L'Oise Agricole 13 juillet 2022 a 17h00 | Par Oise Agricole

Le département de l'Oise en vigilance incendies très sévère

La préfecture de l'Oise a convié les journalistes le 12 juillet pour une conférence de presse relative à la campagne de lutte contre les feux d'espaces naturels dans le département : point de situation, conseil et annonce des mesures prises par la préfecture afin de lutter efficacement contre les incendies.

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Neuf citernes d'une contenance de 10.000 litres d'eau seront installées dans des zones spécifiques du département, éloignées de réserves incendie.
Neuf citernes d'une contenance de 10.000 litres d'eau seront installées dans des zones spécifiques du département, éloignées de réserves incendie. - © FDSEA 60

«Éviter absolument de revivre les catastrophes de 2019» voici le mot d'ordre de Corinne Orzechowski, préfète de l'Oise. En effet, les incendies de cette tragique année ont provoqué la mort d'un agriculteur, des blessés chez les sapeurs-pompiers de l'Oise ainsi que de nombreux dommages sur les engins du Sdis (Service départementale d'incendie et de secours) 60.

«Le département a connu au cours de l'été 2019 un important épisode de feux agricoles sans aucune goutte de pluie en 157 jours, au cours duquel plus de 3.000 hectares de cultures ont brûlé. Sept sapeurs-pompiers blessés dont un brûlé au visage, un agriculteur décédé, 50 personnes évacuées, 45 personnes confinées. 484 hectares de récoltes détruits le mardi 23 juillet et 1.046 hectares le jeudi 25 juillet. Des dépendances d'un corps de ferme détruites, deux fourgons d'incendie endommagés, des engins agricoles détruits. Au plus fort de la journée du 23 juillet, sur les 387 sapeurs-pompiers de garde au Sdis 60, 329 étaient engagés en opération, soit 85 % de l'effectif du jour, dont 172 sur des feux de récoltes, soit 44 % de l'effectif du jour. Lors de la journée du 25 juillet, 478 pompiers étaient engagés dont 349 sur des feux de récoltes», explique un sapeur-pompier présent.

Selon Météo France, le département de l'Oise va connaître un épisode de fortes chaleurs avec 36 degrés annoncés,accompagnée de rafales de vents atteignant les 30 à 40 km/h.

«Avec le manque de pluie, cette chaleur se cumule et assèche la végétation. Il y a donc un risque d'embrasement à la moindre étincelle et de provoquer un feu à la propagation rapide. Le risque s'intensifie encore davantage en présence de vent, qui attise le feu et favorise le transport de flammèches à plusieurs centaines de mètres du front de flammes», ajoute la préfète. Les travaux agricoles, enfin, particulièrement les moissons qui se déroulent en cette période de l'année, sont susceptibles, en l'absence de certaines précautions, de provoquer des départs de feux parfois dévastateurs.

Durant le week-end du 9 et 10 juillet dernier, cinq feux ont été déclarés et ont amené l'intervention du Sdis. 54,5 hectares ont ainsi été brûlés, mais l'intervention du Sdis a permis de sauver de nombreux hectares de cultures et une ferme. «Depuis le 20 juin, le département de l'Oise comptabilise 15 feux et près de 1.000 hectares brûlés», annoncent les sapeurs-pompiers.

Un département sous haute chaleur

Depuis le 11 juillet, des cellules de veille inter-services ainsi que les institutions agricoles se réunissent régulièrement pour faire l'état des lieux au regard des départs de feux. Jusqu'au lundi 18 juillet inclus, le département de l'Oise est placé en risque très sévère. «Si la situation de ne s'améliore pas, il faudra prendre des mesures drastiques comme interdire la moisson en journée», indique Corinne Orzechowski. Pour le moment, la préfète de l'Oise a décidé de prendre certaines mesures afin de lutter contre les risques d'incendies. Ainsi sont interdits :

- l'utilisation et le lâcher de lanternes volantes (dites également lanternes célestes, chinoises ou thaïlandaises);

