Sur la route de Stevenson
Entre Auvergne et Languedoc-Roussillon, le chemin de Stevenson relie le sud du massif central aux Cévennes profondes... Un chemin à arpenter accompagné d'un âne ou pas, rythmé cette année par une déambulation littéraire pour redécouvrir l'oeuvre du romancier écossais.
C'est l'un des plus beaux chemins de randonnée de l'hexagone. Le GR70 qui, sur plus de 270 kilomètres, relie l'Auvergne au Languedoc-Roussillon, a été rendu célèbre par l'écrivain écossais, Robert Louis Stevenson. L'auteur de la célèbre Île au Trésor, était en son temps ce que l'on peut considérer aujourd'hui comme un randonneur avant-gardiste.
Il voyait en effet dans cette activité une forme de loisir, aussi bon pour le corps que pour l'esprit. C'est donc avec cette idée, ainsi qu'une certaine affection pour le Massif central, qu'il entreprit en 1878 de parcourir les 258 km qui relient le Monastier-sur-Gazeille à Saint-Jean-du-Gard, accompagné de sa fidèle ânesse Modestine.
D'un village à l'autre, où les patois diffèrent d'un village à l'autre, c'est ici un paysan, là-bas un notaire, ailleurs un boulanger ou un instituteur qui lui conseille sa feuille de route pour le lendemain. Cet itinéraire parsemé de paysages majestueux, dont il fît la retranscription dans son oeuvre Voyage avec un âne dans les Cévennes porte désormais son nom. Du Velay au Gévaudan, en passant par le Mont-Lozère et le Pont-de-Montvert, l'itinéraire est émaillé de nombreuses étapes que pas moins de 7.000 randonneurs découvrent chaque année.
La plupart ne réalisent pas l'intégralité du parcours. Tous n'empruntent pas le chemin avec un âne, mais certains se laissent séduire par cette expérience atypique, détaillée avec force détails l'été dernier par la comédie Antoinette dans les Cévennes.
«Le film restitue bien ce qu'est le voyage avec un âne et le comportement de ce dernier.» Comprenez : un peu têtu quand même, estime Laurie de Gentiane, responsable d'une agence située à Genholac, dans le Gard, spécialisée dans la location et les voyages en âne.
Se préparer à randonner avec un âne
Comme d'autres prestataires sur le parcours, elle propose à la location une soixantaine d'ânes dressés et entraînés, ils peuvent partir en randonnée dès l'âge de 4 ans. De la simple location de l'âne à la randonnée tout compris avec guide topographique précis, carte IGN et hébergement individualisé à chaque étape, les formules sont multiples.
«Quelles que soient les options retenues, il faut passer par une petite session de formation en visionnant au préalable une vingtaine de minutes de vidéos, complétée par la mise en application au moment de la remise de l'âne. Vous êtes alors familiarisé au licol, à la longe, à l'installation du bât, aux noeuds, au brossage ou encore au nettoyage des sabots. Viennent alors le moment du chargement des sacoches, puis la conduite de l'âne».
Des paysages à couper le souffle
Avec ou sans âne, le chemin de Stevenson s'avère une expérience à vivre au plus près de la nature, à la découverte de paysages souvent époustouflants. Les 270 kilomètres se découpent en plusieurs étapes avec quatre territoires de passage bien identifiés. Du Nord au sud, le chemin démarre au Puy-en-Velay pour gagner au terme de 65 kilomètres la Lozère et la commune de Langogne. C'est le Velay avec ses champs de lentilles vertes qui côtoient de grands pins aux formes torturées, tandis que la lave donne aux hameaux ses couleurs rouges...
Plus au sud, de Langogne au Bleymard, bienvenue au coeur du Gévaudan, pays légendaire où les petites vallées accueillent des forêts sauvages éclairées de pâturages et de marais... où le silence laisse deviner le murmure des nombreux ruisseaux et où les tapis de mousse invitent au repos... Soixante kilomètres séparent les deux villes.
Du Bleymard à Florac, c'est le sommet du Mont-Lozère qui attend les randonneurs en début de parcours qui s'étend sur 45 kilomètres. Un étrange massif nu, parsemé de chaos granitiques aux formes arrondies et ponctué de nombreuses sources fraîches s'offre à eux. Au sommet de Finiels, le temps s'arrête, laissant aux yeux le plaisir de courir des Alpes aux Pyrénées. La force des lieux imprègne alors immanquablement le corps tout entier du marcheur avant de le pousser vers les volutes bleues des fameuses Cévennes. Enfin, de Florac à Saint-Jean-du-Gard, dernier chapitre du périple, le plus long aussi avec ses 75 kilomètres, les vallées cévenoles invitent doucement au farniente, à la nonchalance du midi.
Les sentiers de schiste glissent à travers les forêts de châtaigniers, plongeant vers les rivières rafraîchissantes avant de rejoindre les sommets ensoleillés. Les lauzes laissent progressivement la place aux tuiles sur les toits et chaque petit village traversé a ses histoires à raconter. Car chaque territoire traversé recèle des merveilles, difficile de les énumérer toutes ici. L'association Sur le chemin de Robert Louis Stevenson en a répertorié un certain nombre.
À découvrir sur le site internet de l'association, au même titre d'ailleurs que tous les détails pratiques pour organiser sa randonnée. Rendez-vous sur https://www.chemin-stevenson.org/
Un chemin indispensable pour l'économie touristique
L'association Sur le chemin de Robert Louis Stevenson, créée en 1994, a pour objet de promouvoir, animer et préserver le chemin de Stevenson. D'emblée, cet itinéraire a été imaginé comme un catalyseur de développement touristique. Dans cette optique, l'association a rassemblé des partenaires, hébergeurs, et restaurateurs notamment. D'une poignée au départ, ils sont aujourd'hui plus de 200 qui vivent grâce au chemin. L'association évalue à 9,5 millions d'euros les retombées annuelles générées par le chemin, ce qui est loin d'être anecdotique. Régulièrement, l'association propose des initiatives originales. C'était le cas cette année, du 21 juin au 4 juillet, avec «Les déambulations littéraires» alliant l'oeuvre de l'auteur et le territoire du chemin. «Nous souhaitons proposer une nouvelle lecture du chemin, à travers le prisme littéraire qui lui est si particulier», indique Anne Chrétien-Nourry, animatrice culturelle de l'association. Concerts, conférences, lectures, pièces de théâtre, musées, et ateliers créatifs seront ainsi organisés à destination des marcheurs comme des publics locaux. Les entrées sont libres et gratuites (hors activité du Réseau européen Sur les traces de Robert Louis Stevenson) dans la limite et le respect des mesures sanitaires. Certaines activités nécessiteront une inscription.
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,