Energie : Olivier Dauger réaffirme la primauté de la production nourricière
Dans un entretien avec Actuagri, Olivier Dauger, référent énergie-climat à la FNSEA, met les points sur les i à propos de la contribution de l’agriculture à la production d’énergie : produire de l’énergie c’est utile, mais la production nourricière passe en premier.

Alors que les décrets d’application de la loi d’Accélération des énergies renouvelables (loi dite AER) sont attendus pour les mois à venir, Olivier Dauger, référent énergie-climat à la FNSEA, agriculteur dans l’Aisne et président de la Chambre d’agriculture de ce département, rappelle les conditions dans lesquelles l’agriculture doit contribuer à la sortie progressive des énergies fossiles que recommandent les accords de Paris sur l’effet de serre.
D’abord l’alimentation
«L’électricité solaire permet un revenu complémentaire aux agriculteurs et des externalités positives (dosage de l’ensoleillement des cultures, protection contre le gel et la grêle, contre des rapaces, etc), mais il faut faire attention à ce que le projet énergétique ne devienne pas une rente qui se ferait au détriment de la production de nourriture», déclare Olivier Dauger.
Sans garde-fous, l’appétit des développeurs énergéticiens pourrait conduire les agriculteurs à délaisser la production nourricière, au risque d’aggraver les déséquilibres sur les marchés des denrées. Déjà, «la France importe de plus en plus de produits agricoles, tandis qu’au niveau mondial on voit apparaître des tensions sur certaines productions».
La profession agricole insiste donc pour que sur les terres agricoles on ne parle pas de projets «photovoltaïques» mais de projets «agrivoltaïques». «Dans un projet photovoltaïque simple, on remplace de la production alimentaire par de la production d’énergie».
Dans l’agrivoltaïsme, la fonction nourricière est non seulement préservée, mais elle prime sur la production d’énergie : «Ce n’est pas l’un et l’autre sur la même exploitation, c’est l’un puis l’autre», a-t-il souligné.
D’abord sur les toits
Autre précision : l’électricité solaire doit être produite en priorité sur les toits, les anciens aérodromes ou zones portuaires. Le monde agricole ne se satisferait pas d’une politique énergétique qui laisserait les énergéticiens s’appuyer sur le seul monde agricole, sans chercher d’autres surfaces, pour réaliser l’effort de développement du solaire électrique, avertit-il.
«Pour nous il est très important de maîtriser la consommation de foncier». Il estime toutefois qu’il ne faut pas «rater le démarrage» et que l’objectif est de 50.000 ha en 2030 et de 300.000 ha en 2050, «ce qui n’est pas énorme, comparé aux 27 millions d’ha de la SAU française».
Avec la forte demande d’électricité qui s’annonce, les développeurs, impatients de mener à bien leurs projets, voudraient une période de transition avant les décrets de la loi AER qui devraient durcir les conditions pour que les projets déjà engagés avancent. «Nous disons non à une période de transition, et le gouvernement aussi. Ce que nous demandons, c’est la publication rapide des décrets d’application de la loi», soutient Olivier Dauger.
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