«Les Zar, on n'en veut pas !»
Lundi 6 janvier, quelque 80 agriculteurs, emmenés par la FDSEA et les JA de l'Oise, ont manifesté devant la préfecture à Beauvais pour dénoncer l'application du Par 7 et les incohérences dans la définition des zones d'actions renforcées (Zar). Le préfet de l'Oise a accepté de les rencontrer en fin de matinée.
Agriculteurs en colère, épisode 8.252. Ils ne s'étaient pas réunis depuis le mois de novembre dernier, déjà devant la préfecture de l'Oise à Beauvais. Lundi 6 janvier, près de 80 agriculteurs ont répondu à l'appel des JA et de la FDSEA, malgré la pluie et le vent, pour dénoncer un «empilement de règles toujours plus incohérentes» concernant la pollution des eaux. C'est un courrier de l'administration qui a (re)mis le feu aux poudres : les exploitants des secteurs de Breteuil, Froissy et Crèvecoeur-le-Grand ont eu la joie de recevoir avant la Noël une missive de la DDT leur indiquant l'évolution de la cartographie zones d'actions renforcées. Au delà de 3 ha cultivés en Zar, l'agriculteur concerné se voit contraint de choisir deux mesures parmi celles proposées par l'administration, à savoir : adhérer à une démarche volontaire (ex : Maec spécifique réduction apport d'azote, GIEE, etc.) ; une couverture longue prolongée de 4 semaines, soit 12 semaines au total ; apport fractionné sur céréales et utilisation d'un OAD pour le dernier apport ; apport au semis pour les plantes sarclées.
Des solutions onéreuses et/ou contraignantes qui ajoutent à l'exaspération de la profession, encore à fleur de peau. Pour Régis Desrumaux, président de la FDSEA, «la question des Zar s'inscrit dans le prolongement de nos demandes de simplification. Nous ne sommes pas opposés à la qualité de l'eau, mais on réclame du bon sens pour nos exploitations. On ne peut pas se fier à des analyses réalisées au doigt mouillé, à des dates irrégulières. Les Zar sont une couche supplémentaire de contraintes au-dessus du Pan et du Par. On n'en veut pas ! Pourquoi étendre les Zar aux captages entre 40 à 50 mg/l de nitrates ? Pourquoi taper sur l'agriculteur et ne pas regarder comment s'organisent les communes en matière d'assainissement ?» Des propos qui seront répétés quelques minutes plus tard devant le préfet de l'Oise, Jean-Marie Caillaud, qui a accepté de rencontrer l'ensemble des manifestants dans la salle des délibérations pour un échange et a tenté de défendre les positions de l'administration : «Bien qu'il soit destiné aux agriculteurs, le Par n'a pas pour objectif de les stigmatiser» mais il reconnaît «qu'il n'y a pas que les agriculteurs qui influent sur les taux de nitrates.»
«On se doit d'être vigilants à toutes les sources de pollution, notamment la pollution domestique. Il y a le sujet de l'assainissement non collectif insuffisamment contrôlé, et celui des stations d'épuration», ajoute David Witt, directeur de la DDT.
Las, Régis Desrumaux a invité le préfet à s'intéresser à la destination de la redevance pollution diffuse : «Qu'en fait la Dreal ? Creusez-ça, Monsieur le préfet. En attendant, suspendons le Par !»
Même son de cloche du côté des Jeunes Agriculteurs : «Les agriculteurs des pays voisins n'ont pas à respecter autant de normes et leurs produits se retrouvent à côté des nôtres sur les étals. Ces règles de plus en plus dures nous font perdre en compétitivité et en attractivité pour nos jeunes», s'insurge leur président départemental, Matthieu Carpentier.
Pour toute réponse, Jean-Marie Caillaud n'a fait que rappeler son devoir d'application de la loi - «Je ne suis pas le législateur» - soulignant toutefois qu'il peut, «dans une certaine mesure, adapter la loi à la réalité, afin qu'elle corresponde à des applications concrètes.» Pas question pour autant de suspendre le Par 7. «Je ferais remonter les difficultés rencontrées», indique le représentant de l'État. Mais avec un gouvernement fragile et aux orientations politiques incertaines, que peut-il dire d'autre ?
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