L’impact positif du libre-échange selon Bruxelles
Les résultats de l’étude actualisée de la Commission européenne sur l’impact cumulé des douze accords de libre-échange signés par l’UE ou en cours de négociation, confirment l’effet positif du libre-échange sur la balance commerciale agroalimentaire de l’UE d’ici 2030, confortant Bruxelles dans sa politique commerciale. Toutefois, des eurodéputés ont exprimé leur scepticisme quant à la pertinence de ces résultats.
Très attendue, l’actualisation de l’étude de 2016 sur l’«Impact économique cumulé des accords commerciaux sur l’agriculture de l’UE» menée par le Centre commun de recherche (CCR) confirme l’apport globalement positif des douze accords de libre-échange (ALE). À ce jour, cinq ont été conclu - Canada, Japon, Vietnam, Mexique, Mercosur - et sept en négociations avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, la Thaïlande, les Philippines, l’Indonésie et la Malaisie d’ici 2030. «Les accords commerciaux ont un impact cumulé positif sur la balance commerciale agroalimentaire de l’UE, grâce à sa capacité à augmenter fortement ses exportations», souligne ce travail.
Pour le commissaire européen à l’Agriculture, ces résultats sont «encore plus positifs qu’en 2016», confirmant que «notre ambitieux programme commercial aide les agriculteurs à tirer pleinement parti des possibilités offertes à l’étranger tout en veillant à ce que nous disposions de garanties suffisantes pour les secteurs les plus sensibles». Son collègue au Commerce, Valdis Dombrovskis s’est, lui aussi, félicité que l’UE parvienne «à trouver un juste équilibre entre la hausse des opportunités d’exportation offertes aux agriculteurs et la protection de ces derniers contre les effets néfastes potentiels d’une augmentation des importations».
La mise en oeuvre des douze accords commerciaux augmenterait ainsi les exportations agroalimentaires globales de l’UE de 2,8 % à 3,3 % respectivement selon un scénario conservateur ou ambitieux. En termes absolus, cela représenterait une augmentation de 4,7 à 5,5 Mds E. Et vers les douze partenaires commerciaux concernés, cela représenterait une augmentation des exportations de l’ordre de 25 à 29 %. L’étude montre également que les importations mondiales de produits agroalimentaires de l’UE augmenteraient de 3,3 % ou de 4,2 % selon le scénario considéré (entre 3,7 à 4,7 Mds E) et de 12 à 15 % en provenance des douze partenaires. En conséquence, d’ici 2030, la balance commerciale agroalimentaire de l’UE augmenterait dans les deux scénarios, de 800 Mio à 1 Mds E.
Des opportunités pour les produits laitiers et la viande porcine
Les résultats montrent également des opportunités commerciales importantes pour certains secteurs agricoles (produits laitiers et la viande porcine). Pour le fromage, l’un des produits agroalimentaires phares de l’UE, les exportations totales de l’UE pourraient augmenter de 10 %, ce qui aurait un effet positif sur les prix. Ainsi, l’étude explique que l’effet combiné de ces changements pourrait ajouter 900 Mio E supplémentaires aux recettes du marché des producteurs de lait en 2030. Quant aux exportations de viande porcine, elles affichent une augmentation allant jusqu’à 9 % dans le scénario ambitieux, ce qui correspond à des exportations supplémentaires de 400 000 t en équivalent poids carcasse. Combinée à une hausse des prix de 5 %, la valeur de la production de viande porcine de l’UE prévue en 2030 pourrait augmenter de 2 Mds E. Dans le cadre du scénario ambitieux, les exportations de produits agricoles transformés augmentent de 3 %, ce qui correspond à des exportations supplémentaires de 1,7 MdE, tandis que les exportations de vin et de boissons (et de tabac) pourraient augmenter de 2 % dans le cadre du même scénario, ce qui représente une hausse de près de 900 Mio E des exportations.
Protection des produits agricoles sensibles
Concernant les importations, la Commission explique que «l’approche choisie par l’UE de maintenir une ligne ferme sur l’accès limité au marché européen via la mise en place de contingents tarifaires pour les produits sensibles, tels que le boeuf et le riz, est appropriée». Ainsi, les importations de viande bovine de l’UE, par exemple, devraient augmenter au total de
85 000 à 100 000 t d’ici 2030 du fait principalement des contingents tarifaires qui seront accordés au Mercosur. Les importations de volaille pourraient également connaître une augmentation significative, allant jusqu’à 300 000 t dans le cadre du scénario ambitieux. Et l’impact de l’ALE avec la Thaïlande – dans lequel une réduction tarifaire de 25 à 50 % a été appliquée au riz, sans limite de volume – pourrait être négatif pour le riz. Selon l’étude, les importations de riz pourraient ainsi augmenter jusqu’à 3,2 %.
Mais, au global, la Commission estime que ces résultats la confortent dans sa stratégie actuelle. «En 2021, les négociations avec le Chili, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Indonésie se poursuivront. L’état actuel de ces négociations est très variable, mais nous nous attendons à ce qu’elles progressent toutes de manière satisfaisante au cours de cette année», a indiqué Janusz Wojciechowski le 25 janvier aux ministres de l’Agriculture des Vingt-sept réunis en visioconférence.
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