L'Oise Agricole 05 décembre 2019 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé, Dorian Alinaghi

Une belle démonstration de force pour inverser la tendance

Mercredi dernier, les agriculteurs du Nord-bassin parisien et du Grand-est ont convergé vers Paris et ont bloqué le périphérique une bonne partie de la journée, avant de repartir chez eux tard dans le nuit.

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- © Agence de presse

«C’est vraiment une belle mobilisation et surtout une démonstration de force que nous avons réalisées à destination du gouvernement», se félicite Éric Labarre, président de l’Union cantonale des SEA du Noyonnais. Il menait le convoi au départ de Noyon, dès 3 h 30 du matin. La douzaine de tracteurs de Guiscard et Noyon a été vite rejointe par les collègues venus de l’Aisne et de la Somme et c’est au final un quarantaine de tracteurs de ce secteur qui est entrée sur l’autoroute A1 près de Chevrières. «C’était bien organisé, que ce soit au niveau du respect des horaires que du dispositif de sécurité mis en place», se félicite le responsable.

Dans le secteur du Valois, Alice Avisse, est également satisfaite. «Au départ de la mobilisation, je n’étais pas trop partante. Cependant, j’ai vu qu’énormément de monde se mobilisait et cela donne un boost incroyable. C’est rassurant de savoir que l’on est suivi par de nombreuses personnes. Cela nous donne envie de continuer et de se battre pour nos valeurs. De plus, je suis contente du résultat final. On a réussi à obtenir un rendez-vous très rapidement, la mobilisation a été très efficace. On ne peut pas tout obtenir d’un coup, il faut avancer par palier. On est en bonne voie car on est écoutés par tous.»

Dans le Nord-Ouest, Pascal Foucault participait au convoi venu de Picardie verte. «La mobilisation a été longue à venir, les inscriptions se sont surtout faites dans les deux derniers jours», concède le responsable. «Les agriculteurs avaient en mémoire la manif de septembre 2015 où ils ont eu l’impression d’avoir été parqués place de la République. Ils voulaient être sûrs de ne pas faire la même chose.»

Comme prévu, les tracteurs ont atteint le périphérique vers 9 h 30 et se sont immobilisés vers 10 heures au niveau de la porte des Ternes, juste avant la porte Maillot, dans l’Ouest parisien.

Ils n’en sont repartis que vers 23 heures. «La délégation reçue au ministère de l’Agriculture est sortie vers 20 heures avec le mot d’ordre de lever le camp mais, pour nous, il n’était pas question de partir sans avoir un rendu direct de la part de nos représentants. Les gars n’auraient jamais levé le camp sans cela», expose Éric Labarre.

Laurent Degenne (FRSEA HDF), Luc Smessaert (FNSEA) et Damien Greffin (FRNBP) sont donc venus échanger avec les manifestants pour détailler les avancées obtenues. «C’était nécessaire car l’impatience se faisait sentir. Dans ce genre de mobilisation nationale, les adhérents ont du mal à imaginer que la pression que nous mettons sur les pouvoirs publics va avoir des effets directs sur leur exploitation, explique Pascal Foucault. Et puis tout le monde n’a pas les mêmes attentes. Pour les uns, c’est le dossier ZNT qui motive alors que d’autres attendent des retombées de la loi Egalim.»

Des avancées à confirmer

À la sortie de la réunion avec la secrétaire adjointe de l’Élysée et le ministre de l’Agriculture, les représentants nationaux de la FNSEA et des JA ont appelé à la suspension du mouvement national du 27 novembre, alors que plusieurs centaines de tracteurs bloquaient depuis tôt le matin le boulevard périphérique de Paris.

«Nous avons beaucoup ferraillé, nous savons qu’il y a des décisions difficiles, les acteurs doivent jouer le jeu», a expliqué la présidente de la FNSEA Christiane Lambert.

Les deux syndicats estiment avoir obtenu des assurances de l’Élysée et de la rue de Varenne concernant les zones de non-traitement (phytos), alors qu’un décret et un arrêté doivent paraître prochainement sur ce dossier. Le gouvernement aurait assuré qu’il s’alignerait sur la position de l’Anses, si l’agence accordait des distances nulles avec les riverains en cas de mis en œuvre de pratiques protectrices (buses anti-dérive, par exemple) ; cette disposition était prévue dans les projets de texte du gouvernement, mais un flou et une crainte subsistaient chez les agriculteurs, selon la profession.

Des gages aussi sur l’application d’Egalim

«Si la science dit qu’on peut aller à zéro mètre, le gouvernement suivra : c’est ce qu’a dit le ministère de l’Agriculture et la représentante du président de la République», a affirmé la présidente de la FNSEA. «La position du gouvernement est de s’appuyer sur la science, rien que la science, toute la science, et nous sommes tombés d’accord avec JA et FNSEA pour dire la science, rien que la science, toute la science», a déclaré le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume à la sortie de la réunion.

L’Élysée et la rue de Varenne auraient également donné des gages concernant le niveau de contrôle et de sanction concernant le respect de la loi Egalim durant les négociations commerciales. Enfin, de source syndicale, le gouvernement aurait également garanti que les velléités de modification de la loi Egalim de certains parlementaires ne seraient pas soutenues.

Au cours de la journée, le ministre a plusieurs fois apporté son soutien au mouvement, sur les thèmes de l’agribashing et du revenu des producteurs. Les syndicats n’ont pas obtenu le rendez-vous demandé avec le président de la République lui-même, mais à défaut, ils ont obtenu rendez-vous mardi 3 décembre avec le Premier ministre.

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