- la vente, le transport et l'utilisation des artifices de divertissements des catégories F2 et F4 à toute personne non titulaire du certificat de qualification ou d'un agrément délivré par la préfète ;

- d'allumer et de porter tous feux (y compris les feux festifs, feux de camps et barbecues) et de produire toute flamme dans les espaces naturels (y compris dans les bois et forêts) ou à vocation agricole ;

- de fumer dans les espaces naturels (y compris dans les bois et forêts) ;

- les activités de fauchage, débroussaillage et d'élagage sur les bords de route ;

- les activités de broyage et pressage des pailles et chaumes de céréales après récolte entre 14 h et 20 h.

- l'incinération des végétaux coupés, des végétaux sur pieds et déchets verts (dont écobuage).

La préfète se réserve bien évidemment le droit de modifier, d'aggraver ou d'alléger les mesures au delà du 18 juillet au vu de l'évolution météorologique.

Piqûre de rappel

Corinne Orzechowski a souhaité durant la conférence faire un rappel sur «l'interdiction de brûler les déchets verts (végétaux secs ou humides), que ce soit avec un incinérateur de jardin ou à l'air libre», selon le Code de l'environnement. «De plus, il est primordial de débroussailler autour des habitations ou d'installations de toute nature (camping, chantier, etc.). Cela permet de réduire considérablement la puissance de feu, de limiter son impact sur les bâtiments et installations diverses, ce qui permettra de facilité l'intervention des services de lutte.»

Une organisation de plus en plus soudée

Les agriculteurs sont des acteurs clefs dans la prévention et la lutte efficace contre les incendies dans les espaces naturels. Pleinement associé à la cellule de veille départementale, le monde agricole agit en étroite concertation avec la préfecture de l'Oise et le Sdis 60 pour diffuser les conseils de prudence et analyser les risques en fonction de l'état d'avancement des travaux agricoles.

Le Sdis 60 et la profession agricole sont en lien constant afin d'identifier les ressources en eau qui pourraient être mobilisables en cas de départ d'incendie et avoir un état précis de l'avancée de la moisson.

Ainsi, l'ensemble des services appellent à la vigilance aux agriculteurs en recommandant de :

- privilégier la moisson le matin et le soir, afin d'éviter les créneaux où le risque incendie est au maximum, voire travailler la nuit si les conditions d'humidité sont favorables. De plus, en attente d'une réponse claire, les coopératives seront ouvertes la nuit ;

- mettre en oeuvre des déchaumages et des moyens de première intervention d'extinction ;

- prépositionner les déchaumeuses et réserves d'eau mobiles à proximité des chantiers ;

- débroussailler autour du périmètre des installations, bâtiments ou habitations isolées ;

- disposer d'une réserve d'eau mobile (tonne à lisier, citerne mobile...) à moins de 100 m de la machine ;

- disposer d'un tracteur avec une déchaumeuse attelé à moins de 100 m et effectuer un déchaumage autour du départ de feu ;

- pour des parcelles de grande superficie, il conseillé de réaliser de larges bandes coupe-feu en agissant d'abord pour réduire la largeur de la tête de feu (coupes en entonnoir) et de prévoir un réservoir à eau sur place.

«Outre les motopompes, afin de renforcer les capacités d'approvisionnement en eau des sapeurs-pompiers de l'Oise, le ministère des Armées offre neuf citernes d'une contenance de 10.000 litres d'eau. Nous sommes le premier département de France à bénéficier de ce matériel militaire déclassé. Chaque citerne coûte 50.000 euros. Les premières ont été déposées à proximité de fermes isolées, sans ressource en eau. Les référents, situés dans chaque secteurs du département, mettront à disposition des déchaumeuses, mais aussi pourront guider les sapeurs pompiers dans les chemins agricoles. Des jeunes apprentis d'un établissement de Compiègne ont fabriqué des raccords adaptés entre les moyens du Sdis et les moyens agricoles», concluent Hervé Ancellin, président de la Chambre d'agriculture, Nadège Lefebvre, présidente du Conseil départemental, et le Sdis 60.

