L'Oise Agricole 19 septembre 2024 a 16h00 | Par Pierre Poulain

Un clip musical pour promouvoir le port de la ceinture

Cinquante adhérents de la MSA Picardie, exploitants et salariés, issus des diverses filières de nos trois départements, ont accepté de participer à un clip vidéo pour promouvoir le port de la ceinture de sécurité en engin agricole.

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«Nous nous sommes appuyés sur la sinistralité et notre connaissance des activités et des risques professionnels afin d'encourager la mise en place des bonnes pratiques», explique Fabien Dumaire, conseiller en prévention des risques professionnels, pour justifier la réalisation du clip vidéo rassemblant des adhérents exploitants et salariés. «Dans le secteur agricole et sur la période 2018-2020, on déplore 4 accidents du travail mortels rien qu'en Picardie ! Ces accidents concernent des tracteurs comme des chariots télescopiques, et se sont produits sur route, dans les champs ou à proximité du corps de ferme, à des vitesses parfois très faibles.» Selon l'ONISR, entre 2013 et 2017, 984 accidents routiers ont impliqué un tracteur agricole. Parmi les victimes graves des accidents recensés (décès ou hospitalisation), plus d'un tiers d'entre eux n'avait pas attaché leur ceinture de sécurité. Selon un sondage publié sur terre-net.fr datant de 2021, seulement 6,2% des chauffeurs agricoles bouclent leur ceinture de sécurité.

La MSA accompagne

Pour ceux dont le tracteur est ancien et non équipé d'une ceinture, «il est possible d'agir» selon Fabien Dumaire. Les véhicules mis en service depuis juillet 2009 permettent l'utilisation des points d'ancrage sur la partie mobile du siège du conducteur ou sur le châssis du tracteur lorsque le siège n'est pas mobile. «Il est aussi possible de remplacer le siège dépourvu de points d'ancrage par un modèle équipé et de mêmes dimensions, afin qu'il s'adapte à la structure de protection.» Les services santé-sécurité au travail des MSA peuvent vous accompagner pour sécuriser les tracteurs non équipés d'une ceinture en étudiant la meilleure solution technique ou en recherchant des solutions de prévention adaptées à l'entreprise pour améliorer les conditions de travail et prévenir les risques.

Reste que nombre d'agriculteurs aimeraient pouvoir utiliser une ceinture 3 points plutôt que 2 points. «La ceinture 3 points n'est pas adaptée aux engins agricoles. Compte tenu de leur conception, de leurs utilisations et pour des questions d'ergonomie, la ceinture 2 points laisse plus de liberté de mouvement au chauffeur.» Le siège d'une machine agricole est spécifique, moins haut que celui d'un camion routier, ce qui permet, d'après Fabien Dumaire, de manoeuvrer, d'atteler et de surveiller le travail en cours s'il y a un outil derrière. «La ceinture ventrale permet effectivement de maintenir le chauffeur à son poste de conduite. Les différents retours d'expérience le confirment, la ceinture 2 points sauve des vies et limite les séquelles corporelles de manière très significative, à condition de la boucler évidemment.»

Une ceinture ventrale standard avec bloc enrouleur coûte moins de 90 EUR HT. La version avec technologie ELR, appelée aussi Duo Sensitive, qui ne serre pas le chauffeur à la taille, coûte environ 180 EUR.

Une obligation pour les mineurs

Peut-être faut-il aussi rappeler que la conduite des engins sans structure de protection en cas de renversement, dont la ceinture de sécurité (peuvent également s'ajouter, le cas échéant, une cabine ou des arceaux de sécurité), est strictement interdite pour les travailleurs mineurs. «D'une manière générale pour l'ensemble des salariés, quel que soit l'âge, les employeurs doivent appliquer les grands principes généraux de prévention, qui sont d'ailleurs inscrits dans le code du travail. L'objectif premier est donc de supprimer les risques autant que possible. A défaut, une démarche qui vise à mettre en place les moyens de prévention appropriés doit être mise en place. Le port de la ceinture est effectivement le moyen de répondre à cet objectif de résultat. Ce geste simple sauve des vies, des salariés comme des exploitants.»

Oui au port de la ceinture, mais avec des modèles adaptés

Philippe Carlier, exploitant à Méry-la-Bataille

Lorsque la MSA m'a sollicité pour participer au tournage du clip, j'ai accepté, mais je n'ai pas caché que je trouve que les ceintures que j'ai dans trois de mes tracteurs ne sont pas du tout adaptées. Elles comportent uniquement deux points d'attache qui scient le haut des jambes quand on doit sans cesse regarder en arrière, au cours d'un chantier de pressage par exemple. Et puis, en cas d'accident, ces deux points n'empêchent sans doute pas la tête de cogner sur le volant ou les vitres de la cabine. Une ceinture avec trois points d'attache, comme celle des voitures, me paraîtrait mieux adaptée, moins gênante et plus efficace en cas de choc. Les constructeurs devraient y réfléchir, d'autant plus que les nouveaux modèles sont souvent déjà équipés, mais en ceinture avec deux points d'accroche seulement.

Par ailleurs, des aides peuvent être accordées pour ceux qui voudraient améliorer leur sécurité ou leur confort. Sur la ferme, nous avons ainsi déposé un dossier de subvention auprès de la MSA pour changer les sièges des tracteurs. Il est possible d'être aidé pour l'achat de sièges pneumatiques basse fréquence et de silent bloc. La pose d'une ceinture de sécurité peut être subventionnée également je crois.

Je pense que le port de la ceinture de sécurité en agriculture se généralisera à ces conditions et sans doute si la réglementation évolue vers une obligation, comme cela a été le cas pour l'automobile.

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