L'Oise Agricole 23 janvier 2025 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

«Nous serons toujours au travail après les élections Chambre»

La FDSEA de l'Oise et JA 60 ont organisé leur dernière réunion de campagne élections Chambre d'agriculture le mardi 21 janvier à Agnetz.

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Hervé Ancellin, Laurent Saint-Affre, Régis Desrumaux, Pierrck Horel, Matthieu Carpentier et Luc Smessaert.
Hervé Ancellin, Laurent Saint-Affre, Régis Desrumaux, Pierrck Horel, Matthieu Carpentier et Luc Smessaert. - © DLC

«Il n'y a pas de petites réunions car il n'y a pas de petits combats» : c'est en ces termes que s'exprime Pierrick Horel, président JA national devant la petite trentaine de présents. «C'est vrai et nous pouvons dire que notre travail de syndicalisme ne s'arrêtera pas à la proclamation des résultats aux élections», renchérit Laurent Saint-Affre, membre du bureau de la FNSEA. Tous les deux vont à la rencontre des agriculteurs partout en France en cette campagne électorale, une opportunité de rencontre que n'auront pas saisie beaucoup d'agriculteurs de l'Oise malheureusement.
L'occasion était pourtant belle de rappeler les dossiers en cours, des dossiers ouverts pendant la mobilisation de janvier 2024 et que les responsables syndicaux aimeraient enfin voir aboutir. «Toutes nos demandes ont heureusement été reprises par le gouvernement Barnier après la dissolution, puis par le gouvernement Bayrou après la censure du précédent. Tout est dans les différents textes en débat», assure Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA.

Des textes attendus
450 millions d'euros sont ainsi toujours fléchés vers l'agriculture dans le projet de budget, ainsi que les mesures de défiscalisation attendues pour l'élevage et la déduction pour épargne de précaution ; une rétroactivité  de cette mesure pour l'exercice 2024 est même attendue, la FNSEA en rêve, ce sera une belle victoire.
De même, la prise en compte des 25 meilleures années pour le calcul de la retraite devrait être enfin actée. D'ailleurs, un simulateur mis au point par la MSA devrait bientôt permettre à chacun de se projeter et voir quel est le meilleur moment pour mettre un terme à sa carrière.
Le projet de loi déposé par les députés Duplomb Ménonville prévoit de revoir la séparation de la vente et du conseil, un assouplissement de la procédure ICPE, des projets de stockage de l'eau  facilités et la préservation des moyens de production, notamment les produits phytosanitaires, à égalité avec ceux des autres agriculteurs européens. L'Efsa, l'Agence de santé européenne, serait choisie comme référence plutôt que l'Anses, toujours prompte à la sur-transposition.
Enfin, la loi d'orientation agricole tant attendue devrait voir notamment des mesures de défiscalisation importantes pour le cédant dans le cadre de l'installation d'un jeune agriculteur.
Il n'y a bien que sur la simplification administrative que les responsables syndicaux voudraient continuer à avancer, la ministre Genevard ayant repris une vingtaine de mesures sur les 34 suggérées par la FNSEA.

Assurance récolte : perfectible
Suite au témoignage d'Éric Labarre, déçu par les résultats de l'assurance récolte qu'il avait souscrite et qui a déclenché cette année pour les cultures (sauf maladies), mais pas sur ses prairies dont pourtant la moitié ont été inondées pendant 7 mois, Laurent Saint Affre apporte des précisions.
Les parcelles sont surveillées par un satellite, Airbus, sur les images duquel sont repérés les sinistres sur les cultures. «Force est de constater que la technologie seule ne suffit pas à évaluer les pertes. Airbus n'est pas fiable et nous plaidons pour que ses relevés soient corroborés par les résultats de fermes de références partout sur le territoire. Et puis la prise en compte de la moyenne olympique, alors que les mauvaises années ont tendance à se répéter, ne correspond plus à la réalité.»
Tous les responsables s'accordent à dire que le dispositif actuel doit être amélioré car il ne donne pas satisfaction. «Pour que les agriculteurs prennent l'assurance récolte, il fut qu'elle démontre son utilité et qu'ils soient accompagnés. Les exploitants ne peuvent pas supporter seuls la charge du risque climatique», ajoute Pierrick Horel.

De l'eau et de l'OFB
Autre sujet qui fâche : le septième plan d'action régional, déclinaison Hauts-de-France du plan national issu de la directive nitrates. «Alors que le sixième plan n'était déjà pas applicable, voilà que le septième rajoute une couche de contraintes, totalement déconnectées de la réalité agricole», s'exclame Régis Desrumaux.
Des zones d'actions renforcées (Zar) sont ainsi prévues sur des secteurs de l'Oise où la teneur en nitrates des eaux se situe entre 40 et 50 mg/l, alors que ce dispositif n'existe en théorie que pour les captages supérieurs à 50 mg. C'est incompréhensible, d'autant plus que l'agriculture est vite désignée coupable en cas de mauvaise qualité de l'eau, alors qu'il conviendrait d'analyser également l'assainissement pratiqué dans les villages, qui n'est pas toujours le plus efficace.
Même mécontentement au sujet de l'OFB dont les propos d'un des agents ont choqué. Le comportement militant de certains ne légitime pas leur travail, ni leur attitude en cas de contrôle. «Par exemple, sur le sujet de l'entretien des cours d'eau, alors que toutes les administrations et la profession valident un classement en fossé, pourquoi l'OFB le requalifie-t-il en cours d'eau ?», s'interroge un présent. Les agriculteurs se sentent parfois coupables d'office en face de tels interlocuteurs, mais ils ne sont plus les seuls à se plaindre de l'attitude de certains agents de l'OFB : les maires et leurs employés municipaux subissent aussi des contrôles qui parfois se déroulent mal.

Crises sanitaires
Aux interrogations sur les FCO 3 et 8 et sur la MHE, Laurent Saint-Affre conseille aux éleveurs de vacciner et de profiter de la gratuité des vaccins, cela ne devrait pas durer. Par contre, il reconnaît que les procédures d'indemnisatin sont mal calibrées, notamment par rapport à des veaux morts à la naissance ou peu de temps après.  «Nous avons espoir et travaillons à faire évoluer la procédure pour qu'elle prenne en compte plus d'animaux qu'actuellement.»
Enfin, en conclusion, les responsables ont réaffirmé que l'agriculture est un secteur d'avenir et qu'il est possible d'en vivre. Pour cela, il faut une vision claire et de la cohérence dans les réglementations. Les modèles d'agriculture sont nombreux, ils peuvent co-exister et sont le reflet de la richesse de notre territoire.

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