L'Oise Agricole 04 décembre 2020 a 10h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Bleu Blanc Cœur : une démarche à développer dans l’Oise

Si le GIE Linea, créateur de variétés de lin, et Lin 2000, coopérative installée à Grandvilliers, sont deux acteurs incontournables du lin textile dans l’Oise, il ne faut pas oublier la production de lin oléagineux, graine aux multiples vertus, exploitée notamment au travers de la filière Bleu Blanc Cœur.

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Denis Burlaud, responsable technique semences de lin à Lin 2000, a été le promoteur du développement des surfaces en lin oléagineux en France, point de départ de la filière Bleu Blanc Cœur.
Denis Burlaud, responsable technique semences de lin à Lin 2000, a été le promoteur du développement des surfaces en lin oléagineux en France, point de départ de la filière Bleu Blanc Cœur. - © D.

En effet, le GIE Linea propose dans son catalogue des variétés de lin oléagineux, d’hiver et de printemps, qui sont multipliées par les adhérents de la SCA Lin 2000. Denis Burlaud, responsable technique semences de lin, le confirme : «Linea est un GIE constitué de quatre coopératives mais, historiquement, c’est la SCA Lin 2000 qui multiplie les semences de lin oléagineux. Ces semences sont commercialisées dans la France entière et même à l’étranger.»

Le point de départ de la création de la filière Bleu Blanc Cœur est le constat assez précurseur, il y a vingt ans, de l’urgence à modifier l’alimentation du bétail afin d’en améliorer la qualité. Des sols préservés, des animaux nourris avec moins de maïs ensilage et de soja OGM, et des produits alimentaires plus riches et équilibrés en omégas 3, autrement dit des acides alpha-linoléniques pour redresser le déséquilibre nutritionnel constaté. «Notre première pharmacie, c’est notre alimentation et, globalement, les Français consomment un oméga 3 pour vingt omégas 6, alors qu’il en faudrait un pour 3 à 6. Le point de départ de ce déséquilibre au sein de la chaîne alimentaire vient de la ration des animaux qu’il faut donc enrichir en omégas 3 en y introduisant plus d’herbe, des graines de lin, de la luzerne, du tourteau de colza, tout en limitant l’usage du maïs et du soja, riches en omégas 6», affirme Denis Burlaud.

Une filière globale

Car les études scientifiques démontrent que les omégas 3 ingérés par les animaux contribuent à leur meilleure santé et que les produits finaux, viande, lait et œufs, gardent ces teneurs élevées en omégas 3 au bénéfice du consommateur final, l’homme.

La démarche Bleu Blanc Cœur a ainsi été créée autour de ce constat et rassemble, au travers de plusieurs collèges, des producteurs, des scientifiques, des transformateurs, des consommateurs.

«Au départ, le rôle de Lin 2000 était de permettre le développement de la production de lin oléagineux, aliment de base nécessaire au développement de la filière. Comme à chaque étape de la démarche, nous respectons un cahier des charges avec une obligation de résultats. Nos graines de lin doivent avoir une teneur en huile et des taux d’omégas 3 suffisants, d’où le respect d’un cahier des charges», expose le responsable.

Deux variétés de lin oléagineux d’hiver, Angora et Attila, ainsi que quatre de printemps, Marquise, Progress, Access et Empress, sont multipliées par la SCA Lin 2000, avec des besoins croissants. «Il y a 20 ans, au début de Bleu Blanc Cœur, seuls 3.000 ha de lin oléagineux étaient semés en France. Aujourd’hui, nos îlots de production, répartis dans toute la France, concernent 30.000 ha, une progression importante. Pour y arriver, je suis allé dans toutes les régions inciter à la production de lin oléagineux et j’ai accompagné les agriculteurs», détaille Denis Burlaud.

La filière avait besoin de graines de lin qui sont extrudées (leur enveloppe est une barrière à la disponibilité des omégas 3) dans l’usine Valorex, près de Fougères (35) avant d’être incorporées dans des aliments bétail labellisés Bleu Blanc Cœur. Les surfaces ont suivi l’évolution croissante des besoins de la filière et, chaque année, en mai-juin, un point est fait sur la campagne à venir. Valorex, les fabricants d’aliments bétail et les producteurs de lin se mettent d’accord sur les surfaces à emblaver. «Cette connaissance du marché et l’accompagnement technique que nous assurons est en adéquation avec les débouchés et chaque producteur de lin signe un contrat un an à l’avance, avec un prix fixé donc un revenu assuré», assure le responsable.

