Réunis le 17 octobre à Luxembourg, les ministres européens de l'Agriculture ont eu un long échange de vue sur l'abattage des poussins mâles dans la filière poules pondeuses à l'initiative de la France et de l'Allemagne. Le sujet cristallise l'opposition des organisations de bien-être animal depuis de nombreuses années et l'opinion publique y est de plus en plus hostile. En ce domaine, la France et l'Allemagne ont déjà pris certaines initiatives.

Lors du Conseil des ministres européens de l'Agriculture en juillet 2021, les deux pays ont demandé à la Commission européenne de réaliser une étude d'impact - toujours attendue - dans la filière pour une future interdiction. En Allemagne, l'interdiction de l'abattage des poussins mâles est en vigueur depuis janvier 2022. L'Autriche s'est rangée depuis peu à cette initiative. Le Luxembourg l'applique depuis 2018. De son côté, la France a mis en place un régime d'interdiction depuis janvier 2022 qui sera réellement effectif en janvier 2023, cette période transitoire d'un an ayant été décidée pour que les producteurs s'y préparent.

Diagnostic partagé

Lors du Conseil des ministres, Marc Fesneau a rappelé l'engagement volontaire de la France et de l'Allemagne de renoncer à l'abattage des poussins mâles. Il souhaite que cet exemple soit suivi par tous les pays européens pour éviter les distorsions de concurrence. Dans les deux pays, la démarche franco-allemande a suscité une forte mobilisation des professionnels et des scientifiques pour trouver des alternatives.

À ce stade, deux solutions sont envisagées, soit une valorisation des poussins mâles comme poulet de chair, soit un sexage des oeufs avant la naissance des poussins. Ce qui engendre des coûts supplémentaires et pose la question de leur prise en charge dans la chaîne de valeur au sein de la filière, a expliqué le ministre français. En Allemagne, l'interdiction qui est déjà en vigueur n'a pas posé de difficultés insurmontables, selon son représentant. Donc, la fin de cette pratique pourrait être étendue rapidement à l'ensemble de l'Union européenne, estime-t-il. D'une façon générale, la majorité des ministres de l'Agriculture et notamment, l'Autrichien, le Belge, le Chypriote, le Finlandais, l'Irlandais, le Luxembourgeois et le Portugais ont soutenu l'initiative franco-allemande.

Les différentes délégations sont convaincues d'intégrer à l'échelle européenne l'interdiction de la mise à mort systématique des poussins mâles. Certains sans y être hostiles souhaitent ménager une période de transition et un soutien financier de l'Union européenne pour accompagner les opérateurs. La plupart attendent l'étude d'impact de la Commission européenne qui devrait inspirer ses prochaines propositions. La commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, a indiqué qu'elles seraient présentées prochainement dans le cadre de la révision sur la directive sur le bien-être animal prévue l'an prochain