Une web télé pour creuser la question du sol
Animée par le journaliste nordiste Frédéric Denhez, la Pecnot’Lab TV rassemble chaque mois, en direct et en replay, des milliers de curieux. Point de rencontre entre scientifiques et agriculteurs, elle décortique les secrets d’un sol en bonne santé.
«20 minutes d’interview d’un epert sur des sujets traitant du sol et c’est vous qui proposez les sujets à traiter !» C’est le leitmotiv de C dans l’sol, émission mensuelle diffusée par la Pecnot’Lab TV. Lancée en juin 2020 et animée par le Caudrésien d’origine Frédéric Denhez, l’émission d’une bonne heure (disponible en replay sur la chaîne YouTube du même nom) creuse en profondeur un sujet central pour l’agriculture : le sol.
Nématodes superstar
En projet depuis début 2020, l’émission C dans l’sol a été lancée par Rhizobiòme, entreprise coopérative fondée dans le Tarn en 2006 par un collectif de citoyens engagés (lire aussi l’encadré). «Ils voulaient préserver les zones humides qu’ils voyaient se dégrader. Là-bas, on les appelle des sagnes.» Ainsi naît le Réseau Sagnes, un programme régional cofinancé notamment par l’Agence de l’eau, qui veut porter la bonne parole aux agriculteurs. «Beaucoup ont suivi le mouvement. Très vite, un lien évident a été établi entre zones humides, ressources en eau et santé des sols.» Rhizobiòme lance en 2014 le Rés’Eau Sol, un programme de sciences participatives qui s’intéresse à la santé des sols dans le contexte du changement climatique, et le Pecnot’Lab, une base de ressources en ligne avec des tutoriels et des outils partagés. «C’est une sorte d’université populaire des sols, décrit Frédéric Denhez. Au Pecnot’Lab, les agriculteurs peuvent se former à l’analyse primaire des sols avec du matériel spécifique.» Des formations techniques sont également proposées. Si l’initiative de départ est occitane, la portée du Pecnot’Lab a augmenté avec l’émission C dans l’sol, diffusée en direct chaque quatrième mardi du mois à 20 h 30 et mise en ligne de façon permanente sur YouTube deux jours plus tard. «Notre dernière émission en date porte sur les nématodes, explique Frédéric Denhez. C’est un gros volet du monde parasitaire chez les plantes, et un élément majeur de la bonne santé des sols, au même titre que les vers de terre et micro-organismes.» Des entreprises ont développé des indicateurs de qualité des sols fondés sur les nématodes. C’est le cas de la société Elisol environnement, dans le Gard, dont l’ingénieur de recherche, Camille Chauvin, présente le travail dans le dernier volet de l’émission tourné le 25 janvier. «Nous avons été suivis par 138 spectateurs en direct. Et surtout, nous avons eu beaucoup, beaucoup de questions. À chaque fois, nous avons entre 100 et 350 spectateurs en direct. Ainsi que beaucoup de visionnages en replay : 500 ou 600 par épisode en moyenne. Notre émission avec Lionel Ranjard, directeur de recherche écologie du sol à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, ndlr), a fait un tabac : 3.500 replays et 450 personnes en direct pendant 1 h 30 !» Pédagogique, C dans l’sol entend faire le lien entre chercheurs et paysans. «Au départ, elle intéressait surtout les paysans en agriculture de conservation ou en bio, mais maintenant, nous avons des éleveurs, des viticulteurs, des céréaliers… Tous ceux qui se posent des questions sur l’érosion de leurs sols.»
Une prise de conscience qui se généralise
«La prise de conscience, ce n’est que le début du processus, mais c’est ce qu’il y a de plus dur à obtenir», affirme le journaliste, rompu aux questions agricoles. Ce sont aussi parfois les grosses factures des produits phytos ou des difficultés particulières que la chimie ne sait pas résoudre qui poussent les agriculteurs à se poser des questions sur leur sol. François Tamboise, cultivateur à Montigny-en-Cambrésis, dans le Nord, (dont il fait le portrait dans son dernier livre, Rencontres avec des écolos remarquables, ndlr), est dans ce cas. «Ancien agriculteur conventionnel pendant des décennies, il faisait face à une chute du taux de matière organique de ses sols. Il a revisité ses pratiques. Il est aujourd’hui en agriculture de conservation totale. Son taux de matière organique a explosé. Il utilise un peu de glyphosate pour désherber et l’assume. Son fils, qui va reprendre l’exploitation, va essayer de faire pareil, mais en bio. Tout ceci sur un sol argileux, ce qui demande du doigté… Son cas est emblématique : il y a 10 ans, le sol n’était pas un enjeu majeur. Aujourd’hui, je ne rencontre plus d’agriculteurs qui ne connaissent pas leurs sols ou ne se posent pas de questions dessus.» Quant aux sceptiques à la cause des nématodes : «Nombreux sont ceux qui ont des points de vue contraires, mais suivent l’émission jusqu’au bout… et reviennent la suivre le mois d’après.»
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