L'Oise Agricole 09 février 2023 a 09h00 | Par Christophe Soulard

Les coopératives devant le mur de l’inflation

Transition, compétitivité, consommateurs. Tels sont les trois enjeux que La Coopération agricole se sont fixés pour l’année 2023 sur fond d’incertitudes géopolitiques, climatiques, et économiques.

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Pour les coopératives agricoles, l’une des manières de s’en sortir «est de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier».
Pour les coopératives agricoles, l’une des manières de s’en sortir «est de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier». - © Agence de presse

Le spectre de la récession économique plane aujourd’hui sur de nombreux pays et continents, en raison notamment d’une reprise post-Covid trop rapide qu’est venue annihiler la guerre entre l’Ukraine et la Russie. L’emballement qui s’en est suivi a accéléré le retour de l’inflation, obligeant les consommateurs à réaliser des arbitrages : «le prix plutôt que les signes de qualité», a résumé Thierry Pouch, économiste aux Chambres d’agriculture France. Les pouvoirs publics eux-mêmes ont révisé leurs stratégies, levant le pied sur la transition écologique, la décarbonation au bénéfice d’une lutte contre l’inflation et de l’approvisionnement énergétique. «On sent souffler le vent des dépendances et la guerre en Ukraine est symptomatique de ce retournement sur les chaînes de valeur», a analysé Thierry Pouch.

Cette situation économique explique en partie le repli de certains pays sur leurs ressources naturelles, à l’image du Chili qui restreint l’exportation du cuivre dont il est à la fois le premier producteur et premier exportateur mondial(*). «Ce contexte économique joue sur les équilibres économiques et financiers des entreprises agroalimentaires», a expliqué Axel Retali. En effet, ces dernières ont de plus en plus de mal à faire passer leurs hausses de charge en bout de chaîne. «Au final, ce sont des marges en moins pour la filière agroalimentaire.»

Pouvoir d’achat

L’une des manières de s’en sortir «est de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier», a observé Jacques Bourgeais, directeur général de la Cavac. Autrement dit, la diversification représente un bon moyen de lisser les crises «et d’être plus résilient quand bien même ce système pourrait être perçu, par les banquiers et les économistes, comme peu rentable», a-t-il précisé. Mais il s’attend, pour l’année 2023, au maintien de prix élevés et à un niveau d’inflation stable. En conséquence, le pouvoir d’achat des ménages risque de faiblir. Il redoute surtout un effet ciseaux sur les céréales dont les prix s’orientent mondialement à la baisse alors même que le prix des intrants reste élevé. Il existe une lueur d’espoir toutefois : «Malgré la crise et en dépit de la multiplicité des risques, les entreprises françaises, dont les coopératives, continuent à investir pour préparer la transition agroécologique et rester compétitives. C’est encourageant», a affirmé Thierry Pouch. Un optimisme mesuré et partagé par Axel Retali qui voit des signes positifs qui vont permettre de consolider cette dynamique : «Sur les prix de l’énergie, on revient peu ou prou à des niveaux d’avant le 24 février 2022 qui marque le début du conflit entre l’Ukraine et la Russie».

(*) Les exportations de cuivre représentent la moitié des exportations totales chiliennes. En 2020, la tonne se négociait 5 300 $. Elle atteignait en janvier 2023 plus de 8 000 $.

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