Aviko mise sur une pomme de terre plus verte
Lors de l’assemblée générale de l’association Producteurs pour Aviko (PPA), les représentants de l’industriel néerlandais ont d’abord parlé perspectives de croissance et développement durable. Pour les prix de contrats 2024, il faudra attendre quelques semaines.
«L’an dernier, à cette époque de l’année, nous avions déjà les prix des contrats de l’année suivante. Mais autant vous le dire, ce ne sera pas le cas cette année», a lancé en préambule de son propos le directeur des approvisionnements d’Aviko, Dick Zelhorst lors de l’assemblée générale de l’association Producteurs pour Aviko (PPA), le 12 décembre.
La raison de ce «retard» dans les discussions ? Un contexte assurément atypique avec une météo capricieuse – 5 à 6 % du volume de pommes de terre à récolter serait encore en terre aujourd’hui –, une demande en pommes de terre toujours en croissance, une envolée des prix de la matière première mais aussi des tensions sur l’approvisionnement en plants.
En ce qui concerne les contrats de la campagne 2024, responsables de PPA et d’Aviko n’en sont donc à l’heure qu’il est qu’aux «premières réflexions». Et Dick Zelhorst d’assurer que «les discussions ont commencé il y a six semaines» et qu’elles «se poursuivent.» Mais pour le président de PPA, Alain Dequeker, cela ne fait aucun doute : «Produire de la pomme de terre pour Aviko en 2024 ne sera pas moins attractif qu’en 2023…»
Diversité de contrats
Sans entrer dans le fond, la réunion aura été toutefois l’occasion pour Aviko de présenter son panel de contrats : d’une part, un contrat tonne nette avec prix fixe, prix minimum garanti ou mixte incluant une part de prix campagne et, d’autre part, un contrat hectare avec prix fixe, prix minimum garanti ou un mixte des deux.
Les responsables de PPA ont, quant à eux, rappelé leur attachement à la diversité des contrats, à la clause de force majeure ainsi qu’au contrat «pool» qui change de nom en 2024 pour devenir le contrat «prix campagne». Le principe de ce contrat reste inchangé. Pour Hubert Darras, administrateur de l’association PPA en charge du dossier, «l’objectif est de valoriser l’ensemble des tonnages en contrat à un prix moyen supérieur à la grille de prix fixe.
Ce contrat répond à l’attente du producteur qui cherche à maximiser son prix ou les producteurs engagés en contrat hectare». Aux Pays-Bas, on note que ce type de contrat est particulièrement apprécié. «Selon que l’on soit un producteur historique ou un nouveau producteur, le contrat ne doit pas être le même», a de son côté défendu Alain Dequeker, président de l’association PPA. «De la même manière, le contrat doit être différent s’il s’agit de livraisons de hâtives ou s’il y a stockage. Et puis enfin, il y a la force majeure à laquelle on tient et qu’on ne trouve pas ailleurs», a ajouté le producteur nordiste. Aussi, a-t-il conclu, «tout cela est de nature à sécuriser la production de pommes de terre et à donner confiance».
«Pas de plants, pas de pommes de terre»
Dans l’exposé de ses perspectives de croissance, Aviko dit vouloir «augmenter les volumes contractualisés de pommes de terre», s’intéresser à un système de primes pour les producteurs et, enfin, élargir le panel variétal. Si l’industriel se montre si prompt à le faire, c’est parce qu’il partage avec les producteurs une inquiétude sur la disponibilité du plant.
Pour l’heure, même si le service approvisionnement d’Aviko assure que ses besoins sont couverts via des contrats pluriannuels avec plusieurs semenciers, cela ne l’empêche pas de faire la promotion du plant coupé : «Il faudra sans doute utiliser un peu plus de plants coupés», a dit Dick Zelhorst. «Si en France vous n’avez pas trop l’habitude, aux Pays-Bas, cela se fait plus facilement.» Du côté de PPA, Alain Dequeker souligne que «le plant coupé n’est pas source d’échec. Il y a forcément des précautions à prendre, mais ce n’est pas pénalisant».
Ce qu’il faut éviter en revanche, selon lui, «c’est le plant de ferme ou le rataplan si l’on veut continuer à avoir un état sanitaire de nos sols permettant de continuer à produire sainement de la pomme de terre».
Aviko a faim
Si l’on parle beaucoup des projets de construction ou d’agrandissement chez d’autres fabricants de produits de pommes de terre depuis quelques mois, Aviko n’est pas en reste. Et a voulu le rappeler lors de sa rencontre avec les adhérents de PPA en listant ses projets : multiplier par deux la capacité de l’usine de fabrication de flocons de Rixona (Pays-Bas) ; augmenter la capacité de l’usine Farm Frites de Lebork (Pologne), tripler la capacité d’une de ses usines de fabrication de frites en Chine.
À Poperinge (Belgique), dans l’usine construite en 2020, une deuxième ligne de fabrication de frites est dans les cartons. Des investissements sont également prévus pour réduire la consommation énergétique de l’usine belge, avec notamment l’abandon des chaudières fonctionnant au gaz. «Le projet consiste à avoir une usine neutre en CO2 d’ici 2027», a détaillé son directeur, Erwin Wuyts.
Une supply chain plus verte
Investir dans ses usines ne suffira toutefois pas et c’est pour cela que le groupe coopératif Cosun - Aviko en est une filiale - a récemment décidé de dédier une enveloppe à des projets destinés à rendre ses activités «plus vertes». La pomme de terre ne fait pas exception. «Ce sont nos clients qui nous demandent de les aider à rendre leur chaîne d’approvisionnement plus durable», a ainsi déclaré Dick Zelhorst.
Dans le même temps, il faut se rendre à l’évidence : «la société dans laquelle nous vivons comme tout un tas d’ONG sont de plus en plus critiques.» Quant aux concurrents d’Aviko, «ils partagent les mêmes ambitions et sont même plus exigeants que nous dans certains cas…» Enfin, Aviko et consorts ne peuvent ignorer une législation qui se durcit, citant par exemple la stratégie Farm to Fork. C’est pourquoi un certain nombre d’initiatives ont déjà été mises en place, notamment pour le recyclage des emballages. «On ne pourra pas passer à côté», assure le directeur des approvisionnements d’Aviko.
Pour Cosun, l’inaction en matière de développement durable a un prix : 70 millions d’euros par an de taxes pour émissions de CO2. Et le risque d’une image dégradée en étant pointé du doigt. L’association PPA confirme, quant à elle, travailler sur le sujet de la certification HVE en appelant ses adhérents à viser le niveau 3 et s’intéresse à la vitalité des sols. Derrière ces travaux, l’ambition de l’association est d’obtenir des arguments qui pourraient lui servir à négocier des paiements pour services environnementaux (PSE) auprès d’Aviko pour ses producteurs.
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,