«La ruralité est une richesse, nous devons continuer d’en prendre soin»
Nadège Lefebvre entame son second mandat à la tête du Conseil départemental de l’Oise. Bilan, travaux menés, ruralité, retour sur la politique menée par la présidente.
Vous avez terminé votre premier mandat à la tête du Conseil départemental de l’Oise. Quelles ont été les principales mesures à destination de l’agriculture ?
Par son histoire, ses racines et les forces vives qui la constituent, l’Oise est historiquement une terre agricole. Le revenu issu de cette filière est supérieur de près de 30 % à la moyenne française. Ainsi, comme vous avez pu le constater tout au long du mandat qui vient de s’écouler, l’agriculture fait partie intégrante de nos préoccupations et des dispositifs que nous avons mis en place au sein de notre action départementale.
Nous avons maintenu notre soutien aux organisations agricoles et notamment celui à la Chambre départementale d’agriculture avec laquelle nous travaillons en étroite collaboration. Au-delà de l’accompagnement traditionnel qui existait pour soutenir les différents organismes agricoles du territoire, avec ma majorité, nous avons souhaité aller plus loin en agissant directement sur l’accompagnement de l’activité de nos agriculteurs.
C’est dans cette optique d’innovation qu’en 2019, nous avons mis en place les aides à la diversification des activités des agriculteurs qui souhaitent moderniser ou transformer leur exploitation. Depuis mars 2019, ce sont plus de 300.000 € de subventions qui ont été allouées en ce sens. En 2020, nous avons également lancé une nouvelle aide pour l’acquisition par les agriculteurs de matériels de lutte contre les incendies (pompes, citernes) suite aux feux de récoltes qui se sont produits lors de l’été 2019. Enfin, une aide exceptionnelle à l’acquisition de parcs de contention pour les bovins, ovins, caprins et porcins et de remorques de transport visant à faciliter le travail des vétérinaires a également été mise en place.
Toujours dans la volonté de soutenir nos producteurs locaux, nous travaillons depuis 2016 avec la Chambre d’agriculture afin de développer des circuits courts pour la restauration collective de nos collèges. Huit collèges sur dix sont déjà dotés d’une cuisine indépendante et recourent aux produits locaux.
Nous sommes très fiers de la mise en place de ce cercle vertueux que nous poursuivrons avec détermination lors du prochain mandat.
Pour ce second mandat, suite à votre réélection en juin dernier, quelles sont les grandes lignes de votre projet, notamment pour l’agriculture départementale ? (budget, actions, événements…)
Il faut d’abord rappeler que notre action en direction du monde agricole, dès lors qu’il s’agit d’aides directes, est limitée par les dispositions de la loi. C’est à la Région que revient le soutien à l’économie, dont le soutien à l’agriculture.
Afin de préserver les dispositifs que nous avons engagés lors de la précédente mandature, nous avons signé avec la Région Hauts-de-France un ensemble de conventions à cet effet, mais le système actuel n’est pas satisfaisant. Le gouvernement a d’ailleurs été régulièrement alerté par l’Assemblée des Départements de France à ce sujet. Je souhaite que le débat présidentiel à venir soit aussi l’occasion de reposer ces questions.
Cependant, du fait de notre proximité avec les acteurs locaux, nos relations quasi-quotidiennes avec le monde agricole, nous connaissons leurs problématiques et souhaitons y répondre pour autant que nous puissions.
Pour exemple, nous avons lancé, en octobre, une aide exceptionnelle en faveur des apiculteurs. En effet, les conditions climatiques du printemps et de l’été 2021 se sont montrées particulièrement défavorables à cette activité et nous en sommes conscients.
Vous le comprendrez, notre souhait est de répondre de façon pragmatique et efficace avec des mesures simples et concrètes en fonction de l’actualité. Parallèlement, nous travaillons avec les autres départements pour être force de proposition et faire évoluer la loi afin d’élargir nos compétences dans ce domaine. Ceci constitue un réel engagement de la part du Département de l’Oise, d’autant plus qu’il s’agit de politiques volontaires.
En ce début de mandat, les pistes de réflexion sont néanmoins ouvertes et doivent être discutées au sein de notre assemblée ainsi qu’avec la profession agricole.
