Un camion et des agents Enedis en plein milieu d’une ferme, ça a de quoi surprendre. Impression de ne pas arriver au meilleur moment. «Ils procèdent au raccordement des panneaux photovolotaïques installés sur la nouvelle extension du hangar aux vaches», explique Benoît Guérout.
Depuis une douzaine d’années, l’agriculteur de 37 ans est associé à ses parents. «Après le BTS, je suis revenu comme aide familial sur l’exploitation de mes parents. Ils venaient de reprendre une ferme de 60 hectares et, au même moment, les quotas laitiers ont repris. Ils avaient grandement besoin de main-d’œuvre.»
Au bout de trois ans, Benoît a l’opportunité de reprendre lui aussi une exploitation de 60 ha à Puiseux-en-Bray. «Il s’est passé un an entre la rencontre avec le cédant et mon installation définitive, avec le soutien de JA et de la Chambre d’agriculture. À ce moment là, on a créé un Gaec et je suis devenu l’associé de mes parents.»
«Le plus difficile a été de regrouper les troupeaux, se souvient-il. Il a fallu anticiper le regroupement et prévoir l’extension du bâtiment pour pouvoir les accueillir. Pendant un hiver, il y a eu deux lots de vaches dans deux bâtiments différents et il fallait amener les vaches pour les traire, puis les remettre dans leur stabulation. C’était vraiment chronophage.»
Aujourd’hui, il gère un cheptel d’une centaine de têtes pour 840.000 litres de lait et 230 hectares de surfaces fourragères, de maïs ensilage, en blé, orge, luzerne et betteraves fourragères. «On élève aussi une quinzaine de bœufs pour occuper les prairies.»

Vers l’ACS
C’est la diversité d’une ferme en polyculture-élevage qui plaît tant à l’exploitant. «Il y a des synergies entre l’élevage et les cultures, il y a plein de choses à découvrir. J’apprends tout le temps.» En s’installant, il a décidé de travailler dans la continuité de ce que faisaient ses parents. «On a essayé d’intégrer de nouvelles techniques de cultures, notamment afin de gagner du temps et de faire des économies de fioul. On s’est récemment tourné vers le semis direct avec des couverts de végétaux entre les cultures, surtout en précédent maïs, avec l’utilisation d’un strip-till. On se tourne progressivement vers l’agriculture de conservation des sols. C’est une transition douce.»
Quelques années auparavant, ses parents avaient fait le choix de déplacer le hangar abritant les animaux, l’originel était enfermé dans l’enceinte de la ferme, au cœur du village. «Ils ont ainsi éloigné les potentielles nuisances et on a pu par la suite faire évoluer le troupeau.»
Benoît Guérout entretient de bonnes relations avec le voisinage. Il s’implique d’ailleurs dans la vie de sa commune. «Je suis élu au conseil municipal. C’est une manière de représenter un peu le monde agricole auprès de la société civile. Lorsque les gens ont un avis négatif sur l’agriculture, c’est plus par méconnaissance.»

Retraite familiale
Reste dorénavant pour le jeune homme à se préparer à la retraite de ses parents. «Ils sont encore très actifs, mais on commence à penser à la transmission. Ce qui m’inquiète le plus ,c’est l’aspect main-d’œuvre, pour l’atelier lait notamment. J’ai heureusement déjà un salarié sur la ferme et ma conjointe m’aide sur son temps libre.» Une nouvelle étape importante qu’il faut chiffrer : départ du père avant celui de la mère ? ou inversement ? les deux en même temps ? «C’est du bureau, mais il faut le faire. D’où l’importance d’avoir des notions de gestion et de comptabilité, en tant que chef d’entreprise.»
En attendant, la ferme continue de se développer, avec l’agrandissement de la stabulation et l’installation de panneaux photovoltaïque sur son toit.