L'Oise Agricole 16 novembre 2023 a 07h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Arnaud Rousseau place l'économie au coeur de la défense syndicale

Les membres du conseil d'administration ont été invités en fin de matinée à rencontrer Arnaud Rousseau avant la séance de l'après-midi en présence des adhérents.

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Agriculteur à Lizy-sur-Ourcq, en bord de Seine-et-Marne, Arnaud Rousseau connaît bien le département de l'Oise et son parcours syndical est des plus classiques : président de FDSEA, administrateur à la Fop et au groupe Avril avant d'en prendre la présidence. C'est lors du dernier congrès qu'il prend la suite de Christiane Lambert à la FNSEA.

«Mon approche des dossiers est avant tout économique : on ne fera pas de transition agro-écologique ni de décarbonation si l'agriculteur ne gagne pas sa vie de façon correcte et pas uniquement avec des soutiens publics», pose d'emblée Arnaud Rousseau. Il remet au coeur de son discours la notion de chef d'entreprise et l'engagement que cela nécessite, y compris en terme d'investissements financiers. «Nous avons une souveraineté alimentaire à reconstruire et cela ne pourra se faire qu'au sein des filières».
L'agriculture est également confrontée au renouvellement des générations. «S'installer nécessite de lourds capitaux, dont la rentabilité est faible, avec entre 55 et 60 heures de travail par semaine et des revenus faibles à modérés. Ce n'est pas une activité très sexy et ce n'est pas avec un revenu de 800 euros/mois que nous allons donner envie à des jeunes de s'installer», pose le président de la FNSEA pour qui parler argent n'est absolument pas un tabou.

Et qui n'a pas la langue de bois. «On nous parle de l'effet ciseaux cette année avec une hausse des charges et un tassement des cours. Mais jamais il n'y a eu autant de prêts Agilor ! Investir beaucoup dans du matériels agricole, était-ce bien raisonnable ?» s'interroge Arnaud Rousseau.

Le cas du GNR
«Tous les ans, l'exonération fiscale du GNR revient sur le tapis à chaque projet de loi de finances. Nous nous doutions bien que cela serait remis en cause. Nous n'avons pas attendu les débats à l'Assemblée Nationale, nous avons rencontré Bruno Le Maire. La niche va disparaître en deux ans, mais nous avons obtenu des compensations en termes de fiscalité sur les plus-values, sur le micro-bénéfice agricole et la déduction pour épargne de précaution» (voir L'Oise Agricole 1606, page 35, ndlr).
Et puis, rappelle Arnaud Rousseau, le GNR avait augmenté de 20 centimes depuis 6 mois sans que personne ne trouve rien à y redire, alors que cette perte de défiscalisation de 2,85 centimes fait réagir tous les agriculteurs ! D'autres secteurs, comme les travaux publics, qui n'ont rien négocié par anticipation, eux, vont tout perdre.

D'autres combats
Le président de la FNSEA annonce que de nombreuses taxes étaient dans la musette du gouvernement, mais que la FNSEA a dû batailler ferme pour éviter qu'elles ne soient mises en oeuvre. Néanmoins, Arnaud Rousseau sera attentif à la RPD (redevance pour pollution diffuse) dont on ignore l'utilisation et à toutes les politiques de l'eau.
Il évoque également les haies, régies par 14 textes différents. «L'ambition gouvernementale est d'en planter 50.000 km d'ici 2030, soit 8.000 par an, alors qu'on n'en plante que 1.000 par an. Comme les subventions ne sont pas versées, comment donner envie aux agriculteurs de s'investir ?» Sans compter le refus de créer une filière économique (plaquettes, bois de chauffage...) autour des haies, afin de les rendre plus attractives.
Sans parler des incohérences réglementaires que les agriculteurs doivent subir. Par exemple, la gestion des cannes de maïs après récolte. Si c'était du maïs ensilé, elles peuvent rester dans le sol. Si le maïs a été récolté pour le grain, alors l'exploitant a 15 jours pour les enfouir !
Les élus de l'Oise ont attiré l'attention d'Arnaud Rousseau sur la définition de l'agriculteur actif. «C'est une notion très compliquée qui revêt des réalités très diverses selon les régions françaises. Mais il sera difficile de faire du cas par cas, c'est très compliqué», admet le responsable.

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