Les cours du soja et du colza repartent à la hausse
Le département américain de l'Agriculture a révisé très sensiblement la prévision de récolte mondiale des oléagineux, entraînant les cours du colza en Europe et du soja aux États-Unis vers de nouveaux sommets.

Deux jours après la publication mensuelle du rapport de l'United States Department of Agriculture (USDA) sur les prévisions de production, de disponibilités, de stocks et de demande mondiale d'oléagineux, les cours se sont envolés sur les marchés, en Europe comme aux Etats-Unis. Le 16 août, le colza a ainsi bondi de 12 E par tonne sur les marchés physiques FOB Moselle et Rendu Rouen, pour atteindre 569 E/t, et l'échéance de novembre sur Euronext grimpait dans les mêmes proportions pour atteindre 567 E/t. Le prix de la tonne est donc au plus haut de l'année - et pourrait bien être appelé à grimper à nouveau.
La tendance est d'ailleurs la même pour le soja aux Etats-Unis, sans toutefois revenir aux plus hauts de mai et juin compte tenu de l'augmentation des stocks et d'une demande inférieure aux prévisions en Chine. Les cours restent toutefois supérieurs à 500 $ la tonne. Au Canada, les cours du canola à Winnipeg ont grimpé de 10 USD et sont supérieurs à 700 $ américains, toujours dans la fourchette des niveaux les plus élevés. Et ce sont tous les cours mondiaux, ceux du soja brésilien, argentin, ainsi que ceux du colza australien qui sont amenés à se tendre.
Sécheresses catastrophiques
Avec la sécheresse qui a frappé le Canada et les États-Unis, les prévisions de récolte ont été sensiblement revues à la baisse. La production de canola au Canada est réduite de 4 millions de tonnes à 16 millions de tonnes contre les 20 millions de tonnes attendues. Or, le Canada utilise la moitié de sa récolte pour la trituration sur son marché domestique, et exporte habituellement 10 millions de tonnes vers les marchés mondiaux, notamment en Europe.
Les triturateurs européens pourraient donc faire face à un manque de disponibilités, et c'est aussi ce qui fait grimper les cours du colza en Europe. Aux États-Unis, la production de soja est aussi revue à la baisse à 118 millions de tonnes, en baisse de 2 millions de tonnes par rapport aux prévisions du précédent rapport mensuel de l'USDA, principalement en raison d'une baisse des rendements, là encore pour des raisons climatiques défavorables, pluies suivies de sécheresse.
Toutefois, la hausse des cours est plus contenue que pour le colza en raison d'incertitudes sur la demande, notamment de la Chine, dont la trituration est revue à la baisse de 2 Mt, à 98 Mt. La Chine a d'ailleurs réduit ses importations en juin et juillet en raison des cours élevés, mais elle est revenue, selon Agritel, à l'achat aux États-Unis plus récemment. Le phénomène est observé de près, car il est déterminant sur l'orientation des prix.
Huiles et biocarburants en hausse
D'autres facteurs sont tout aussi déterminants. Ainsi, le prix des huiles continue de flamber et l'huile de palme enregistre des plus hauts niveaux en Malaisie, animée par une demande des pays importateurs. En Russie, la production de tournesol est revue à la baisse, ce qui devrait provoquer une hausse des cours et donc du prix des huiles. La demande de biocarburants reste également très soutenue partout dans le monde.
A l'inverse, des analystes s'interrogent sur les effets du Covid qui pourraient ralentir l'économie mondiale. Le variant Delta semble frapper la Chine et les États-Unis dans des proportions qui restent inconnues, surtout en Chine. Mais pour les mois qui viennent, il semble bien que les producteurs français et européens de colza bénéficient de cours très élevés.
La production européenne de colza est estimée à 17,3 Mt, et celle d'oléagineux - tournesol, soja, pois - à 30 Mt. En France, la collecte de graines de colza qui vient d'être effectuée est meilleure que prévu, à 3,3 Mt, grâce à des rendements considérés comme étonnants par l'Institut technique des huiles, Terres Univia, mais elle reste très inférieure aux besoins des triturateurs pour les tourteaux, les biocarburants et les huiles.
Si le prix de la tonne reste supérieur à 550 E comme c'est le cas actuellement, les producteurs pourront réaliser un campagne valorisée à plus d'1,8 milliard d'euros, avec un niveau de rentabilité qui n'avait pas été atteint depuis plusieurs années.
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