L'Oise Agricole 12 juin 2025 a 07h00 | Par Pierre Poulain

L'Ucac cherche des alternatives aux herbicides bientôt interdits

La coopérative isarienne a convié ses adhérents le 6 juin dernier sur ses parcelles d'expérimentations de Cambronne-lès-Clermont et de Laigneville. Thématique de la matinée : le désherbage.

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«Pour l'ensemble des agriculteurs, et surtout dans la région du Clermontois, zone très infestée en ray-grass, il faut systématiquement procéder à un désherbage sur la culture du blé, ce qui représente un budget important, raconte Francis Coez, responsable commercial à l'Ucac. La même problématique avec les graminées se retrouve dans les cultures de betteraves et de maïs. On a donc essayé de trouver des alternatives.»

Des résultats prometteurs en désherbage betteraves
Quand une solution chimique s'avère efficace, encore faut-il que la plante principale cultivée puisse la tolérer. Val'Epi, qui regroupe les services techniques de quatre coopératives de l'Oise et du bassin parisien (voir encadré), a observé les effets de l'application du Conviso one sur la variété Smart Evita KWS, qui supporte le passage de l'herbicide. «Ces variétés dites Conviso ont un gêne spécifique qui les rend tolérantes, là où des betteraves classiques ne résisteront pas, explique Romain Vichard, technicien Ucac. On recherche quelque chose qui soit efficace pour lutter contre le ray-grass, mais aussi contre les betteraves montées.» Les variétés dites Conviso smart obtiennent les meilleurs résultats, avec application de Conviso one en combinaison avec des antigraminées foliaires (Sélect, Serac, ou encore Magic Tandem). «Ce n'est pas le produit miracle non plus. Il est plus efficace associé à des partenaires. Et c'est un produit qui a un coût.» Il reste bien évidemment crucial de respecter le bon stade d'application, idéalement à trois feuilles des graminées.
Si le Conviso montre une efficacité prometteuse, un écart de rendement persiste par rapport aux variétés classiques. «Il y a encore un petit différentiel rendement entre les deux, mais ça reste une modalité d'avenir.»

Systèmes de rattrapage en maïs
«Les mauvaises conditions climatiques, en particulier la sécheresse qui a sévit lors de l'application des produits en prélevée, n'ont pas permis le bon fonctionnement des racinaires qui ont besoin d'humidité pour répartir les matières actives dans le sol. Tous les produits se sont donc malheusement dégradés, quels qu'ils soient, en termes d'efficacité, prévient Alain Laloi, responsable d'expérimentation agronomique chez Val'Epi. Par contre, on a pu tester deux systèmes de rattrapage : mécanique et chimique.» Histoire de montrer que, dans les situations où il ne pleut pas, il faut envisager un système de rattrapage, sous réserve qu'il n'y ait pas de résistance aux produits. «On obtient 90 % d'efficacité avec le binage. Pour le chimique, l'utilisation de Foramsulfuron comme matière active s'avère efficace là où d'autres représentants de la famille des sulfonylurées pourraient être contournés.»

Gain d'efficacité avec Luximo
Alain Laloi a testé de nouvelles solutions sur blé (sur la variété Junior, avec un semis au 25 octobre) par rapport à des références historiques comme le Fusbury ou le Mateno. «Là où Fosbury n'obtient que 63 % d'efficacité, une nouvelle matière solution comme le Luximo, à 1,25 litre, va côtoyer les 90-95 %, soit 30 % de plus.»
Précaution toutefois sur la sélectivité - ou plutôt sur le manque de sélectivité - des produits à base de Luximo : «Son homologation devrait arriver d'ici l'automne 2026. On espère d'ici là avoir cerner les risques de phytotoxicité.» Pour prévenir ces risques, «pensez à ne pas négliger la densité de semis, éventuellement la majorer un petit peu et s'assurer d'une profondeur régulière et assez importante, d'environ 2,5 cm afin qu'il n'y ait pas de grains en surface et se prémunir des éventuelles pertes de pieds.»
Comme sur d'autres plateformes d'expérimentation, les techniciens misent aussi sur le choix variétal dans la lutte antigraminées. L'Ucac a présenté 35 variétés de blé, dont 50 % de nouveautés lors de cette matinée. «Nous avons une politique de blé meunier ; 80 à 90 % de nos ventes se font avec des moulins, justifie Francis Coez. On recherche donc des blés à haut potentiel et résistants aux maladies et ainsi réduire l'utilisation de fongicides.»
Bilan des essais : «On est entre 80 et 100 épis au mètre carré en moins par rapport aux années précédentes, mais, sur l'ensemble des variétés, on a un bonne fertilité et, grâce aux récentes précipitations, on s'attend à un PMG correct.» De quoi rattraper un peu le manque d'épis.
Si Kingkong et Thermidor, développés l'année dernière, semblent confirmer leurs promesses, RGT Magesco, Belzébuth et Profusio sortent également leur épingle du jeu. 
Reste, selon Francis Coez, à ne pas réduire les doses de semis : «250 grains minimum, avec une recommandation de 280 à 300 grains, et jusqu'à 400 grains pour les derniers semis.»

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