L'Oise Agricole 09 janvier 2025 a 07h00 | Par Pierre Poulain

«Mon grand-père m'a donné le goût pour la ferme»

Depuis un an et demi, Rémy Claux dirige une exploitation de 120 ha à Rémy (ça ne s'invente pas), près de la commune de Francières. Une reprise familiale logique pour le jeune homme, qui a néanmoins apporté sa touche personnelle à l'exploitation.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
«Ce que j'aime, c'est que les journées ne sont jamais les même. Quand elles commencent, on ne sait pas quand elles vont se terminer.»
«Ce que j'aime, c'est que les journées ne sont jamais les même. Quand elles commencent, on ne sait pas quand elles vont se terminer.» - © PP

Comme nombre de jeunes agriculteurs dans notre département - et même en France - Rémy Claux est tombé dans l'agriculture alors qu'il était encore tout petit. La ferme qu'il a reprise il y a maintenant un an et demi était celle de son père et, avant cela, celle de son grand-père. «Je pourrais remonter plus loin encore, mais il faudrait faire des recherches généalogiques, sourit le jeune homme de 25 ans. Nous sommes des agriculteurs depuis toujours.» De toute manière, et ils seront légion à vous le dire, l'agriculture est un métier-passion. «J'ai arrêté mes études après mon Bac pro CGEA et je suis allé travailler dans une ETA. Ce que j'aime, c'est que les journées ne sont jamais les mêmes. Quand elles commencent, on ne sait pas quand elles vont se terminer.»

En reprenant les 120 ha de son père, Rémy Claux a apporté sa patte : «Mon père, lorsqu'il a lui-même repris la ferme au sien, a arrêté l'élevage et s'est lancé dans la production et l'export de ballots de paille. Il a fallu des bâtiments et du matériel. Je n'aurais pas pu l'amorcer moi-même. Nous vendons aujourd'hui en Belgique, en Hollande, en Pologne, en Roumanie, etc. Il y a un intérêt grandissant pour la paille, notamment dans la construction d'isolant et il n'y a qu'à espérer qu'il ne s'agisse pas uniquement d'un effet de mode. Moi, je suis arrivé avec un projet d'épandage de compost. Je peux racheter de la paille et, en échange, faire du compost épandu.» Le jeune homme a aussi réorganisé la structure par chantier et acheté un nouveau tracteur. À peine installé, il lançait la construction d'un nouveau local pour ses bureaux et pour accueillir ses saisonniers. «J'ai installé mon habitation juste au-dessus. Ça me permet d'être sur place et d'être toujours disponible et présent pour l'arrivée des camions des clients. Je n'ai pas envie d'en perdre un en le faisant attendre.»

«Je dois me consacrer à 200 % à mon activité»

Aujourd'hui, le jeune homme cultive 120 ha de foin, de blé, d'orge, de maïs, de tournesol, de colza, et de betteraves, dispersés sur neuf communes. Il aimerait rassembler ou agrandir certaines de ses parcelles, voire acheter une petite ferme dans le futur. «En tant que jeune agriculteur, je suis censé être prioritaire dans les dossiers gérés par la Safer. Mais la réalité est que beaucoup de parcelles sur lesquelles je me suis positionné ont été attribuées à des grands propriétaires. C'est décourageant pour les jeunes !»

Pour lui, la complexité et la longueur des procédures d'installation, de reprise et d'obtention des aides JA constituent des freins au renouvellement des générations. «Si c'était à refaire, je ferais sans les aides !», tranche-t'il.

D'autant qu'il estime les formations agricoles «trop orientées» sur l'agriculture biologique. «À l'école, on ne nous parlait que du bio. Or, la réalité est que les gens n'ont pas les moyens et que nombreux sont les producteurs en bio pris à la gorge.» Le cultivateur dit être en conventionnel raisonné - «le prix des produits phytosanitaires suffit à s'auto-restreindre» - et estime que, sans son activité paille, il n'aurait pas de trésorerie.

Reste la difficile conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle. «Mes vacances sont courtes et ne sont possibles qu'aux périodes creuses. Je dois me consacrer à 200 % à mon activité. C'est la règle quand on commence, bien que l'on ne soit pas assez rémunéré pour toutes les heures que l'on fait.» Rémy Claux regarde tout de même l'avenir avec confiance. «Si mon activité est bien gérée, ça va aller. C'est la gestion qui peut faire la différence. J'ai la chance d'être épaulé par mon père et un apprenti qui sait faire les choses à la perfection. Mon grand-père nous donne encore des coups de main. C'est lui qui m'a donné le goût de la ferme et qui m'a appris à conduire un tracteur. De lui, je tiens le côté agriculteur. Mon père m'a transmis son côté gestionnaire. Je suis, grâce à ça, devenu polyvalent, une force dans ce métier, qui oblige à porter plusieurs casquettes et où il faut savoir tout faire.»

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,

A LA UNE DANS LES REGIONS

    » voir toutes 1 unes regionales aujourd'hui