Matthieu Carpentier élu nouveau président des Jeunes Agriculteurs de l’Oise
Les Jeunes Agriculteurs de l’Oise ont tenu leur assemblée générale jeudi 15 février à Beauvais. Matthieu Carpentier, 34 ans, succède à Gwenaëlle Desrumaux pour les quatre prochaines années.

Les adhérents de Jeunes Agriculteurs 60 ont donné leur confiance à Matthieu Carpentier, qui succède ainsi à Gwenaëlle Desrumaux à la tête du syndicat. «Nous continuerons le travail initié. On ne démarre pas d'une page blanche. Nous nous inscrivons dans la continuité», a déclaré le polyculteur-éleveur du Pays de Bray.
À la tribune, il s'est dit «motivé» et «prêt à se battre» sur tous les dossiers : le foncier agricole, l'artificialisation des sols, sans oublier l'installation, axe central de l'engagement JA.
Outre la simplification, grand chantier de ce début d'année au cœur des discussions entre syndicats et pouvoirs publics, il y a aussi la question de la protection de l'outil de travail, dont l'affaire Vincent Verschuere est emblématique : «Beaucoup d'exploitations sont concernées ou potentiellement concernées par ce type de problème. S'installer, quand on est jeune, c'est un projet de vie. Ne pas protéger l'activité c'est casser l'ambition de ces jeunes», souligne le nouveau président JA.
Et le principal outil de travail de l'agriculteur reste la terre. «Sans elle, pas d'agriculteur. C'est pourquoi il faut rendre le foncier accessible aux jeunes qui souhaitent s'installer.» Et pour enrayer la baisse démographique qui touche le monde paysan, attirer davantage de hors cadres : «C'est essentiel pour maintenir le nombre d'agriculteurs et rester suffisement nombreux pour être forts.»
Afin de mener ses actions, Matthieu Carpentier souhaite «davantage impliquer le conseil d'administration.»
Fesneau, le béni-oui-oui
Plus tôt dans l'après -midi, la préfète de l'Oise, Catherine Seguin, a salué «le dynamisme», «la qualité de dialogue» et «l'ardeur à défendre la cause des agriculteurs» dont a fait preuve Gwenaëlle Desrumaux durant son mandat. Saluant l'élection du nouveau président, elle a assuré que leurs prochaines rencontres se feraient «sans aucune autocensure, dans la liberté de pensée et de listage» des simplifications. «C'est gagnant-gagnant, aussi bon pour l'agriculteur que pour l'administration. Nous avons du pain sur la planche. JA, vous avez un regard neuf, aidez-nous à avancer le plus vite possible d'ici le SIA», a martelé la haut fonctionnaire, annonçant sa venue au Salon le 29 février.
Avant de céder définitivement sa place, Gwenaëlle Desrumaux a tenu à adresser un message au nouveau bureau, comme un avertissement sur la valeur de la parole publique, rappelant la venue du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, dans l'Oise en mai 2023 et ses annonces sans suite sur le bio : «Si vous n'avez besoin de rien, n'hésitez pas à l'appeler. Il se fera un plaisir de vous répondre. Dans le milieu, on l'appelle béni-oui-oui.»
Table ronde : où sont les femmes ?
Avec 30 % de femmes dans les nouvelles installations, l'Oise est dans le top 5 des départements français en matière de féminisation du métier agricole. La part monte à 50 % dans les installations aidées.
Le parcours reste pourtant difficile. Sans verser dans la complainte de la dictature masculine et du patriarcat omnipotent, quatre jeunes agricultrices ont témoigné de leur expérience et discuté de la place de la femme dans l'agriculture, sur la scène de l'Empreinte à Beauvais, lors de l'assemblée générale des Jeunes Agriculteurs de l'Oise.
«Pour certains, la femme, c'est encore la traite, faire à manger et faire la comptabilité», sourit Claire Juquel, salariée agricole. «On me demande souvent si mes collègues hommes sont disponibles pour des démo. Or j'en suis parfaitement capable de conduire un tracteur !» ajoute Charlotte Morel, chargée marketing et communication chez Valtra France.
Pour Aurore Paillard, exploitante en Saône-et-Loire, les femmes sont encore très largement minoritaires au sein des instances de JA national : «Quand on les intègre, c'est pour les mettre sur la communication.»
Mais, indéniablement, les mentalités évoluent. «Mon patron ne fait aucune différence entre mon collègue masculin et moi. Il nous accorde la même confiance, que ce soit pour la traite ou la conduite d'engins agricoles», souligne Claire Juquel.
Aurore Paillard invite d'ailleurs les femmes qui hésiteraient à se lancer à ne pas avoir peur : «Hommes ou femmes, être agriculteur, c'est un métier, ça s'apprend.»
Un groupe de femmes pour échanger
Une position de femme à concilier, pour certaines, avec leur rôle de mère. «Au quotidien c'est la course, explique Lucie Deterpigny, agricultrice à Morvillers. Il faut savoir jongler lorsqu'on a les enfants avec soi et que le magasin est ouvert.»
Depuis 2021, un groupe de femmes s'est constitué dans l'Oise, pour échanger sur la place des femmes dans le milieu agricole. «Elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir l'intégrer et à témoigne», raconte Lucie Deterpigny. Nous discutons du fait de travailler avec son conjoint, de concilier le rôle de mère et d'agricultrice. Nous organisons également des formations.»
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