Cette étude qui révèle que les Français veulent une écologie «positive»
Rejet du carcan normatif, demande d’innovation et de pragmatisme : l’étude Verian révèle une fracture entre écologisme militant et attentes citoyennes.

Selon une enquête réalisée par l’institut Verian pour la revue L’Hémicycle et commentée par la Fondapol à l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) des 27 et 28 août 2025, les Français affichent une sensibilité réelle aux enjeux environne-mentaux. Ainsi, 57 % déclarent avoir «une bonne image des as-sociations ou mouvements écologistes». Cette adhésion reste toutefois nuancée, puisqu’une large partie de l’opinion rejette la traduction politique de l’écologie lorsqu’elle se transforme en «écologisme» réglementaire, bureaucratique et fiscal. Les citoyens souhaitent en effet une écologie ancrée dans la science, l’innovation et la prospérité, et non dans la décroissance ou la multiplication des contraintes.
Trop de normes, trop de bureaucratie
Près des deux tiers des répondants (66 %) estiment qu’il existe «trop de normes environnementales pour les entreprises». Pour 67 %, ces normes fragilisent l’industrie française face à la concurrence internationale, et 73 % jugent qu’elles imposent «des contraintes administratives trop importantes». Ce rejet du «normativisme» écologique est lié à une perception de la bureaucratie comme obstacle à la compétitivité. Trois quarts des Français considèrent ainsi que «les normes environnementales sont révélatrices d’une bureaucratie trop importante».
Au-delà de la charge administrative, une inquiétude grandit face au risque de voir l’écologie instrumentalisée comme un nouvel outil fiscal. Une majorité (62 %) estime par exemple que la «fiscalité verte» est «injuste» car elle pèse d’abord sur les classes moyennes, rurales ou défavorisées. Plus d’un Français sur deux (55 %) y voit une contrainte inefficace, culpabilisante et sans alternatives concrètes.
Une écologie perçue comme idéologique
Le sondage révèle également un rejet du discours écologiste perçu comme déconnecté des réalités. Pour 87 % des personnes interrogées, les associations écologistes «manquent parfois de lien avec le terrain en tenant des positions trop idéologiques». De même, 81 % jugent que l’écologie est de-venue «un sujet de société, plus que de science», et 65 % estiment que les oppositions aux projets industriels reposent davantage sur des postures idéologiques que sur des arguments scientifiques. Conséquence : l’opinion publique reproche aux écologistes un blocage systématique, jugé nuisible pour l’économie et les territoires. Pas moins de 86 % considèrent que cette opposition «ralentit des initiatives pourtant utiles».
Un mouvement limité socialement et électoralement
L’étude met aussi en évidence le caractère minoritaire de l’écologisme politique. Pour 60 % des sondés, la cause environnementale est avant tout «une préoccupation de citadins déconnectés de la réalité des Français». Cette distance se traduit aussi dans les urnes. Depuis 1965, les candidatures écologistes à la présidentielle n’ont obtenu en moyenne que 3,2 % des suffrages exprimés, loin de l’influence médiatique dont bénéficie ce courant. Une distorsion qui alimente le procès en illégitimité démocratique de l’écologisme. La perception d’un mouvement opaque, davantage guidé par un «agenda idéologique» (60 %) que par «l’intérêt général» (40 %), renforce cette fracture. Enfin, 84 % dénoncent une stratégie d’imposition par la «pression médiatique et judiciaire» au détriment du dé-bat démocratique.
Vers une «écologie positive»
Face à ces critiques, l’étude Verian montre l’aspiration à une alternative : une écologie de croissance et de marché, capable de dialoguer avec l’industrie et de s’adapter aux réalités économiques. Ainsi, 78 % des Français souhaitent que «l’écologie s’adapte davantage aux réalités économiques et industrielles», et 70 % qu’elle tienne compte de la réalité industrielle. Pour 81 %, les normes devraient être différenciées selon les secteurs d’activité, et 88 % jugent que «le dialogue entre écologie et industrie est possible, mais encore trop rare». Derrière cette orientation se dessineraient les contours d’une écologie «positive» : scientifique, pragmatique, créatrice de prospérité et non punitive. Une conception qui se veut compatible avec l’économie de marché, loin des logiques décroissantes ou normatives.
Le contraste entre la sensibilité environnementale des Français et leur rejet du discours écologiste souligne une tension majeure : comment concilier protection de l’environnement, acceptabilité sociale et vitalité économique ? En résumé, cette enquête rappelle que l’avenir de l’écologie ne pourra se construire ni contre les entreprises, ni contre la démocratie, mais en s’ouvrant davantage à une écologie positive, ouverte à l’innovation et au dialogue.
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