L'Oise Agricole 31 juillet 2025 a 07h00 | Par Emma Dieudonné

Non au Mercosur : la FRSEA à la rencontre de ses eurodéputés

À la suite des dernières annonces gouvernementales sur la possibilité d’un vote en faveur de l’accord du Mercosur qui serait catastrophique pour l’agriculture européenne et les consommateurs, la FNSEA a réagi et mobilisé ses antennes régionales afin de rencontrer leurs eurodéputés et tenter d’inverser la tendance.

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- © FRSEA

Récemment, lors de la visite du président Lula en France, Emmanuel Macron a déclaré être prêt à signer l’accord du Mercosur, à condition d’y inclure des «clauses miroirs» pour protéger les agriculteurs. Cependant, ces clauses semblent être impossibles à faire respecter et à vérifier outre-Atlantique. Cet accord de libre-échange vise à faciliter les échanges commerciaux entre les pays d’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay, Venezuela, Bolivie et Uruguay) et l’Europe en diminuant fortement les taxes des produits importés. Il représente une opportunité pour les marchés automobile et industriel de l’UE et à l’inverse un risque pour certaines productions agricoles.
La Commission européenne, favorable à cet accord, envisagerait de le scinder en deux afin d’éviter un vote des parlements nationaux et un éventuel refus. Deux options pourraient encore le bloquer : la constitution d’une minorité de blocage parmi les États membres (au moins quatre, représentant 35 % de la population européenne) ou un vote de rejet par les eurodéputés. Face à la divergence des points de vue sur cet accord entre les États membres et la fragilité de leur position, la seconde option semble aujourd’hui la plus solide pour contrer l’accord.
Cet accord représente une menace directe pour l’agriculture française et européenne. Le principal danger réside dans l’importation massive de produits agricoles ne respectant pas les normes de production européennes : utilisation d’antibiotiques, d’insecticides et d’hormones de croissance interdits en France depuis plusieurs années.

Plus de 2 Mt importées
À titre d’exemple, l’accord prévoit l’importation de 99 000 t de viande bovine, soit l’équivalent de la production annuelle des Hauts-de-France ou encore 180 000 t de viande de volaille, soit l’équivalent de deux fois la production annuelle régionale. Les productions végétales sont également concernées, avec l’importation potentielle de 190 000 t
de sucre, soit l’équivalent de la consommation annuelle régionale. À l’inverse, l’accord permettrait l’export d’un contingent très faible de fromages, soit environ 30 000 t. Au total, sur l’ensemble des productions agricoles concernées, les volumes importés représenteraient plus de 2 200 000 t et les volumes exportés seulement 45 000 t.
À cela s'ajoutent les impacts environnementaux liés au transport et à la déforestation de ses importations massives ainsi qu'à la culture de produits OGM interdits en Europe.
De plus, ces importations, colossales par rapport aux exportations agricoles, vont indéniablement entraîner la chute de la souveraineté agricole du pays au détriment de produits souvent trompeurs pour le consommateur. Au-delà de l’aspect sanitaire de ses importations, un impact économique et social est à envisager avec la restructuration, voire l’arrêt de certaines filières dans la région (ex : éthanol) et, par conséquent, la fermeture d’industries locales et la perte d’emploi et d’attractivité du territoire.


Des rencontres constructives
Face à cette annonce, la FNSEA a appelé son réseau à se mobiliser et à aller à la rencontre de leurs eurodéputés. Ces rencontres avaient pour objectif de rappeler la position syndicale et de leur présenter les risques pour notre agriculture et le consommateur que comportent un tel accord pour les convaincre de s’y opposer. La FRSEA des Hauts-de-France a donc sollicité l’ensemble des eurodéputés issus de la région et a rencontré début juillet deux eurodéputés qui ont répondu positivement à l’invitation du syndicat agricole : Mélanie Disdier (RN) et Valérie Devaux (UDI). Ces rencontres ont permis d’obtenir de leur part un avis défavorable à cet accord et la promesse d’un vote contre.
Les autres eurodéputés régionaux n’ont pour le moment pas donné de suite aux sollicitations de la FRSEA. La FRSEA espère obtenir d’eux une réponse prochaine afin de leur faire part des inquiétudes du monde agricole et des conséquences catastrophiques que peut avoir cet accord à tous les niveaux : social, environnemental et économique pour les agriculteurs, industriels et consommateurs nationaux.
Le sujet de la Pac a également pu être abordé lors de ces rencontres afin d’informer les eurodéputés sur nos inquiétudes au niveau de la future réforme et l’intégration potentielle de l’Ukraine dans l’Union européenne. Cette réforme prévoit la création d’un fond unique, géré par les États-membres, pour répartir le budget, avec une baisse significative de ce dernier (environ -20 %).

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