Dernière minute : une dérogation obtenue à hauteur de 72 heures pour 2 semaines

En réponse à la dernière demande de dérogation à la durée maximale de travail formulée par la FRSEA Hauts-de France, la Dreeets (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités)avait octroyé, le 22 avril dernier, une dérogation à hauteur de 66 heures pour 5 semaines et 6 heures sur 5 semaines, consécutives ou non, pour les 5 départements. Par courrier du 12 juillet, la FRSEA Hauts-de-France a sollicité une dérogation additionnelle à cette décision du mois d'avril. Cette demande argumentait les motifs suivants : une accélération de la maturité des cultures (céréales et colzas en particulier, mais aussi lin, légumes) ayant pour conséquence une multiplication des chantiers sur une même période, une situation hétérogène d'un territoire à l'autre, un risque accru d'incendie lié aux fortes chaleurs pendant lesquelles les agriculteurs privilégieront le travail aux heures les moins chaudes et une amplitude horaire devant être étendue pendant quelques jours.

Compte tenu de l'ensemble de ces éléments, la Dreeets - par décision écrite du 13 juillet 2022 - a accordé à titre exceptionnel, pour la présente semaine (du 11 au 17 juillet) et la semaine prochaine (du 18 au 24 juillet) la possibilité de déroger à la durée maximale hebdomadaire de travail jusqu'à 72 heures pour les travaux de récolte. Dans sa décision, la Dreets ne manque pas de rappeler que ce niveau élevé de dérogation doit s'inscrire dans le respect de la réglementation applicable en matière de repos quotidien et hebdomadaire.

Ajoutons à cela, en cette période de fortes chaleurs, que l'employeur a l'obligation d'assurer la prévention des risques d'exposition des salariés à celles-ci en prenant des mesures de prévention adéquates (pauses fréquentes, mises à disposition d'eau fraîche, etc.

La moisson 2022 continue à étonner

Entre la sécheresse et les fortes chaleurs, cette moisson, qui est très précoce, semble fournir des résultats satisfaits, voir historiques pour certaines cultures. Tour d'horizon des coopératives. Pour Francis Coez, responsable commercial à l'Ucac, la grande disparité cette année est la différence entre les petites terres et les bonnes terres. «On est pour le moment à 55 % de la récolte de la moisson 2022. On constate 30 quintaux de différence. Et pourtant, les escourgeons sont plutôt bons avec 88 quintaux en moyenne. Cette différence est identique dans les blés. On trouve du 70 quintaux à 90 quintaux sans compter certains exceptions au dessus des 100.» Pour lui, la moisson 2022 fournit des marchandises de très bonne qualité avec des PS en blé entre 70 et 80 et un taux de protéine aux alentours de 11. «Pour le colza, on a récolté 40 %. C'est vraiment bien, on bat des records ! On trouve du 55 quintaux. C'est l'une des meilleurs années sur les 10 dernières années», poursuit-il.

Même son de cloche du côté de la coopérative Agora. «La collecte des blés est pleinement lancée depuis ce week-end et avance dans de bonnes conditions. À date, nous avons dépassé les 30 % de notre prévisionnel de collecte en blé. Pendant que les orges se terminent, notre moisson est avancée à plus de 40 %. Les rendements sont satisfaisants. En blé, nous devrions tendre vers les + 3 ou + 4 quintaux par rapport à notre moyenne décennale, il est encore tôt pour le confirmer. Mais cette bonne moyenne cache encore cette année de fortes hétérogénéités. En colza, les bons rendements se confirment également», détaille Thomas Taldir, responsable céréales chez Agora.

Une application face aux incendies

Le Sdis a déployé une application gratuite «prévention incendie» à destination des agriculteurs et du grand public visant à prévenir les départs de feux. Cette application gratuite a pour but de faciliter les opérations sur le terrain et d'indiquer en temps réel l'emplacement du départ de feu. En cas d'incendies simultanés, la clef de la gestion repose sur la circulation de l'information et, in fine, sur une mise en réseau efficace des acteurs concernés.

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