L'Oise Agricole 19 mai 2022 a 09h00 | Par Dorian Alinaghi

Tout seul, c'est bien ; à deux, c'est mieux, même en double activité

Sylvain et Simon Maréschal se sont lancés dans le métier d'agriculteur. Tous deux prudents, les deux frères exercent un autre métier pour éviter les problématiques financières. Rencontre.

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Sylvain et Simon Mareschal
Sylvain et Simon Mareschal - © D.A.

L'un a 22 ans et l'autre 31, Simon et Sylvain Maréschal sont deux jeunes installés à Hermes, dans l'Oise. Les deux frères ont un parcours scolaire agricole. Le plus jeune, Simon, a obtenu un bac pro CGEA et un BTS APV à Airion. Avec la crise sanitaire, le BTS a été stoppé. C'est en 2021 qu'il se décide à s'installer en reprenant une exploitation d'une cinquantaine d'hectares, en liquidation judiciaire. À côté de cela, il est double actif trois jours par semaine en tant que chauffeur agricole sur une exploitation à Breuil-le-Vert.

Quant à l'aîné, Sylvain, il a suivi un bac STAV à Chauny, un BTS à Airion et une licence pro à Amiens, en alternance chez Saaten-Union. Cela fait 11 ans que le jeune travaille pour le groupe semencier et sept ans à temps plein.

C'est en 2017 qu'il commence tout doucement le métier d'agriculteur. «J'ai commencé à reprendre quatre hectares. Par la suite, j'ai récupéré 27 hectares de mon oncle et une dizaine hectares à l'extérieur du village. De plus, cette année, on a repris 30 hectares supplémentaires que l'on a partagés avec Simon. Je suis sur l'exploitation deux à trois jours en moyenne et le reste de la semaine à Saaten-Union en tant que technicien» explique Sylvain. Les deux jeunes avancent prudemment dans l'exploitation familiale étant donné que le père et l'oncle sont proches de la retraite. «Mais on n'aurait jamais pu y arriver sans eux, rien que pour le matériel agricole, ce sont des engins assez onéreux. N'ayant pas assez d'expérience, j'ai la chance d'avoir mon frère qui a du bagage dans le métier», ajoute Simon.

L'ensemble de l'exploitation polyculture-élevage s'étend de Hermes à Angy et Villers-Saint-Sépulcre. «Nous n'avons pas l'âme d'éleveurs, nous allons bien évidemment réduire l'élevage de vaches allaitantes pour nous concentrer sur nos cultures», poursuivent les deux frères.

Au commencement arrive la diversification

Loin de la fougue de la jeunesse, Sylvain, lors de son arrivée, a décidé de diversifier l'exploitation. «En agriculture, il ne faut pas être buté et avoir du recul. On est jeune, on ne se renferme pas dans l'exploitation, on se pose beaucoup de questions pour améliorer notre cadre de vie professionnel et personnel», explique-t-il. Dès lors, il s'est concentré sur l'élevage de moins de deux cents poules pondeuses.

«Il y a plusieurs facteurs à ce choix. J'ai arrêté mon parcours à l'installation car les aides étaient assez basses. J'avais tenté le maraîchage, mais cela ne me convenait pas. J'avais rencontré un autre jeune agriculteur, Marc Vandromme, lors du parcours à l'installation. C'était totalement absurde que l'on fasse la même diversification alors que nous sommes à côté. Au contraire, il faut chercher la complémentarité entre agriculteurs. Dès lors, j'ai choisi l'élevage de poules pondeuses qui est assez simple» détaille Sylvain.

Originalité oblige pour des jeunes, ils vendent les oeufs en direct, mais en libre-service. Sans personne pour les accueillir, les clients viennent récupérer les oeufs et mettent l'argent dans une caisse à disposition. «Évidemment, cela reste compliqué pour rendre la monnaie. De plus, on a même retrouvé des Francs dans la caisse. Je voulais d'ailleurs placarder une pancarte disant on n'accepte pas les francs mais on ne refuse pas les Louis d'or (rire)», ajoute Sylvain.

Double actif, un choix pour la sécurité

Les deux frères ont choisi de rester doubles actifs pour éviter les problèmes financiers engendrés lors de l'installation. L'idée, pour eux deux, est de passer à temps plein sur l'exploitation et de développer l'activité. Sylvain souhaite développer sa diversification avec 1.000 et 1.500 poules pondeuses en vente directe et en livraison dans des magasins au niveau départemental et régional. Le hic ? le financement des bâtiments et du centre de conditionnement. Qui plus est, un contentieux plane au-dessus des deux frères. En effet, sur un projet prévu au PLU, la commune souhaite reprendre une vieille friche proche de l'exploitation pour y construire une trentaine de logements sociaux. Des habitations donc très proches de la ferme. Avec la peur d'avoir des problèmes de voisinage, ce problème commence à ressembler à l'affaire Verschuere. «Cela peut nuire à nos futurs projets... On a l'impression que les urbains viennent s'installer en campagne et que nous, agriculteurs, nous devons partir ensuite», s'inquiète Simon.

Autre idée des deux frères, le passage en semis direct avec des Cipan pour l'agriculture de conservation. «On avait déjà mis en place les Cipan, mais on ne semait pas en direct. Nous avons construit nous-mêmes un prototype de semoir direct. On s'est inspiré de certains modèles qui fonctionnent, je ne vois pas en quoi cela ne marcherait pas pour nous (rire)», affirme Sylvain.

«On voit clairement aujourd'hui que l'on patine. On arrive à un plafonnement des rendements lié aux conditions climatiques, surtout que nous sommes dans un secteur très sableux. Le seul moyen d'avoir des revenus, c'est de réduire les charges, mais également d'améliorer la structure du sol et la rétention d'eau. On a certaines parcelles où les catastrophes s'enchaînaient. On a donc amené beaucoup de matières organiques et des Cipan. Ces dernières sont monstrueuses (rire). On ne fait pas beaucoup de rendement en céréale, 70 quintaux en moyenne ; par contre, on a des moutardes... (rire). Blague à part, au fil des années, on a vu des améliorations incroyables sur notre sol. Par exemple, malgré la sécheresse dans notre secteur, on a eu des rendements corrects. On ramène de la matière organique, des aliments nutritifs et nous allons continuer dans cette voie», conclut-il.

Ambitieux et plein d'énergies, Sylvain et Simon sont fiers d'exercer le métier d'agriculteur tout en étant doubles actifs pour le moment.

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ROYER (12) | 26 mai 2022 à 03:54:00

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