Un rebond attendu en 2021 pour le lait
En France, la filière laitière a été relativement épargnée par les crises sanitaire et économique générées par l’épidémie de la Covid-19. Mais l’avenir est plein d’incertitudes avec des problèmes structurels toujours aussi prégnants, selon l’AFTAA, spécialiste des formations en alimentation et productions animales qui a organisé un webinaire sur le sujet fin novembre.
Le produit intérieur brut (PIB) français baissera de plus de 10 % cette année, mais l’agriculture et l’industrie agroalimentaire françaises résistent bien. En France, le prix du lait n’a pas décroché quand l’épidémie de la crise de la Covid est survenue. Les mécanismes de fixation du prix du lait ont mis les producteurs à l’abri des réactions spéculatives des marchés mondiaux des produits laitiers. Cet automne, la collecte de lait croît de nouveau. Elle est supérieure de 2,3 % par rapport à l’an passé à pareille époque. Comparé à d’autres pays européens, le faible poids de la restauration hors domicile atténue, en France, l’impact de la fermeture des restaurants.
Les problèmes structurels demeurent
Dans leur ensemble, les Français consomment autant de produits laitiers qu’avant la crise, mais différemment. Pendant la première période de confinement, les achats des ménages ont augmenté de sept points. Depuis, les consommateurs achètent toujours plus de lait, de beurre, de crème et de produits basiques pour cuisiner qu’avant la période de confinement. On a même observé des ruptures d’évolution avec une augmentation de la consommation de briques de lait - structurellement en repli - et une baisse de celle de pate filée en raison de la fermeture des restaurants. Selon le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière, les demandes de produits laitiers par la restauration hors domicile et l’industrie agroalimentaire ont baissé de quatre points pendant la première période de confinement. Mais les problèmes structurels de la filière éludés, le temps de la crise sanitaire demeurent. Le prix du lait payé aux éleveurs n’est pas suffisamment rémunérateur pour rendre la profession d’éleveur attractive auprès des jeunes. La volatilité des cours des matières premières, accentuée pendant la période de confinement, rend les projets d’installation et d’investissement vulnérables. En cette période de crise économique, les consommateurs pourraient se rabattre sur des produits alimentaires bon marché aux dépens des produits laitiers à forte valeur ajoutée. Ils s’inscriraient alors en contradiction avec leurs aspirations de vouloir consommer des produits «responsables» et «plus local».
Un rebond attendu dans un climat de crise
L’an prochain, les marchés mondiaux des produits laitiers devraient bénéficier du rebond de l’économie mondiale si l’épidémie est jugulée par des campagnes de vaccination efficaces. La planète ne croule pas sous des montagnes de beurre, de fromages et de poudres, et là où ils ont augmenté, ils se résorbent. Et la consommation mondiale de produits laitiers s’est bien maintenue. Pourtant, l’avenir est truffé d’incertitudes. Une partie de l’économie mondiale, maintenue sous perfusion, pourrait s’effondrer. Faute de revenus, les pays producteurs de pétrole n’auraient alors plus les moyens d’importer autant de produits laitiers qu’avant la crise. Un tel scénario affecterait l’ensemble des pays exportateurs de produits laitiers. L’essor mondial de la consommation de produits laitiers, sans lait, à base de protéines synthétiques fragilise l’ensemble de l’industrie laitière et, par ricochet, la production mondiale de lait de vache. Dans l’Union européenne, la filière laitière pourrait être impactée par l’absence d’accord commercial avec le Royaume-Uni, importateur de produits laitiers européens et français notamment. L’imposition de nouvelles barrières douanières provoquerait le même scénario de crise qu’en 2014, alors que la Russie avait instauré son embargo sur les produits laitiers européens. Le marché européen serait alors engorgé de produits, qui ne seraient plus exportés, Outre-Manche.
La mise en conformité des contrats avec la loi Egalim patine
Plus de deux ans après la promulgation de la loi Egalim, tous les contrats laitiers n’ont pas encore été mis en conformité. «Nous en sommes loin encore», regrettait Francis Amand, médiateur des relations commerciales agricoles, le 2 décembre. Pour preuve, deux des plus grosses laiteries françaises sont en médiation pour tenter de s’accorder avec les organisations de producteurs sur une formule de prix. Et d’autres sont toujours en discussion avec leurs producteurs. Le médiateur avait pourtant demandé, en mai dernier, que les accords-cadres soient conclus avant le 1er décembre. Une situation qui agace au plus haut point France OP Lait, le jeune syndicat des OP laitières. «Nous sommes le 1er décembre et il n’y a pas eu d’avancées fulgurantes», dénonce Christine Lairy, directrice de l’OPLGO (producteurs livrant à Lactalis), qui collabore également avec France OP Lait. Pour le syndicat, «ce qui bloque c’est que les formules proposées par les OP qui intègrent les modalités d’Egalim aboutissent inévitablement à une augmentation du prix du litre de lait, et ça, les industriels ne veulent pas».
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