L'Oise Agricole 08 décembre 2022 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

L'agriculture biologique se fait connaître dans les établissements d'enseignement

C'est à Airion qu'avait lieu ce 1er décembre la journée «La bio, mon futur métier», organisée tous les ans par Bio en Hauts-de-France sous la houlette de la Draaf (Direction régionale de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt) dans le cadre du Plan bio régional.

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La salle polyvalente du lycée d'Airion était remplie de jeunes venus de six établissements d'enseignement des Hauts-de-France pour cette journée autour de l'agriculture bio et de ses métiers.
La salle polyvalente du lycée d'Airion était remplie de jeunes venus de six établissements d'enseignement des Hauts-de-France pour cette journée autour de l'agriculture bio et de ses métiers. - © DLC

150 élèves et leurs professeurs, venus de six établissements d'enseignement agricole des Hauts-de-France avaient fait le déplacement pour remplir la salle polyvalente du lycée agricole d'Airion qui les accueillait. Ils venaient de Pierrefonds, Savy-Berlette, du Paraclet, de Crézancy, de Douai et donc d'Airion pour découvrir, s'ils ne les connaissaient pas, l'agriculture biologique et ses métiers. En effet, l'agriculture biologique est plus ou moins traitée dans les référentiels d'enseignement, mais elle doit faire l'objet de toutes les attentions dans le cadre du plan bio régional et des politiques publiques.

Jean-Michel Poirson, directeur adjoint de la Draaf, affichait un discours très volontariste en ce sens : «La bio est à l'avant-garde de la nécessaire transition agro-écologique, une des voies pour répondre aux défis climatiques, alimentaires et environnementaux. C'est vous, les jeunes, qui assurerez cette transition et je me réjouis de l'ambitieux plan bio régional qui sera renouvelé. Même si les surfaces bio en Hauts-de-France sont inférieures à la moyenne nationale, le taux de progression est bon.»

Pourtant, les conversions en bio ont marqué le pas en 2022, comme le rappelle d'emblée Jean-Baptiste Pertriaux, co-directeur de Bio en Hauts-de-France. La faute à l'enchaînement de crises : Covid, inflation, guerre en Ukraine, sécheresse. «Mais la bio fait preuve de résilience et peut répondre aux besoins d'autonomie alimentaire avec des produits sains et durables, elle peut s'adapter au dérèglement climatique, elle fait preuve de sobriété énergétique et elle a un rôle social car elle est un gros employeur agricole.»

Découverte d'exploitations en bio

Courant octobre, les classes participant à la journée avaient visité des exploitations bio et, pour certains élèves, c'était la découverte totale d'un système de conduite méconnu. Trois classes étaient invités à restituer leur visite devant l'assemblée : exploitations en partie ou totalement en bio, avec ou sans élevage, rotation, diversification, main-d'oeuvre, commercialisation, échecs et réussites, réflexions de l'exploitant sur l'amélioration de son système, relations avec le territoire, innovation... tous ces aspects étaient brossés par les élèves qui relevaient aussi les avantages et contraintes des pratiques qu'ils ont découvertes.

Des visites qui ont permis à beaucoup d'appréhender concrètement la complexité d'un système de production qui tend vers plus de résilience, c'est-à-dire à une meilleure adaptation aux perturbations que sont les aléas (impact immédiat, tempête) et les changements (tendance de fond).

Plus d'enseignements de la bio

Pendant que les élèves visitaient l'exploitation ou participaient au forum des métiers, enseignants, conseillers et collaborateurs planchaient ensemble, sous la houlette de Céline Leprovost et de Hervé Longy, de la Draaf. L'objectif est que les participants partagent une culture commune autour de la bio, qu'ils explicitent leurs besoins par rapport à leurs besoins, qu'ils échangent et formalisent des actions communes. Il s'agit en quelque sorte de décliner à l'échelle de la région, la convention nationale relative au développement de la bio dans l'enseignement. Hervé Longy rappelait en préambule que le plan ambition bio inclut une rénovation des référentiels, le suivi de formation par les enseignants et l'engagement des fermes des établissements agricoles dans une conversion bio ou la création d'ateliers bio. Au niveau national, 192 exploitations agricoles servent de support à l'enseignement agricole, avec 70 % des surfaces en bio. Des projets de conversion sont en cours dans les lycées des Hauts-de-France, deux sont déjà entièrement en bio. De même, dans les restaurants scolaires, 12 % des aliments sont bio dans la région contre 11 % de moyenne en France. L'objectif de 20 % est loin d'être atteint et le ministère de l'Agriculture pousse au développement de la bio.

Dans les formations, comment faire reconnaître l'orientation en bio ? Actuellement, une seule est reconnue dans la région, en horticulture. Les représentants de la Draaf invitent les présents à déposer des demandes d'agrément en bio pour les certificats de spécialisation, selon une procédure qui dure 5 ans. En attendant, enseignants et conseillers autour de la table conviennent déjà de mieux communiquer entre eux et de s'échanger des informations. Les enseignants aimeraient des noms d'intervenants professionnels de la bio, producteurs ou conseillers, qui puissent sensibiliser leurs élèves et avoir plus de contenus sur des référentiels en bio. Stages, ateliers sur les exploitations support, témoignages sont déjà un premier pas vers plus d'agriculture biologique dans les établissements scolaires et dans les esprits. Il en faudra sans doute plus pour parvenir aux objectifs du ministère, mais la volonté est là, partagée.

Des agriculteurs participaient aux échanges directs avec les élèves lors de ce forum des métiers. Ici, Amaury Beaudoin, éleveur laitier dans l'Oise.
Des agriculteurs participaient aux échanges directs avec les élèves lors de ce forum des métiers. Ici, Amaury Beaudoin, éleveur laitier dans l'Oise. - © dlc

Le forum des métiers, un temps fort de la journée

L'après-midi, outre la visite de la ferme du lycée agricole d'Airion dont une partie est convertie en agriculture biologique, les 150 élèves étaient invités par groupe à échanger avec des professionnels évoluant dans l'agriculture biologique : producteurs, conseillers de Chambre d'agriculture, de coopérative ou de Bio en Hauts-de-Francese sont prêtés au jeu des questions-réponses. «Avec mon collègue Pierre Le Fur, spécialisé en maraîchage bio, nous avons déroulé notre cursus scolaire, très différent, puis nos expériences professionnelles variées, histoire de montrer qu'on n'est jamais enfermé dans un secteur mais que l'on peut rebondir et notamment acquérir une expérience dans la bio en conseillant des agriculteurs et en travaillant avec eux pour répondre à leurs attentes. Ces dernières ne sont pas que techniques, elles touchent parfois les domaines de l'organisation ou du relationnel, ce qui nous permet de faire intervenir des collègues spécialisés dans ces domaines, c'est très enrichissant», témoigne Gilles Salitot, conseiller bio à la Chambre d'agriculture de l'Oise, qui s'exprimait devant des classes BTS du Paraclet et de Crézancy.

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