L'Oise Agricole 03 mai 2021 a 15h00 | Par L'Oise Agricole

Retrouver l’importance d’être sur son exploitation

Et si la crise sanitaire et le confinement avaient permis de se recentrer sur ses priorités ? C’est l’avis de Rodolphe Bujon.Agriculteur dans la Vienne, il est plus que jamais sûr que c’est dans ses champs qu’il est heureux.

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Rodolphe Bujon a revu son organisation pour être plus dans ses champs.
Rodolphe Bujon a revu son organisation pour être plus dans ses champs. - © Agence de presse

«Il m’arrivait avant de ne pas être sur mon exploitation pendant 3 ou 4 jours par semaine», se souvient Rodolphe Bujon. Désormais, il s’est fixé une limite. Pas plus d’une journée et demie par semaine à aller à des réunions de coopératives, il est notamment administrateur de la Tricherie, des formations, par exemple à l’agriculture de conservation, ou des réunions de groupes de travail agricole dont il fait partie.

«Avant le confinement, je ne m’en rendais pas compte, mais je courais dans tous les sens, pour réussir à faire ce que j’avais à faire». Le céréalier, installé à Magné, dans la Vienne, depuis 2008, explique qu’il était notamment plus négligent sur l’entretien de son matériel. «Je faisais tout à l’arrache», regrette Rodolphe Bujon, qui se souvient d’un pulvérisateur qui s’était pris un mauvais coup «il y a 3 ans» et resté sans réparation jusqu’au premier confinement. Dès le mois d’avril dernier, il s’était rendu compte que l’annulation des réunions, formations et autres assemblées générales qui le menaient hors de son exploitation ne lui manquaient pas tant que ça. «C’est parfois aussi plus facile de se dire qu’on va à une réunion, plutôt que de bricoler ou ranger…», reconnaît-il. «Mais finalement, tout ça ne me manque pas ! J’ai enfin le temps de faire les choses que je souhaite faire depuis longtemps, l’entretien du matériel par exemple. Pour la moisson à venir, tout mon matériel est aujourd’hui prêt à faire feu. Les autres années, je m’en souciais la veille…»

Lui, qui est entré dans une démarche d’agriculture de conservation depuis 2013 pour les 280 ha où il cultive des céréales estime d’ailleurs qu’il a impérativement besoin de ce temps d’observation et de calme pour continuer en ce sens. L’année dernière, il a notamment réalisé un profil de sol avec la méthode Pépone. «Je ne prenais jamais le temps de le faire et c’est vraiment dommage, car c’était vraiment très intéressant.» Une expérience qu’il a d’ailleurs filmée et commentée avant de partager la vidéo sur les réseaux sociaux. «Parler de mon métier, l’expliquer, ça aussi, j’ai toujours voulu le faire. On fait un métier de passion et on ne le dit pas assez», ajoute l’agriculteur qui multiplie depuis ce genre de vidéos. «En fait, cela m’a permis de comprendre que ma priorité, ce n’était absolument pas de partir à des réunions, mais faire ce métier qui me passionne. Le confinement m’a fait prendre conscience que je m’éparpillais et j’ai décidé de ne garder dans mes occupations que ce qui me plaît le plus et me sert le plus.» Et ce qui lui plaît le plus, c’est de s’occuper de ses terres. «C’est vraiment dans les champs que je suis le plus heureux».

Du père au fils

Lors du premier confinement, son fils a d’ailleurs découvert le travail sur l’exploitation. « J’évite de travailler sur l’exploitation durant le week-end, pour être le plus possible en famille». Et finalement, découvrir l’agriculture avec un père serein et passionné, a totalement décidé son fils. «Il est au lycée agricole de Thuré et est décidé à s’installer.» L’année prochaine, il rejoindra un autre lycée agricole du département, celui de Montmorillon, pour aller plus vers l’élevage. «Il veut être éleveur», sourit fièrement Rodolphe Bujon. Un goût pour les animaux qu’il avait aussi, mais qu’il repoussait, faute de temps. «Pour l’agriculture de conservation, c’est vraiment intéressant. J’ai 50 ha de prairies qui étaient peu valorisés, juste une coupe de foin». Et s’il dit «étaient», c’est que c’est déjà de l’histoire ancienne : 5 vaches et 3 génisses aubrac sont arrivées sur l’exploitation la semaine dernière. Une crise sanitaire qui a donc été un vrai révélateur pour cet agriculteur, plus que jamais heureux et qui a su transmettre sa passion à son fils. «J’ai retrouvé l’importance d’être sur mon exploitation, même si c’est vrai, que ce n’est pas toujours drôle d’être seul. C’est d’ailleurs ce qui pèse aux gens qui sont en télétravail. Ce qui manque, dans cette crise, c’est de voir les copains».

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