Enfin, fait marquant, après sa suspension en raison de la crise sanitaire, nous allons organiser à nouveau le marché fermier dans les jardins de l’hôtel du Département : ce rendez-vous annuel est l’occasion d’offrir à l’ensemble des agriculteurs Oisiens une belle vitrine de ce qui est produit chez nous. Ce ne sont pas moins de 30.000 visiteurs qui se pressent chaque année pour découvrir nos richesses. Je tiens d’ailleurs à souligner que nous avons maintenu lors de cette période un marché fermier digital sur notre site, parce que nous restons attachés à nos acteurs locaux.
Comment souhaitez-vous travailler avec les représentants du monde agricole ?
Comme nous l’avons fait par le passé : en confiance et en bonne intelligence. C’est pour cette raison que les subventions annuelles aux organisations agricoles ont été maintenues, en particulier celles à la Chambre départementale d’agriculture.
J’ai également souhaité que le monde agricole puisse disposer d’un interlocuteur identifié au sein de l’Assemblée départementale et c’est la raison pour laquelle j’ai nommé Benoît Biberon comme conseiller départemental délégué, chargé de l’agriculture. Une élue a également été déléguée aux problématiques de ruissellement en la personne d’Ophélie Van Elsuwe.
Avec eux, je souhaite que le Département de l’Oise entretienne un dialogue dans la durée avec l’ensemble des organisations professionnelles, syndicales ou institutionnelles de l’agriculture oisiennes.
Plus largement, quelles seront vos orientations pour le développement de la ruralité ?
La ruralité constitue l’âme de notre département, son identité et son histoire. Vous me connaissez et vous savez que mon action se portera toujours sur l’accompagnement de nos communes les plus rurales. Aucun de nos concitoyens ne doit être délaissé par les services publics.
Je placerai toujours mon attention sur une répartition équitable des actions du Département sur l’ensemble du territoire départemental. Pour exemple : les bus qui vont au plus près des habitants dans les zones les plus reculées (PMI, emploi, vaccination).
À l’image de notre action en faveur du déploiement de la fibre, je souhaite poursuivre cette dynamique en continuant de désenclaver les communes rurales qui se situent en zone blanche avec la mise en place du plan «Téléphonie pour tous».
L’Oise est aujourd’hui le premier département rural fibré d’Europe, cela est bien la preuve que, quand le Département s’engage, c’est l’ensemble du territoire qui en bénéficie.
La ruralité est une richesse, nous devons continuer d’en prendre soin et de faire connaître ses spécificités. Nous sommes le premier partenaire des communes, nous poursuivrons bien évidemment nos actions pour soutenir les maires et leurs projets structurants.
Bien qu’il soit indispensable de maintenir nos actions de fond, nous poursuivrons la dynamique impulsée par notre grande campagne de communication «J’aime l’Oise» afin de mettre en lumière notre territoire, ses acteurs économiques et associatifs, ses richesses naturelles et ses savoir-faire locaux afin de soutenir nos produits et tous les acteurs de la ruralité.
«On est tous des acteurs du territoire et on doit le valoriser !»
Depuis juillet 2021, Benoît Biberon, agriculteur et maire, succède à Martine Borgoo en tant que conseiller départemental délégué en charge de l’agriculture. Retour sur un agriculteur porté par la vie politique.
Marié et père de six enfants, Benoît Biberon a toujours vécu à Noailles dans l’Oise. Sa famille, non originaire du département et non issue du milieu agricole, s’est installée dans cette petite ville avec l’ambition d’avoir une exploitation agricole. «Vous l’avez donc compris, je suis né et j’ai baigné dans l’univers agricole», déclare Benoît Biberon sourire aux lèvres. Après l’obtention d’un BTS agricole en Seine-Maritime, il s’est installé agriculteur en 1997 à Noailles. En effet, la nature est l’un des facteurs qui ont attiré Benoît Biberon dans ce milieu.
Mais pas que : le fait d’entreprendre, d’avoir une activité économique et d’innover a donné lui une volonté de fer pour exercer cette voie. «J’ai commencé seul avec ma mère sur une exploitation de 40 hectares. Une petite surface, mais avec un double potentiel avec une orientation sur la vente à la ferme de produits du terroir.»
