Une récolte 2022 pénalisée par la météo mais sauvée par des prix élevés
Les adhérents de Lin 2000 étaient conviés le mercredi 21 février à la ferme historique d'UniLaSalle à Beauvais pour une assemblée générale sur la récolte 2022, les perspectives 2023 et les projets de la coopérative.

Belle affluence puisque presque 300 adhérents ont assisté à l'assemblée menée par le président de Lin 2000, Sébastien Jumel, le directeur, Nicolas Defransure, ainsi que Maxime Visse, technicien.
La campagne 2021-2022 a démarré par un hiver relativement doux qui n'a pas pénalisé les lins d'hiver. Deux tiers des semis de printemps ont été réalisés en bonnes conditions avant le 27 mars, le reste après les gelées de début avril. Les levées ont été rapides, les conditions en mai et juin normales. «En juillet et août, il n'est tombé que 18 mm dans certains secteurs et les températures sont montées à 40 °C. Autant dire que les arrachages se sont déroulés en conditions sèches et que le rouissage a été insuffisant», relate Maxime Visse. Sur les 3.200 ha emblavés, la moyenne est de 5,8 t de pailles par hectare avec 960 kg de fibres longues, variable selon les variétés et les secteurs, avec une recette moyenne de 5.106 EUR/ha, ce qui est tout à fait honorable pour une récolte pénalisée par la sécheresse.
En lin textile de printemps (LTP), c'est le secteur de Formerie qui s'en sort le mieux, avec une recette de 8.574 EUR/ha, tandis que Froissy ne dépasse pas 3.227 EUR/ha. En lin textile d'hiver (LTH), la recette moyenne est supérieure, à 7.948 EUR/ha ; le meilleur secteur est celui de Goderville (76), à 9.450 EUR/ha, le moins bon plafonne à 6.024 EUR/.ha. En bio, sur 70 ha uniquement, la recette moyenne s'établit à 3.881 EUR/ha.
«Seuls 439 ha de la récolte 2023 ont été teillés pour l'instant, avec 20 % de fibres longues. Les rendements en LTP ont baissé, ils sont impactés par le changement climatique tandis que les LTH affichent des résultats plus en dents de scie. C'est une culture récente et la sélection variétale devrait lui permettre de mieux résister au gel. Nous avons de bons espoirs pour 2024», conclut le technicien.
De bons résultats économiques malgré tout
«J'avais espéré 6,2 t en 2022, on a fini à 5 t/ha. Malgré l'amélioration des variétés de plus en plus productives, leur potentiel est pénalisé par le changement climatique. C'est grâce à un prix moyen éclaté à 5,42 EUR/kg, ce qui est rare, que la recette bonne», se réjouit Nicolas Defransure. La marge moyenne, charges de teillage enlevées, s'élève à 5.192 EUR/ha, un bon résultat. Les dix résultats les plus bas sont à 1.037 EUR/ha sur 83 ha, les dix meilleurs à 10.882 EUR/ha sur 159 ha. Si la moyenne est bonne, elle cache quand même une grande hétérogénéité des situations.
En lin d'hiver, le pire est à 4.467 EUR/ha et le meilleur à 12.771 EUR/ha, pour une moyenne de 8.033 EUR/ha. «Le lin d'hiver n'est pas meilleur, mais il est bien valorisé sur le marché quand le lin de printemps n'est pas au rendez-vous de la qualité. Nous croyons quand même au LTH», assure le directeur. Enfin, en bio, la moyenne est excellente, à 3.881 EUR/ha.
Trois années sont teillées actuellement, 2021, 2022 et 2023. 4.037 ha ont été teillés sur la campagne, soit 21.000 tonnes. «C'est un super résultat grâce au travail des liniculteurs et des salariés, tous très motivés», encourage Nicolas Defransure.
Par contre, il pointe une récolte 2023 compliquée à teiller, avec des lins courts qui demandent une adaptation du procédé. De plus, le coût de l'électricité a explosé, augmentant le coût de teillage à 190 EUR/t. Pour ce qui est de la récolte 2023, à ce stade du travail, le rendement en paille st faible, à 3,4 t/ha, avec une recette potentielle de 4.414 EUR/ha si le prix se maintient à 7 EUR/kg de filasse.Nicolas Defransure relativise : «Il y a 20 ans, quand je suis arrivé à Lin 2000, c'était la misère ! Aujourd'hui, la production est en hausse malgré les risques encourus, le lin a le vent en poupe et des arguments pour séduire encore plus, les recettes se tiennent, je suis optimiste !»
Une coopérative solide et des projets ambitieux
Avec un chiffre d'affaires d'environ 29 millions d'euros au 30 septembre 2023 et des charges à 27 millions d'euros, le résultat d'exploitation s'élève à presque 2 millions d'euros, en hausse par rapport à l'année précédente. Le résultat est bon et le bilan est solide, avec une augmentation de l'actif immobilisé (investissements) et des stocks (report des récoltes précédente). Avec 14 millions d'euros de fonds propres, Lin 2000 est solide et peut afficher des ambitions pour demain.
Dans son rapport moral, le président Sébastien Jumel déroule les projets de la coopérative : «Notre outil de transformation doit être à la hauteur de nos ambitions, de vos attentes. La modernisation des deux teilleuses actuelles se poursuit, un robot de sortie de ligne sera opérationnel pour la récolte 2024 et un nouveau bâtiment de stockage a été construit ,qui a été calibré de façon à pouvoir recevoir des teilleuses à l'avenir. Car Lin 2000 a le projet de monter deux nouvelles lignes de teillage.»
Pour cela, la coopérative a acheté un terrain à la mairie afin de le végétaliser avec les eaux usées et elle a conclu un accord avec Agora pour acheter les silos de la coopérative rue Saget afin de s'agrandir.
La petite fleur bleue voit grand et continue de passionner ses producteurs et transformateurs.
Lin 2000 recherche des producteurs de semences de lin oléagineux
Il faut augmenter la production de lin oléagineux, notamment car Lesieur a enfin remplacé l'huile de pépins de raisin par de l'huile de lin dans l'Isio 4. Cela a été rendu possible grâce au travail des triturateurs et à la sélection variétale qui permet de produire du lin oléagineux pour une huile qui ne rancit pas.
«Nous avons besoin de produire des semences de lin oléagineux et je lance un appel auprès des adhérents qui auraient des terres difficiles sur lesquelles il est possible de cultiver du lin oléagineux d'hiver», annonce Nicolas Defransure. C'est facile à produire, il y a peu de charges, c'est sans doute une opportunité à saisir.
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,