Saucisson de Savoie, comté, épices... La boutique des producteurs, lancée fin 2018 par Amazon, réunit aujourd'hui plus de 400 producteurs (agriculteurs, artisans des métiers de bouche, petits transformateurs) qui commercialisent sur la plateforme 13 000 produits alimentaires et boissons. Le site de commerce en ligne constate une certaine stabilité parmi les vendeurs.

Signe d'un choix «très sélectif» des dossiers à l'entrée, ont estimé ses représentants lors d'un échange avec la presse le 25 avril, à l'occasion de sa première participation à la Foire de Paris du 28 avril au 9 mai. Sans dévoiler les chiffres d'affaires réalisés via la plateforme, Amazon affirme qu'il n'y a pas de minimum requis pour figurer sur sa boutique. Les producteurs-commerçants payent un abonnement mensuel de 39EUR, et une commission comprise entre 8 et 15% est perçue par Amazon sur chaque produit vendu. Une formule que le géant du web estime «très raisonnable».

Toucher une clientèle plus large

«Les commissions d'Amazon ne sont pas très élevées par rapport à d'autres plateformes», attestent Delphine Liégeois et Damien Boutines, deux vendeurs. À la tête d'une exploitation d'un hectare de safran dans les Ardennes, Delphine Liégeois transforme elle-même sa récolte en poudre, filaments et produits dérivés (miels, bijoux, cosmétiques, etc.). La cheffe d'entreprise a intégré dès 2018 la boutique de producteurs d'Amazon, tout en conservant son propre magasin en ligne, lancé trois ans plus tôt. Elle-même cliente du site de vente en ligne, elle y a vu une façon de toucher une plus large clientèle.

La productrice a peu à peu réussi à se démarquer et réalise aujourd'hui 30% de son chiffre d'affaires sur la plateforme, soit environ 20.000 EUR. «Je fais moi-même l'ensemble des expéditions, car je voulais que mes clients aient affaire directement à moi», explique-t-elle. Les producteurs peuvent aussi laisser aux soins d'Amazon le stockage et l'envoi de leurs produits. «J'ai fait le calcul et ça me coûterait beaucoup plus cher par la Poste», témoigne Sarah Kanj, fondatrice de l'épicerie spécialisée dans les produits libanais «made in France» Levanthym.

Un système de livraison avantageux

Même constat pour Damien Boutines, gérant de la conserverie familiale Esprit Foie Gras : «Le coût de l'expédition est quasiment divisé par deux en passant par Amazon.» Il a choisi cette solution pour la livraison de ses conserves de canard (foie gras, graisse de canard, plats cuisinés). «Nous vendons beaucoup de petits colis sur Amazon, souligne-t-il. Ce ne sont pas les mêmes clients que sur notre propre site de vente en ligne, où le panier moyen est de 100 EUR.» Sans parler de la rapidité de livraison.

Pour être le plus réactif, Amazon analyse le comportement des consommateurs afin d'anticiper les futurs achats et d'entreposer les marchandises au plus près des clients potentiels, ont expliqué ses représentants. Pour ses cuisses et ses magrets de canard, la TPE gersoise Esprit Foie Gras doit cependant gérer elle-même les envois, le géant du commerce en ligne n'ayant pas la capacité logistique d'acheminer des produits frais.

Damien Boutines s'est associé au lancement de la boutique des producteurs d'Amazon dès 2018 et réalise aujourd'hui 85% de son chiffre d'affaires sur Internet dont 20% sur le site d'e-commerce américain. Il voit un autre avantage dans sa collaboration avec le géant du web : les vendeurs ne sont pas tenus d'écouler un certain volume sur Amazon et, quand un produit arrive en rupture de stock, ils peuvent le déclarer «épuisé» sans pénalités.

Reste à savoir si ce modèle est intéressant pour tout producteur qui voudrait se lancer dans la vente en ligne. Force est de constater que la plupart des produits vendus sur la boutique sont des produits d'épicerie à forte valeur ajoutée, et tous ne sont pas en vente directe. À titre d'exemple, les paniers de fruits et légumes frais ne sont pas vendus directement par des maraîchers, mais par des entreprises spécialisées dans le «made in France».