Ressemblant à une vraie supérette, le magasin peut ravir les papilles des consommateurs. En effet, les personnes peuvent tout simplement leur course au sein de la supérette. Tous les produits issus de l’agriculture sont disponibles ainsi que du pain venant d’une boulangerie voisine.
La ferme du Relais a donc une double structure juridique : une société commerciale qui fait de l’achat et de la revente de produits agricoles, notamment issus de l’exploitation de Benoît Biberon, et une société agricole. Désormais, il a une exploitation d’une centaine d’hectares avec une production de valeur ajoutée. «On produit de la volaille, commercialise du fourrage et du grain. On développe le maraîchage avec de la rhubarbe ; par contre, depuis les années 2000, on s’est fortement spécialisé dans les asperges (12,5 hectares)», détaille-t-il.
Du syndicalisme à la politique
Après un an de syndicalisme au CDJA de l’Oise, Benoît Biberon s’est orienté dans la vie politique locale. Même s’il n’a aucune ambition d’y faire une carrière, il aime savoir les directives politiques menées dans sa ville et dans sa commune. «On participe à la vie locale d’une manière ou d’une autre, que l’on veuille ou pas. Il faut donc s’intéresser à la vie de Noailles et des communes voisines», exprime-t-il.
Dès lors, c’est en 2001 qu’il devient conseiller municipal d’opposition dans sa commune d’adoption pendant sept ans. En mars 2014, Benoît Biberon conduit une liste et remporte l’élection. Il est depuis maire de Noailles. «Depuis que je suis en âge de raisonner, je me suis véritablement intéressé à la vie politique et à ce que cela peut apporter. Cependant, je suis un élu qui gère seul, je suis entouré d’une équipe avec laquelle je dois exercer au mieux mes missions.» explique-t-il.
Que ce soit dans ses gènes, le sens du collectif est important pour lui. «Peut-être que c’est mon côté à emmener les autres, à travailler en groupe qui me dicte cela. Par exemple, au sein de mon exploitation, j’ai une dizaine de salariés, sans compter les saisonniers. Le facteur humain est très important à mes yeux. On n’avance jamais seul», poursuit-il. Et c’est en 2021 que Benoît Biberon accède au Conseil départemental en tant conseiller et délégué chargé de l’agriculture.
Une politique axée sur les circuits courts
D’après Benoît Biberon, le Conseil départemental n’a pas la compétence «développement économique». Dès lors, le développement agricole n’est pas forcément une compétence du département. Néanmoins, la présence importante de l’agriculture sur le territoire de l’Oise ne laisse pas indifférent. «On ne peut rester totalement inactif sur ce domaine. Même si c’est la Région qui a des compétences, il y a des choses à faire. On a fait le choix de prendre en partie cette compétence, d’assumer en accompagnant à notre échelle le plus efficacement possible l’activité agricole du département», affirme-t-il.
Dès lors, le travail du département s’axe surtout sur le circuit court dans toute sa globalité : production à valeur ajoutée, diversification et mise en avant de la production et de la consommation locales. «En ce moment, on va subventionner les équipements de la distribution automatique. Je suis déjà en train de travailler sur de futurs et nouveaux dispositifs, tout en maintenant cette ligne. De plus, il y a toujours des dispositifs pour venir en aide aux agriculteurs comme les motopompes afin de lutter contre les incendies d’été lors des moissons. Avec cette année pluvieuse, les motopompes ont permis d’évacuer des caves inondées par exemple. Mais on va essayer de réévaluer ou d’améliorer ce dispositif», explique Benoît Biberon. Il souhaite également mener des travaux en lien avec «la grande attractivité du bassin parisien.» De plus, connaissant Denis Pype, conseiller régional chargé de l’agriculture, Benoît Biberon compte travailler en étroite collaboration avec la Région. Un autre plan est sur les rails, le grand marché fermier. «Comme le Salon de l’agriculture, il s’agit d’un événement très attendu par les visiteurs. Le marché fermier est une très belle vitrine de la production agricole locale. Malheureusement, la crise sanitaire a stoppé ce rendez-vous, mais le marché fermier reviendra au printemps 2022», conclut-il.
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,