L'Oise Agricole 12 juin 2021 a 10h00 | Par Elisabeth Hersand

Quand YouTube permet de parler d’agriculture

Tout le monde connaît les agriculteurs, et la plupart des Français sont familiers des youtubeurs.Mais il y a aussi les agri-youtubeurs.En France, une dizaine d’entre eux ont plus de 20 000 abonnés, dont cinq ont participé du 20 au 25 mai à un Tracteur Tour.

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Chaque dimanche à 7h, Alexandre Perrault diffuse une vidéo de son quotidien d’agriculteur.
Chaque dimanche à 7h, Alexandre Perrault diffuse une vidéo de son quotidien d’agriculteur. - © Isabelle Doucet

«Quand on fait des vidéos, on est un peu seul, même si on voit qu’elles sont suivies, et qu’il y a beaucoup de commentaires. On n’a pas l’impression que les gens sont là. Mais là, on en a vu, des gens !», lance Alexandre Perrault. Le céréalier de Saint-Sauvant, dans la Vienne, ne s’attendait pas à l’accueil que lui et quatre autres agriculteurs Youtubeurs ont reçu. Partis le 20 mai de Châteauroux (Centre-Val-de-Loire), ils ont parcouru en tracteur un peu plus de 800 km, fait une douzaine d’étapes, pour revenir le 25 mai, «encore plus motivés pour communiquer», après avoir croisé près de 2 000 personnes. Car à chacune des étapes (soit deux fois par jour), des échanges avec les élus, mais surtout avec tous ceux qui voulaient les rencontrer, étaient prévus.

L’engouement du Tracteur Tour

Jeudi 20 mai, c’est à Mirebeau (Vienne) qu’une pause était organisée. Après avoir garé leurs tracteurs, les deux Alexandre, Gaël et David se sont installés dans le Prieuré de la commune (le 5e agri-youtubeur, Jean-Loup, n’était pas présent). Face à eux, une cinquantaine d’agriculteurs, des familles avec des enfants, et même des adolescents sont venus seuls pour les rencontrer. Quelques élus locaux aussi, comme le maire, mais aussi Nicolas Turquois. Le député, lui-même agriculteur, est persuadé de l’intérêt d’une telle communication. «Il faudrait que chaque agriculteur emmène ses voisins, les gens des alentours, sur son exploitation. Ça résoudrait beaucoup de problèmes et de tensions. Il faut montrer notre quotidien, comme vous le faites». Les agri-youtubeurs sont sur la même longueur d’onde. «Quand on entend parler d’agriculture, c’est rarement un agriculteur qui parle... et beaucoup de bêtises sont dites !», estime Alexandre Perrault, qui se félicite d’avoir pu parler avec autant de monde. «C’est fantastique, on ne s’attendait pas à un tel accueil. Les gens étaient contents de nous voir et de parler d’agriculture avec nous». Des personnes souvent proches du monde agricole, heureuses de les voir en chair et en os. «On a croisé un monsieur qui avait fait deux heures de route pour venir nous voir», s’étonne Alexandre Richard. Ce céréalier de l’Indre n’en revient pas d’avoir vu parfois 300 personnes, le temps des 2 heures de chaque étape. Le maire de Mirebeau avait d’ailleurs préparé une présentation du territoire : tourisme, mais aussi agriculture locale, avec des témoignages de viticulteurs et de producteurs d’échalions. Une découverte de productions et produits locaux qui s’est faite lors de chaque étape. Mardi 25 mai, dernier jour du Tracteur Tour, une nouvelle étape s’est déroulée dans la Vienne, à Saint-Gervais-les-Trois Clochers. Devant la salle des fêtes mise à disposition par la mairie, et avant un déjeuner concocté par un restaurateur local, une soixantaine de personnes sont venues rencontrer les agri-youtubeurs, qui n’ont pas hésité à remettre des casquettes, ballons, chapeaux, autocollants, planches à découper et autres gyrophares... autant de goodies offerts par les partenaires de l’évènement. Et la suite ? On n’a pas encore de date, mais il se dit que c’est dans le Sud-Est, du côté de l’exploitation de Gaël Blard, située à Valence, que l’édition de 2022 pourrait se dérouler.

Se lancer comme agri-youtubeur ?

Même s’il est difficile de recenser les agriculteurs qui ont créé leur chaîne YouTube pour y parler de leur métier, les 5 du Tracteur Tour estiment qu’ils sont une trentaine en France, et que moins de 15 comptent plus de 20 000 abonnés. C’est peu, mais ce n’est pas impossible que le Tracteur Tour ait suscité de nouvelles vocations. D’autant qu’un agriculteur sur trois est présent sur les réseaux sociaux, surtout sur Facebook et YouTube. Et quand on demande à Alexandre Perrault comment on fait pour «percer» et obtenir tant de vues (une de ses vidéos a été vue par plus de 250 000 personnes), il avoue qu’il n’a pas de secret. «Je pense qu’il faut avant tout être naturel. Je travaille sur mon exploitation comme avant. Je fais mon travail, et je le filme, c’est tout. Je crois que ce qui est le plus important, c’est de rester honnête, et soi-même». Un naturel qui se ressent vraiment dans ses vidéos. «J’ai choisi de m’adresser à quelqu’un, en le tutoyant, car personnellement, quand je regarde une vidéo, je suis très souvent seul, donc ça me paraît logique de m’adresser à la personne qui me regarde». À eux cinq, les deux Alexandre, Gaël, Jean-Loup et David cumulent 306 000 abonnés.

Exergue : «Je les suis un peu tous. C’est toujours intéressant de voir ce qui se fait à côté», lance le jeune homme, qui réfléchit actuellement à s’installer. «Par exemple, Gaël fait des cultures spéciales, c’est vraiment intéressant de voir des façons différentes de faire». Guillaume Dorin, ouvrier agricole dans l’exploitation familiale, à Beaumont-Saint-Cyr, dans la Vienne.

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