 3 kg de fruits et légumes bio consommés par personne et par an en France. Cependant, «nous rencontrons une limite forte aujourd’hui : la production», insuffisante pour fournir la demande, poursuit Florent Guhl. Les plans de filières demandés dans le cadre des États généraux seront l’occasion d’identifier les freins au développement du bio dans chaque production. La réduction des intrants, inhérente à l’agriculture biologique, est l’une des réponses aux demandes sociétales actuelles de moindre exposition aux pesticides. Cependant, l’enjeu sanitaire de l’alimentation de demain est plus large : il s’agit de réduire l’exposition des concitoyens aux substances présentes dans l’alimentation, comme les résidus chimiques, mais aussi les nano-matériaux, ou encore les perturbateurs endocriniens, a expliqué, de son côté, Roger Genet, directeur de l’Anses.

Il indique pour cela plusieurs pistes de travail : renforcer la connaissance des comportements de consommation, des filières de production et des évolutions des systèmes, poursuivre dans la lutte contre l’antibiorésistance, augmenter la transparence et la confiance accordée à l’expertise scientifique, ou encore développer une communauté internationale de chercheurs en éco-toxicologie. Beaucoup de chantiers qui devraient probablement être sou-tenus à l’issue de la deuxième phase des États généraux de l’alimentation, dont les conclusions générales sont attendues en décembre.

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