L'Oise Agricole 14 novembre 2021 a 11h00 | Par Flavien Roussel

Il remet les deux-roues d'antan au goût du jour

Depuis février, une boutique spécialisée s'est nichée avenue de Lavaur, à Castres. Éric Fédevieille y répare Solex et mobylettes et peut même les électrifier. Avec passion et bon sens.

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Une bonne électrification se fait après une remise à neuf du deux-roues avec «amour, passion et respect» ainsi qu'une dose de bonne humeur !
Une bonne électrification se fait après une remise à neuf du deux-roues avec «amour, passion et respect» ainsi qu'une dose de bonne humeur ! - © FLAVIEN ROUSSEL

Quand on entre dans le magasin Pétrolette et Solexine, au 48 avenue de Lavaur, un doux parfum de nostalgie et de mécanique chatouille n'importe quel visiteur. Pas question de s'apitoyer car ici, c'est une écologie pragmatique et intelligente qui règne. «Ma philosophie, c'est qu'on peut faire durer les choses ! Nous avons construit de superbes bécanes en France, plutôt que de les jeter, faisons-les durer ! Les vélos anciens sont robustes, les peintures tiennent longtemps, il faut les garder, les retaper», martèle sans faiblir Éric Fédevieille.

L'esprit du Solex dans les veines

C'est après plusieurs années dans la restauration que l'homme s'est lancé dans un nouveau métier de mécanicien. Mais pas pour n'importe quelle bécane ! Dans son enfance, la passion pour les Solex et les mobylettes est née, elle ne l'a jamais quitté. Convaincu qu'«il en faut pour tous les goûts», il n'a donc pas vu d'inconvénient à passer les bécanes à l'électrique.

Afin de participer à l'effort commun pour consommer moins de carburant, le mécano a choisi de faire confiance à la société française Noil qui construit des kits d'électrification homologués.

Après plusieurs mois de formation de mécanique deux-roues et l'obtention de l'agrément, il peut désormais convertir les Solex ainsi que certaines mobylettes et scooters. Les kits de rétrofit peuvent être installés sur un deux-roues immatriculé, ceci pour être éligibles à une prime d'État.

En France, une poignée de mécaniciens effectuent ce travail. Les clients viennent de partout «Niort, Bordeaux, ou de la Côte d'Azur, précise avec enthousiasme Éric Fédevieille. C'est un travail de très grande qualité et du matériel fiable».

La philosophie du recyclage au bénéfice de tous

Bien entendu, il y a aussi des clients locaux, et de tous gabarits... «Un jour, j'ai un joueur du Castres Olympique âgé de 20 ans qui est venu pour rouler sur une bécane française et électrifiée ! Je n'étais pas très chaud parce qu'avec son poids, je craignais qu'il manque de l'énergie. Mais en fait, il voulait juste aller de son domicile, où il est difficile de garer la voiture, au centre d'entraînement. Donc ça le fait !»

Les Solex sont prévus pour 30 km d'autonomie avec la bride à 32 km/h (comme le moteur d'origine) et il faut parfois pédaler en côte. «Il faut garder l'esprit de la machine ! Si vous voulez aller plus vite, je vous électrifie une mobylette !» explique, amusé, le mécanicien. Les scooters peuvent atteindre 80 km/h et 80 km d'autonomie, en fonction du style de conduite, du relief et des conditions climatiques.

Des pièces d'origine, sinon rien !

Impossible de trouver des pièces adaptables dans l'atelier. Le mécanicien passionné préfère dénicher les deux-roues dans les granges et vérifier les pièces une à une pour avoir un stock de qualité.

On trouve aussi des vieux vélos dans l'arrière-boutique. «Je les retape pour qu'ils roulent 40 ans de plus ! Surtout, ne jetez pas les vieux vélos, les Solex ou les mobylettes ! Je suis acheteur en bon ou mauvais état. À l'époque, les cadres étaient solides, les aciers des cadres et des roues étaient bien meilleurs que tout ce qui vient de Chine.» Interrogé sur la provenance des batteries, Éric Fédevieille déplore qu'il n'y ait pas de producteur français.

Si un jour il y a une usine en France, «alors je serai le premier à les acheter», assure-t-il. «Pour les pneus, j'achète à l'usine Hutchinson de Blagnac. C'est local, je n'ai aucune raison valable d'acheter ailleurs. Et pour la peinture, je passe les pièces à un spécialiste de Roquecourbe.»

Tout est fait pour aboutir à ce qui s'apparente à un travail d'orfèvre. Depuis le paradis des bricoleurs de génie, Léonce Rudelle doit regarder ce travail passionné d'un oeil bienveillant.

Et dans ce monde qui va parfois trop vite sans bien savoir pourquoi, animé par la dangereuse manie du toujours plus gros et toujours plus lourd pour nous déplacer, Éric Fédevielle poursuit son rêve de gosse sans oublier que «rouler à l'ancienne, c'est le top !»

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