Une obligation de résultats

900 adhérents font partie de l’association Bleu Blanc Cœur, dont la SCA Lin 2000 dans le collège de la production végétale. Chacun des 8 collèges envoie deux représentants au conseil d’administration de Bleu Blanc Cœur. Denis Burlaud est l’un des deux administrateurs du collège 1 depuis 20 ans. «Je suis satisfait de participer à une démarche qui pouvait sembler novatrice à sa création, mais qui me paraît totalement correspondre à la demande actuelle des consommateurs : un moindre impact environnemental avec l’introduction de nouvelles cultures et la préservation de la biodiversité, des animaux mieux nourris et en meilleure santé pour, au final, des produits alimentaires avec un réel atout nutritionnel», témoigne Denis Burlaud.

Comme le bio, Bleu Blanc Cœur est le seul label de qualité qui impose des analyses à chaque étape, de la production à la transformation. Les produits Bleu Blanc Cœur sont accessibles en terme de prix et sont souvent vendus sous marque de distributeurs, comme le lait, les oeufs, le beurre et le jambon blanc.

À chaque étape, un cahier des charges et des obligations de résultats sont imposés, afin que l’équilibre oméga 3/oméga 6 soit respecté. «Par exemple, selon les zones d’élevage, l’éleveur nourrira ses animaux avec de l’herbe, du lin extrudé l’hiver. Les systèmes fourragers ne sont pas les mêmes selon les zones, l’essentiel est que les résultats soient conformes aux attentes.»

Le seul regret de Denis Burlaud est qu’aucun éleveur ne soit investi dans la démarche dans l’Oise. Le département est uniquement présent par sa production de semences de lin oléagineux, essentiellement sur la partie Sud et dans les départements limitrophes. «Les éleveurs nous font souvent remarquer que les aliments à base de lin extrudé ont un coût supérieur, justifié par le prix de rachat des graines au producteur. Mais c’est oublier qu’avec leur richesse en oméga 3, le troupeau est en meilleure santé et les dépenses sanitaires sont bien moindres. Tous les éleveurs Bleu Blanc Cœur le confirment», avance le responsable semences. En cette période de remise en question des systèmes traditionnels et de recherche de valeur ajoutée, Bleu Blanc Cœur pourrait peut-être donner des idées.

 

Bleu Blanc Cœur fête ses vingt ans

L’association Bleu Blanc Cœur regroupe des scientifiques, des médecins, des agriculteurs, des éleveurs, des sportifs, des gastronomes, des consommateurs... autour d’une démarche pour la santé des sols, des animaux et des hommes et ce depuis vingt ans maintenant.

Au départ, le désir d’éleveurs de sortir l’alimentation de leur troupeau du maïs ensilage-soja pour aller vers des plantes produites par eux, plus vertueuses pour les sols, par exemple le lin oléagineux et les protéines, la volonté de protéger la terre, mieux nourrir les animaux et donc les hommes. Et ce avec une obligation de moyens et de résultats et des cahiers des charges pour chaque production agricole et pour chaque étape de la transformation.

Bleu Blanc Cœur, ce sont des viandes, des œufs, des produits laitiers, des fruits et légumes, du miel, mais aussi des produits transformés.

La démarche est globale, rassemble de nombreux métiers et agit à différents nivaux de système de production agricole :

- jusqu’à 30 % d’impact en moins sur le changement climatique grâce à la réintroduction de cultures disparues comme le lin, la luzerne, le lupin...

- zéro huile de palme et limitation du soja d’import et du maïs ensilage pour des animaux mieux nourris, sans besoin d’antibiotiques, en meilleure santé

- des produits alimentaires plus riches en omégas 3 bénéfiques pour la santé humaine : lutte contre les maladies de civilisation (cancer, obésité, diabète...) principalement liées à des carences et des déséquilibres nutritionnels. Des études cliniques et des publications scientifiques attestent de la démarche et de son impact positif sur la santé des sols, des animaux, des plantes, des hommes

- une obligation de résultats : 5.000 analyses par an sur le profil lipidique des produits finis en plus du respect des divers cahiers des charges.

bleu-blanc-coeur.org

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