Moisson 2023: des conflits avec les riverains et la crainte de l'effet ciseaux
Présidents et directeurs des organisations professionnelles de l'Oise se sont réunis mercredi 18 octobre pour un point après moisson.

FDSEA, Jeunes Agriculteurs, Cer France Picardie-Nord de Seine (PNS), Groupama, Agora, Valfrance, Coop de Milly, MSA, Conseil départemental, Chambre d'agriculture... pour les responsables départementaux, il s'agissait d'échanger sur la situation des agriculteurs de l'Oise, telle que chacun la voit dans sa structure.
Tous se sont réjouis d'une bonne récolte, démarrée tôt et souvent finie avant les pluies du mois d'août. Même si les rendements sont hétérogènes selon les secteurs, les responsables sont inquiets sur les prix qui ont largement baissé depuis l'année dernière où ils atteignaient des plafonds, alors que les charges, bien que les prix des engrais aient été divisés entre 2 et 3, restent à des niveaux élevés.
Résultat : la crainte d'un effet ciseaux. Pourtant, beaucoup le disent dans l'assistance, ils avaient appelé l'année dernière les agriculteurs à beaucoup de prudence dans leurs investissements car il y avait à craindre que les cours ne restent pas aux plafonds atteints en 2022.
Situations hétérogènes
Le CerFrance PNS le confirme : les études menées sur les exploitations de l'Oise et de la Somme montrent que certains systèmes de cultures s'en sortent bien, alors que les résultats sont très moyens pour d'autres. Jean-Michel Decherf, administrateur, précise : «Ce sont principalement les scopeurs (céréales et oléoprotéagineux) qui décrochent en 2023, avec des EBE (excédent brut d'exploitation) très faibles sur certains secteurs où les conditions climatiques ont été moins favorables.»
En élevage, malgré la hausse du coût des aliments, la situation est meilleure en 2023 que par le passé. Enfin, les betteraviers devraient retouver le sourire cette année grâce à des prix attractifs après des années difficiles. Quant au lin, chacun sent que cette culture a un avenir mais qu'il faudra trouver des solutions face au changement climatique.
La MSA informe des changements dans la campagne de déclaration des revenus professionnels grâce à des liens informatiques entre la MSA et la DGFip. 90 % des revenus professionnels sont déjà rentrés et le montant des cotisations MSA est désormais en ligne. Et Antoine Niay, président MSA de Picardie, de préciser : «Assises sur les revenus de l'an passé, les cotisations subiront une forte hausse cette année, de 20 à 25 %.»
Il rappelle que des enveloppes de prise en charge partielle des cotisations existent, 188.600 euros pour l'Oise. Même si elles sont en baisse, ces enveloppes sont méconnues et trop peu de demandes sont faites, 21 à jour, alors qu'elles sont à faire avant le 31 octobre.
En terme de prévention des accidents du travail, des coups de pouce peuvent ête apportés par la MSA et cette réunion est l'occasion de rappeler que le port de la ceinture de sécurité dans un tracteur est un moyen de se protéger en cas de retournement.
Force est de constater qu'avec l'inflation et la remontée des taux d'intérêt, il devient plus difficile d'emprunter. Même les prêts Agilor ne sont plus automatiques, ils nécessitent d'avoir une caution. Les agriculteurs doivent se montrer prudents dans leurs investissements au vu des incerticudes géopolitiques du moment.
Les marchés céréaliers sont d'ailleurs lourds, le blé européen n'est pas compétitif par rapport à ses concurrents de la mer Noire. La France a réussi à se fâcher avec le Maroc et l'Algérie, des voisins pourtant en conflit sur le Sahara occidental. Résultat : la France a perdu deux gros clients et il ne faudra pas compter sur la Chine qui ne vient aux affaires que lorsque c'est nécessaire.
Des difficultés relationnelles
Si la moisson 2023 s'est déroulée globalement sans encombres, il est à noter de nombreux conflits avec des voisins ou des maires de communes rurales : du bruit, de la poussière, du grain tombé sur les routes... Beaucoup de prétextes à des altercations avec des habitants des villages qui semblent avoir du mal avec le fait que l'agriculture soit une activité économique avec des périodes de pointe de travail et les inconvénients qui en découlent.
Sans compter sur les maires qui prennent des arrêtés d'interdiction de circulation qui empêchent le transport du grain. «Nous n'avons jamais eu autant de conflits à résoudre tout au long de la moisson», témoignent Agnès Duwer et Thierry Dupont, directrice et président d'Agora. «Même si les voisins sont parfois intolérants, certains agriculteurs n'ont pas toujours non plus les comportements adaptés», précise ce dernier.
Il y a là un vrai sujet de réflexion à mener, sans doute avec les maires dans un premier temps avec des réunions locales et au niveau départemental. Régis Desrumaux, président de la FDSEA, fait part de son intervention à l'assemblée générale de l'Union des maires de l'Oise, sur la nécessite d'étblir un dialogue avec les maires et les habitants des communes rurales.
Enfin, Christophe Grison, président de Valfrance, attire l'attention sur l'augmentation de la RPD (redevance pollutions diffuses) qui touche les produits phytosanitaires et devrait augmenter fortement, à hauteur de 21 %, ce à quoi s'oppose l'AGPB (Association générale des producteurs de blé). Elle rapporte 118 millions d'euros que l'on sache vraiment l'utilisation qui en est faite, même si une partie est fléchée vers Ecophyto et une autre est destinée aux Agences de l'eau. Les professionnels agricoles plaident pour que ces montants soient dirigés vers la recherche de solutions alternatives à la chimie.
Les membres du Caf de l'Oise devraient à nouveau se réunir début 2024.
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